Julia R.
 
 

 

 

 

En arrivant dans son appartement, Lily avait fermé à double tour la porte derrière elle. Elle avait retiré son chemisier déchiré et elle avait rejoint la salle de bains afin de soigner l’entaille qu’elle avait sur la joue. Il fallait également qu’elle prenne une douche afin d’effacer la sensation des mains de l’homme sur sa peau. Elle fit couler un peu d’eau et composa le numéro de Roxy. Après quelques sonneries, son amie décrocha enfin. La jeune femme respira profondément et prit la parole d’une voix la plus calme et la plus posée dont elle pouvait faire preuve.

-Roxy, c’est Lily, je t’appelles pour te dire que je ne peux pas venir ce soir, je suis désolée de te prévenir au dernier moment.

-Quelque chose ne va pas? S’inquiéta son amie.

-Je…je ne peux pas t’en parler mais….c’est important je ne vais pas pouvoir prendre mon service.

-Il y a un problème avec Katy?

-Non, non elle va bien…écoute je…ne peux pas t’en parler, excuse moi.

-OK, ce n’est pas grave au moins?

-Non, j’ai juste besoin de me reposer un peu, ca ne va pas très fort.

-Très bien, je m’arrange pour ce soir.

-Merci Roxy, soupira Lily.

-Je t’en prie, repose toi et à bientôt.

-Oui, je viendrais la semaine prochaine, sans faute. Bonne soirée.

-Toi aussi, salut.

-Salut, répondit Lily avant de raccrocher.

Elle soupira et posa son téléphone sur le meuble de salle de bains. Elle se regarda un instant dans la glace avant de commencer à se déshabiller. A peine avait-elle retiré ses chaussures et son pantalon, que l’on sonna à sa porte. Elle hésita un instant à aller ouvrir, puis, lorsque la sonnerie se fit entendre une nouvelle fois, elle éteignit l’eau et enfila une sortie de bain dans laquelle elle s’enroula. Elle prit un coton ainsi que le produit désinfectant et quitta la pièce.

-J’arrive, cira-t-elle en mettant du produit sur le coton.

Elle posa le produit sur la table de salon au passage et continua son chemin jusqu’à la porte d’entrée. Elle jeta un regard par le judas et s’éloigna un instant, ne sachant si elle devait ouvrir ou non. Elle porta le coton à son visage et ouvrit la chaîne ainsi que les verrous de sa porte.

Elle se trouvait nez à nez avec Frank.

-Monsieur Sherwood? Fit la jeune femme avec étonnement.

-Je…euh…mes mains, dit-il en les lui montrant, il serait préférable que je les soigne, finalement.

-Oui, oui, entrez.

La jeune femme s’écarta et le laissa entrer dans le séjour, puis, elle referma derrière eux.

-Je vais vous chercher un peu de coton, dit-elle en se dirigeant vers la salle de bains à nouveau.

Le Major ne répondit pas et la regarda passer, puis son regard fit le tour de l’appartement. Il sourit largement en voyant les objets de Katy traîner un peu partout dans la pièce centrale. Son sourire s’agrandit lorsqu’il vit la poupée qu’il avait offerte à la fillette, parfaitement posée sur le canapé.

-Je peux vous offrir quelque chose à boire? Demanda Lily avec politesse en revenant dans la pièce.

-Oui, pourquoi pas..

La jeune femme lui sourit timidement et lui tendit le coton ainsi que le produit.

-Tenez, asseyez-vous, je vous en prie, dit-elle en désignant un tabouret haut au bar.

Frank s’exécuta et Lily fit le tour du plan de travail, elle sortit un verre et y versa de l’eau.

-C’est très agréable comme appartement, lança Frank pour détendre l’atmosphère.

-Merci, répondit la jeune femme en se retournant, de l’eau cela vous ira-t-il? Je n’ai que cela et quelques jus de fruits.

-Ca ira, je vous remercie.

Lily déposa le verre devant lui et resta silencieuse quelques temps alors que le Major soignait ses plaies. Elle en profita pour chercher du jus de pomme pour elle. Subitement, elle se sentait très mal à l’aise, sa gorge était extrêmement sèche et elle devait trouver une parade pour relâcher la tension. Alors, elle plongea la tête dans le réfrigérateur quelques instants. Elle le referma et se servit. Frank, qui ne l’avait pas quitté des yeux, observait avec soin ses moindres faits et gestes. Il avait ce don de cerner les gens rien qu’en les observant. Et ce qu’il vit de la jeune femme à cet instant, le satisfaisait au plus haut point. De plus, il avait vu cette photo sur son réfrigérateur lorsqu’elle avait tenté de s’y cacher quelques secondes. Une photo de Katy, de Denise ainsi que de Jeremy trônait fièrement entre les dessins d’enfants et celui d’une jeune femme.

-C’est vous qui aviez fait ce dessin? Demanda t-il en désignant l’esquisse du doigt.

-Oui, répondit Lily en rougissant, c’est…Denise, je l’ai fait après avoir appris qu’elle était ma…ma mère.

-Il est très bien réussit, dit-il en souriant.

-Merci, répondit timidement la jeune femme.

Il lui sourit de plus belle et tous deux se plongèrent dans leur verre respectif, ne sachant vraiment comment réagir face à cette situation. Lorsque Frank eu fini le sien, plus rien ne lui empêchait de poser la question qui l’avait fait quitter sa voiture et monter jusqu’ici. Il soupira profondément et plongea son regard dans celui de la jeune femme.

-J’aimerai vous poser une question, ces hommes tout à l’heure, ils semblaient vous connaitre…pourquoi?

-Monsieur Sherwood je…

-Lily, la coupa celui-ci, j’accepte votre décision de ne pas en parler à Denise, mais à la condition que vous me dites à moi ce qu’il s’est passé.

-C’est compliqué et…et c’est une chose que je préfèrerais oublier.

-Ils vous connaissaient? Insista le Major.

-Pas moi, soupira Lily, mais Lola, une stripteaseuse qu’ils ont vu danser dans un bar de New York.

-Etait-ce vous?

-J’avais besoin d’argent, répondit la jeune femme en regardant le sol, je…je le faisais pour ma fille et…j’ai fais des choses pires encore pour vivre et pour obtenir des informations.

-Pour quelles raisons?

-Pour retrouver votre épouse, Katy n’avait que moi et j’étais en sursis, j’aurai fais n’importe quoi pour ma fille.

-Mmh, je crois que je peux comprendre qu’on veuille faire n’importe quoi pour son enfant, soupira-t-il en regardant au dehors.

-Allez-vous dire ce qu’il s’est passé à Denise?

-Non, non je vous ai fait la promesse que je ne le ferai pas.

-Je vous remercie, et j’aimerai également le faire pour Katy, je sais qu’elle tient beaucoup à vous, elle vous considère un peu comme son père.

-Je ne pensais pas, s’étonna le Major.

-Eh bien, j’en étais la première surprise, affirma Lily, mais je crois que je peux la comprendre…Un homme avec qui j’ai partagé la vie lorsqu’elle était déjà née, se montrait violent avec moi et elle a toujours appris à se méfier des hommes, mais vous êtes bien avec elle, elle a beaucoup aimé votre poupée et elle me parle souvent des journées qu’elle passe avec vous et Denise.

-Elles se trouvent vraiment proches toutes les deux.

-Oui, plus que je n’aurais pu l’imaginer, mais sachez qu’elle me parle beaucoup de vous également.

Frank lui sourit largement, sentant son cœur se serrer à la pensée que la fillette tenait à lui. Il en était de même à son égard, elle avait une place à part entière dans sa vie depuis quelques temps.

Frank estima que le temps était venu pour lui de rentrer. La jeune femme le raccompagna à la porte.

-Encore une fois je vous remercie pour tout Monsieur Sherwood.

-Je vous en prie, dit-il sur le pas de la porte.

Ils se sourirent une dernière fois et la jeune femme s’apprêta à fermer la porte lorsque Frank la retenue un instant.

-Permettez-moi de vous appeler Elizabeth.

-Oui, si vous le souhaitez, répondit celle-ci en souriant.

-Bien, alors…plus de Monsieur Sherwood, c’est Frank.

-Bien…Frank.

-Au revoir Elizabeth, et souhaitez une bonne nuit à Katy de ma part.

-Au revoir, je le dirais à Katy.

Frank enleva sa main et partit après avoir accordé un dernier regard à la jeune femme. Celle-ci le vit arpenter le couloir et passer l’angle un peu plus loin. Puis, elle ferma la porte comme précédemment. Elle s’y adossa un instant et soupira profondément. Elle se sentait nettement soulagée. Mise à part l’incident de cette après midi, les choses s’arrangeaient vraiment pour elle. Finalement, ce triste épisode avait été peut être bénéfique en ce qui concernait sa relation avec son beau père. Elle sourit et regagna la salle de bains une nouvelle fois. Katy rentrerait d’ici plus de deux heures avec Claudia Joy, elle pouvait donc prendre une douche et se remettre de ses émotions avant que sa fille ne rentre à la maison.

 

Cette journée avait été des plus maussades. Le ciel gris, chargé d’eau, menaçait de se déchainer sur la ville. C’est, ce matin là, que la fille de Joan et de son époux décida de venir au monde. La grossesse de la jeune femme avait été difficile, en particulier lors des dernières semaines. Joan avait manqué de la perdre et elle avait ainsi dû garder le lit les derniers jours.

Mais ce matin là, les contractions avaient été plus fortes, plus rapprochées. Elle avait perdu les eaux dans leur salon. Roland l’avait conduite sans la moindre hésitation à l’hôpital. Il s’était arrêté devant les portes vitrées des urgences et il avait demandé de l’aide. Des infirmières arrivèrent au pas de course avec un brancard, suivit d’un jeune médecin.

Une fois à l’intérieur du bâtiment, Roland ne put suivre son épouse bien loin. On lui assura que tout irait bien mais pourtant, il devait rester là, à attendre, au milieu du couloir animé par une foule qui s’y pressait à chaque instant.

Il resta un moment en silence, sans même bouger d’un cil. Il ne pouvait pas assister à la naissance de son enfant, cela lui était interdit. Il avait toujours rêvé de se trouver auprès de son épouse lorsqu’ils entendraient le premier cri de leur enfant. Il aurait voulu sentir les doigts de Joan serrer avec force sa main. Seulement, les choses ne s’étaient pas passées comme il l’avait prévu, et il devait rester là, à attendre, l’angoisse bien présente au fond de la gorge, la peur au creux de son estomac.

Il ne bougea pas jusqu’au moment où il sentit une main se poser délicatement sur son épaule. Il quitta des yeux la porte battante derrière laquelle Joan avait disparu, puis, il regarda la jeune femme qui se tenait à côté de lui. Denise le fixait du regard avec insistance, attendant visiblement une quelconque réponse à la question qu’il n’avait pas entendu.

-Que fais-tu ici? Redemanda son amie qui avait toute son attention, à présent.

-Je … Joan, bredouilla-t-il, elle a perdu les eaux et ils l’ont emmené mais, je dois rester ici.

-Viens, murmura l’infirmière en le guidant aux fauteuils confortables qui se trouvaient un peu plus loin, à l’écart du passage incessant de monde.

Ils prirent place et Roland expliqua brièvement la situation. Denise l’avait écouté sans le quitter des yeux, mais elle était restée muette.

A présent, Roland avait la tête dans ses mains et soupira bruyamment.

-Tu veux que j’appelle quelqu’un? Demanda son amie.

-Personne ne peut rien faire de plus, dit-il dans un souffle en la regardant à nouveau.

-Tu as tort, des personnes peuvent rester avec toi, crois-moi, ca te ferai du bien. Je n’ai pas fini ma garde, j’en ai encore pour une heure, en attendant, j’appelle Claudia Joy, finit-elle en se levant.

-Denise, je…

Il laissa sa phrase en suspens lorsqu’il croisa le regard sans appel de la jeune femme.

-Bien, soupira-t-il.

Elle lui sourit tendrement.

-Je repasse un peu plus tard, ca va aller ne t’inquiète pas, je vais me renseigner pour te donner des nouvelles.

-Merci.

-Je t’en prie, c’est normal, dit-elle en souriant avant de partir.

Il se passa quelques minutes où Roland resta seul, silencieux, dans le fauteuil gris lorsque Claudia Joy arriva. Elle restait avec lui, à ses côtés, lui montrant ainsi son soutien. Puis, Pamela et Roxy arrivèrent à leur tour également. Lorsque Denise finit sa garde, elle se joignit à eux. Il fallait encore attendre. Attendre sans savoir, imaginant le pire. Mais contre toute attente une collègue de la jeune infirmière arriva, un léger sourire sur les lèvres. Il y avait eu des complications mais elles allaient bien , à présent. Toutes les deux étaient en parfaite santé. Ils pouvaient aller les voir. Il n’en fallut pas plus à l’époux et au jeune père pour rejoindre la chambre où se reposaient Joan et leur fille. Leurs amies patientèrent encore quelques minutes avant que Roland ne revienne, un immense sourire aux lèvres. Les jeunes femmes le suivirent jusqu’à la chambre et s’attendrirent à la vue de Joan, tenant tendrement le nourrisson contre elle. Elle fut félicitée et embrassée.

-Et comment s’appelle cette petite puce? Demanda Roxy en caressant tendrement la main du bébé.

Les parents échangèrent un regard et se fut Joan qui répondit.

-Nous nous sommes mis d’accord assez facilement sur le prénom…

-Voici…Sarah Elizabeth, dit Roland en souriant.

Denise sentit son cœur fait un bond dans sa poitrine. Elle ne savait pas si ses amis avaient choisit ces prénoms avant de savoir que sa propre fille portait le nom d’Elizabeth.

-Denise, murmura la jeune mère, j’espère que ca ne te dérange pas, nous avons pensé lui donner le nom de la jeune femme qui nous avait permis de rester ensembles et d’avoir cet enfant.

-Ca ne me dérange pas le moins du monde, dit-elle en souriant encore davantage, je suis heureuse de savoir qu’elle s’appelle comme ma fille. Et je suis certaine que Lily sera ravie également.

Ils restèrent encore quelques minutes avec le nouveau né et la mère puis, ils quittèrent la pièce pour laisser Joan se reposer. Tous quittèrent l’hôpital le cœur joyeux et léger. Roland assura qu’il reviendrait dans l’après-midi. Les amis envisagèrent de fêter l’arrivée de la petite fille quelques jours plus tard, laissant le temps à Joan de se remettre sur pieds.

La fête se passerait chez les Holden, Michael étant le parrain de la fillette et Claudia Joy, sa marraine.

Quelques jours plus tard, Joan avait eu l’autorisation de rentrer chez elle avec Sarah Elizabeth. Claudia Joy avait prévu une petite fête en son honneur chez elle. Ce matin là, elle avait prêté sa voiture à Lily afin qu’elle cherche quelques décorations au Hump Bar avant de l’aider à tout préparer. Katy, quant à elle, était restée avec son amie et jouait tranquillement sur la pelouse verdoyante de son grand jardin, entourant la maison.

Lorsque Lily avait trouvé tout ce dont elle avait besoin au fond de la réserve, elle regagna l’avant du bar, un imposant carton dans les bras.

Roxy se tenait derrière le comptoir et servait un client lorsque la jeune femme arriva à sa hauteur. Elle ne vit pas l’homme assit sur une tabouret haut. Lorsqu’elle se heurta au jeune homme, celui-ci émit un petit cri de douleur.

-Oups, excusez-moi, s’esclaffa Lily derrière le carton, je ne vous avais pas vu.

-C’est ce que j’ai remarqué, dit-il en souriant.

Il se leva et posa, lui aussi, ses mains sur le carton.

-Laissez-moi vous aider, dit-il.

La jeune femme sentit le carton lui glisser des mains, puis, elle le lâcha complètement. Elle le suivit du regard alors que l’homme le posa sur le comptoir.

-Je vous remercie, soupira-t-elle.

-C’est un plaisir.

Lily leva les yeux vers lui et se figea sur place. Elle avait bien avoir cru reconnaitre cette voix, mais elle avait pensé à un mauvais tour de son esprit. Pourtant, c’était bien lui, elle n’avait pas rêvé, il était là, devant elle, lui souriant tendrement.

-Aaron? Murmura-t-elle avec hésitation.

En entendant ce faible murmure, Roxy s’interrompit et tendit l’oreille un peu plus en direction des jeunes gens.

-Bonjour Elizabeth, répondit le médecin.

-Mais, que faites-vous ici? Bredouilla celle-ci.

-Je suis venu boire un verre…on m’a un peu parlé de ce bar, répondit-il le plus naturellement du monde.

-Mais que faites-vous à Charleston?

-Ce serait une trop longue histoire.

-Allez-y, commencez, j’ai hâte de la connaitre, rétorqua la jeune femme.

Il eu un petit rire en secouant la tête.

-Je vois que vous allez bien.

-Oui, parfaitement bien, merci, dit-elle sur un ton sec.

-Voulez-vous vous joindre à moi? Je vous invite.

-Non, merci, je suis attendue.

Cependant, elle ne bougea pas d’un pouce. Son regard s’était perdu dans celui du jeune homme depuis bien longtemps déjà. Elle avait beau lutter, elle n’arrivait pas à détourner le regard, comme si elle était hypnotisée. Et pourtant, elle se sentait bouillonner, il la mettait hors d’elle, une fois de plus. Son cœur se serra dans sa poitrine, ses mains étaient moites, sa gorge sèche. Comment cet homme pouvait-il lui faire un tel effet? L’envie de lui sauter au cou pour l’embrasser mais aussi l’envie de lui mettre sa main dans la figure.

Elle n’arrivait pas à briser ce lien qui l’unissait à lui à cet instant. Elle avait l’impression que le monde s’était arrêté de tourner, tout cela ressemblait à un rêve, elle en était persuadée, elle allait se réveiller, elle devait se réveiller.

Pendant ce temps, où ils restaient silencieux à se regarder, Roxy souriait largement. Elle voyait qu’il y avait quelque chose qui unissait ces deux personnes. Elle sentait la tension qui se dégageait de ce simple regard, de cet échange apparemment anodin.

Lily finit par quitter Aaron des yeux. Elle lui adressa un sourire et s’apprêta à reprendre le carton.

-Je vais devoir y aller, comme je vous l’ai dit, je suis attendue.

-Bien…voulez-vous que je vous aide pour porter ce carton?

-Croyez-vous que je ne suis pas capable de le faire seule? Lança t elle immédiatement.

-Je vous en crois parfaitement capable, je voulais juste être poli.

-Merci, mais ca ira, dit-elle en souriant. Au revoir Aaron, passez une bonne journée.

Elle fit quelques pas et se retourna après être passée à côté de lui.

-Merci pour les cadeaux, ils nous ont beaucoup plu à toutes les deux, même si vous n’auriez pas dû.

-Ca m’a fait plaisir, et je suis ravi de savoir que vous et Katy les appréciez.

Elle lui sourit de plus belle.

-A toute à l’heure Roxy.

-Salut, répondit la jeune femme qui reprit son travail faisant mine de ne pas l’avoir interrompu.

Lily adressa un dernier mouvement de tête au jeune homme qui y répondit, puis, elle s’éclipsa rapidement. Il la regarda sortir du bâtiment avant de reprendre sa place initiale. Il n’arrivait pas à faire disparaitre ce sourire béat de ses lèvres. Il se sentait bien, en paix, serein, comme il ne l’avait plus été depuis longtemps, depuis le départ de la jeune femme.

Celle-ci avait prit le chemin de la base pour se rendre aussitôt chez Claudia Joy. Elle ne pouvait pas chasser de son esprit le visage de l’homme qu’elle avait connu à Goldsboro. Le doux son de sa voix résonnait dans sa tête, son sourire la hantait et ses profonds yeux bleus l’envoutaient. Une quantité de questions à son sujet tournait en boucle dans sa tête; comment, pourquoi?

Elle arriva chez son amie sans même s’en être rendu compte. Elle tentait de chasser Aaron de son esprit, mais sans grand succès, il revenait toujours se rappeler à elle. Claudia Joy, elle-même, remarquait la maladresse exceptionnelle dont faisait preuve la jeune femme. Son manque de concentration la frappa également. Mais elle ne dit mot. Elle aurait voulu lui poser la question, lui demander ce qu’il s ‘était passé pour qu’elle soit dans un tel état. Mais elle jugea préférable de n’en faire rien. Elle fit le choix d’en toucher deux mots à Denise. Peut être celle-ci savait -elle quelque chose. Et de plus, elle jugea le choix plus judicieux, il était préférable que se soit la mère de la jeune femme qui ai une conversation avec celle-ci.

 

Les invités étaient arrivés depuis un bon moment déjà. Le temps était à la fête et le soleil au rendez-vous. Les enfants jouaient tranquillement sur le gazon alors que les parents appréciaient une limonade fraîche sous la pergola. Cependant, dans cette ambiance joyeuse et bonne enfant, une jeune femme demeurait l’air sombre et le regard absent. Lily était perdue dans ses pensées depuis de nombreuses minutes déjà. Elle pensait au jeune homme revu un peu plus tôt dans la journée, elle n’avait cessée d’y penser en réalité. Elle aurait voulu de tout cœur le chasser de sa tête, mais cela lui était impossible, elle n’y parvenait pas.

Claudia Joy avait touché deux mots à Denise sur le comportement de la jeune femme. La mère de celle-ci, avait rapidement compris de quoi lui avait parlé son amie lorsqu’elle vit Lily renverser la quasi-totalité de son verre sur ses genoux après ne l’avoir pas reprit à temps lorsque Roland lui avait tendu.

Elle partit immédiatement dans la maison pour se nettoyer, puis, Roxy lâcha un mot. Elle avait rencontré celui qui avait offert les boucles d’oreilles à la jeune femme lors de son anniversaire. Aaron Sanders était en ville. Roland et Joan le savaient, il était celui qui les avait accueillit aux urgences quelques jours plus tôt. Denise l’avait croisé plus d’une fois dans les couloirs de l’hôpital. Mais la mère n’avait pas pensé un seul instant que le fait de revoir Aaron pouvait mettre Lily dans un tel état.

Elle s’excusa auprès de ses amis et entra dans la maison à son tour pour y trouver sa fille. Celle-ci venait de sortir de la salle de bains et referma la porte derrière elle. Lily leva les yeux vers elle et lui sourit timidement.

-Je fais vraiment n’importe quoi aujourd’hui, heureusement que ce n’est que de la limonade, je ne garderais pas de traces.

Elle s’apprêta à continuer sa route mais Denise l’arrêta.

-Elizabeth, je dois te parler de quelque chose.

-Rien de grave? Demanda Lily avec inquiétude.

-Non, ne t’inquiète pas, ce n’est rien de grave, mais…c’est important.

-Je n’aime pas vraiment ça, soupira Lily, je t’écoute.

-C’est à propos de toute à l’heure, tu semblais déboussolée et je connais la raison, du moins, je ne crois pas me tromper.

Lily continuait de la regarder et Denise reprit après quelques secondes dans un silence des plus total.

-Tu as revu Aaron, n’est- ce pas?

-Comment le sais-tu? Lança la jeune femme en fronçant les sourcils.

-Roxy nous en a parlé et…et je savais qu’il voulait te revoir, il me l’a dit.

-Quoi? Bredouilla Lily, quand?

-Il travaille à l’hôpital, dit-elle dans un souffle, nous nous sommes croisés plusieurs fois et nous avons un peu parlé.

-Mais, il ne peut pas…il…depuis quand est-il ici?

-Il m’a dit que cela faisait bientôt deux semaines, mais je ne le sais que depuis quelques jours.

-Et c’est censé y changer quelque chose? Rétorqua Lily. Pourquoi ne pas me l’avoir dit?

-Il ne souhaitait pas que je le fasse, j’ai accepté son choix.

-Son choix? Fit-elle plus fort. Et mon choix à moi? Peut être que j’aurais voulu le savoir et ne pas tomber sur lui comme s’est arrivé aujourd’hui.

-Elizabeth, murmura Denise en s’approchant un peu.

-Laisse tomber, dit-elle en s’éloignant, je n’ai pas envie d’en parler.

-Pourquoi te mets-tu dans un tel état?

-Il y a de quoi, tu m’as menti, je croyais qu’à présent nous n’aurions plus de secrets, plus de faux semblants et de zones d’ombres, j’ai besoin d’avoir confiance en toi.

-Tu peux avoir confiance en moi, je t‘assure.

-J’en doute vois-tu.

-Ne me fais pas des reproches alors que toi-même tu me cache des choses, de plus Frank est au courant.

Lily la regarda à nouveau, le souffle coupé.

-J’ai appris que vous étiez en ville ensembles, quelqu’un me l’a dit, on vous a vu, ce jour là Frank est rentré avec des blessures aux mains, toi tu t’étais entaillée la joue. Je ne suis pas née de la dernière pluie, il s’est passé quelque chose, et je ne crois pas aux mensonges que vous m’avez dit tous les deux, je suis infirmière Elizabeth, je reconnais les blessures faites par accidents et celles infligées par d’autres…Que s’est -il passé, comptes tu me le dire?

Lily resta silencieuse et détourna son regard. Elle ne pouvait pas le lui dire, cela lui était impossible. Denise soupira et s’approcha à nouveau de sa fille. Elle parla d’une voix plus clame et plus posée.

-Ne me reproches pas les même erreurs que tu commets toi. Je sais que tu tiens à cet homme, c’est pour ca que je ne comprends pas ta réaction, pourquoi le rejettes-tu comme tu le fais?

-C’est bien trop compliqué, lança Lily en s’éloignant avant de passer à côté d’elle pour sortir à nouveau.

-Explique-moi, dit Denise en se retournant.

-Je ne peux pas, murmura Lily en fermant les yeux.

-Pourquoi refuse tu de me parler, pourquoi rejettes-tu ceux qui ne demandent qu’à t’aimer?

-Parce qu’un jour ou l’autre ils finissent toujours par me laisser tomber, lança la jeune femme en lui faisant face à nouveau. Je ne veux pas perdre encore une fois les gens que j’aime et je ne suis pas prête à avoir un homme dans ma vie.

-Aimes-tu encore Thomas?

-Thomas n’a rien à voir là dedans, je me suis remise de notre séparation. Katy mérite d’être heureuse et je ne veux pas lui imposer la douloureuse expérience de perdre une personne que nous apprenons à connaitre, avec qui nous sommes heureux et que nous aimons.

-Pourtant elle le vivra un jour ou l’autre, que tu le veuilles ou non, tu ne l’empêcheras pas. Mais tu ne peux pas lui demander de n’aimer personne pour cette raison, laisse la faire ce choix d’elle-même. Laisse cet homme toucher ton cœur, tu le mérite et lui aussi.

-Il le touche déjà, soupira Lily en regardant le sol, depuis bien longtemps mais je ne peux pas le laisser faire…

-Bien sûr que si, seulement tu n’y crois pas.

Denise la prit par les épaules et ancra son regard dans le sien. Elle lui sourit tendrement et essuya du bout des doigts les larmes qui avaient coulé sur ses joues.

-Laisse lui une chance, laisse toi une chance et laisse une chance à Katy.

-Je voudrais essayer, mais c’est plus fort que moi, quand il est près de moi, je n’ai qu’une envie c’est de lui mettre ma main dans la figure.

Denise rit aux éclats.

-J’ai connu ça aussi avec un homme, dit-elle, et aujourd’hui il est mon époux.

Elle remit une mèche de cheveux derrière l’oreille de la jeune femme et y laissa sa main un instant avant de la prendre dans ses bras. Lily s’y blottit et respira profondément.

-Nous venons de vivre notre première dispute mère/ fille, murmura Denise dans les cheveux de Lily.

Celle-ci sourit et se sépara un peu de sa mère.

-Ca devait bien arriver un jour ou l’autre, dit-elle en souriant.

-C’est évident, répondit Denise de la même façon.

-Encore une fois à cause d’Aaron.

-Décidément, celui-là.

Elles rirent toutes les deux avant de se séparer complètement.

-On retourne à la petite fête? Proposa la mère.

-Oui, allons-y et, ne parlons plus d’Aaron, pour le moment en tout cas, j’ai besoin de faire le point.

-« Le point » je ne sais pas parce que tes sentiments ont l’air parfaitement bien clairs, disons que tu as plutôt besoin de prendre une décision.

-Disons cela, je ne veux pas me précipiter dans tous les cas.

-C’est une sage décision.

Denise déposa un baiser dans ses cheveux et lui prit la main. Elles sortirent de la maison de leur amie et chacune reprit sa place initiale afin de passer une fin d’après midi avec leurs amis, l’esprit un peu plus serein.

Toute la base était en effervescence ce samedi là, jour de fête nationale. Ce quatre juillet, s’avérait être bien particulier. Officiers et conjoins de ceux-ci étaient invités à une réception au bâtiment officiel de la base. Les couples n’avaient pu emmener leurs enfants; Lily, Jeremy et Emmalin s’étaient proposés de s’occuper des plus jeunes. Michael et Claudia Joy se trouvaient sur place depuis longtemps déjà, Joan et Roland, Roxy et Trevor qui était rentré quelques jours plus tôt, ainsi que Pamela et Chase de retour de mission également, étaient passés chez le couple Sherwood pour y déposer leurs enfants respectifs. Puis, ils avaient tous pris le chemin de la réception. Claudia Joy s’était chargé de la décoration ainsi que du traiteur, comme elle en avait l’habitude depuis longtemps déjà.

Au domicile du Major et de son épouse, Lily, Jeremy et Emmalin s’étaient occupés du repas. Ils avaient fait griller des steaks hachés sur le barbecue pour préparer des hamburgers, accompagnés de crudités et de chips. Ils avaient pris place autour d’une grande table en bois dans le jardin et avaient mangé avec appétit, dans la bonne humeur.

 

Peu après le déjeuner, Jeremy aidé d’ Emmalin se chargèrent de ranger pendant que Lily s’occupait de la plus jeune d’entre eux. Elle changea Sarah Elizabeth et la fit s’endormir dans le maxi-cosy qu’elle ne quittait que très rarement des yeux. Lorsque la petite fille dormait à points fermés, et que les deux jeunes gens revinrent de la maison, Lily proposa aux enfants de jouer au football. Ils firent deux équipes; les garçons et les filles.

Jeremy se mit aux buts pour l’équipe des garçons et se fut Emmalin qui occupa cette place pour les filles. Pour équilibrer le nombre de joueurs dans chaque équipe, Lily s’y joignit également malgré les protestations des garçons. Mais lorsque la jeune femme proposa de faire des équipes mixtes, les plaintes se firent plus fortes et ils décidèrent donc de jouer de cette façon. Ils riaient beaucoup et s’amusaient tout autant. Lily quittait fréquemment le terrain de jeu improvisé sur la pelouse pour vérifier si tout se passait bien chez Sarah Elizabeth qui se trouvait non loin d’eux, à l’ombre d’un grand arbre.

Après la victoire des demoiselles, les perdants cherchèrent des pistolets à eau afin de prendre leur revanche. Lily se mit un peu à l’écart de cette agitation et elle observait de loin toute la petite troupe. Elle prit Sarah Elizabeth, qui s’était réveillée, et elle la mis sur une grande couverture posée au sol. Elle s’amusait doucement avec elle lorsque Jeremy arriva à sa hauteur. Il la regarda un instant en silence puis, il sourit largement.

-Ca te manque déjà de ne plus t’occuper de bébé?

-Oh non, soupira Lily en le regardant, pas la plupart du temps. C’est quelque chose d’extraordinaire d’être maman, surtout lorsque c’est encore un adorable petit ange, dit-elle en souriant, mais je ne suis pas encore prête à avoir un autre enfant.

-Tu pourrais, Katy est déjà grande.

-Grande? Par pitié Jeremy, ne la fais pas grandir plus vite qu’il ne faut, c’est déjà incroyable la vitesse à laquelle elle pousse, dit-elle en riant.

-Mais, tu ne voudrais pas avoir un autre enfant?

-Vous vous êtes passé le mot avec maman? Fit Lily sur un ton plus fort.

Elle croisa le regard étonné de son frère avant de se corriger rapidement.

-Je voulais dire, avec ta mère, enfin Denise.

-J’avais compris, dit Jeremy en riant, tu peux dire « maman » devant moi, ca ne me dérange pas, tu sais.

-Je ne suis pas encore prête à la nommer de cette manière, mais j’avoue que ça m’échappe de temps à autre, répondit Lily en sentant le rouge lui monter aux joues.

-En tout cas, reprit le jeune homme, le rôle de maman te vas bien.

-Merci, répondit Lily avec un large sourire.

Ils restèrent silencieux un moment tous les deux avant que Jeremy ne reprenne la parole.

-Lily, je pourrais te poser une question? Demanda-t-il timidement.

-Vas-y si ce n’est pas trop indiscret je te répondrais avec joie.

-Qu’entends tu par « indiscret »?

-Je ne sais pas moi, un tas de choses, par exemple, pourquoi n’as-tu pas d’hommes dans ta vie? Ce genre de choses.

-Je ne pensais pas une à ça, mais si tu veux, je peux te le demander aussi…

-N’essais même pas, le coupa Lily d’un ton faussement vexé.

Ils rirent tous les deux et lorsqu’ils reprirent leur sérieux, le jeune homme se lança enfin, posant ainsi la question qui le taraudait depuis des jours. Il n’avait pas l’habitude de se confier, son père lui avait toujours appris à garder en lui ses sentiments, ses doutes, ses peurs. Mais après ce qu’il lui était arrivé en Irak, il avait changé sa façon de voir les choses. La vie lui semblait trop courte pour risquer de perdre ce qu’il aimait le plus, simplement pour n’avoir pas dit ce qu’il ressentait. La psychologue qu’il voyait de temps à autre lui avait conseillé de parler à ses proches, au moins à l’un d’entre eux de se qu’il ressentait. Il lui était encore trop tôt pour qu’il le fasse avec ses parents, mais avec Lily, en revanche, il se sentait à l’aise. Elle avait presque son âge, elle avait eu une vie difficile, elle pourrait l’aider, il le savait.

-Tu as étudié un peu l’art à l’université?

-Oui.

-Tu crois que je pourrais le faire aussi?

-Tu envisage de reprendre tes études? S’étonna la jeune femme.

-Je n’ai pas d’autres options, ce fauteuil ne me permets pas de faire grand-chose et je n’en peux plus de rester à la maison toute la journée.

-Je peux te comprendre…

-J’ai regardé sur internet, l’Université de Charleston propose un cursus de ce genre.

-C’est super, tu ne seras pas loin, lança la jeune femme en souriant. Et tu envisages de faire quoi par la suite?

-L’architecture me plait beaucoup, répondit Jeremy, j’en avais eu l’idée avant de m’engager, mais avec ca, soupira-t-il en lançant un regard désespéré à son fauteuil.

Lily fit une grimace et s’éloigna un instant de Sarah Elizabeth pour s’approcher du jeune homme.

-Dis toi que ton état ne t’empêchera jamais de réussir ta vie, ne te mets pas cette limite, murmura-t-elle.

-Je crois que ce n’est pas si simple.

-Je n’ai pas dis que ça l’était, il va falloir que tu te surpasse si tu veux réaliser tes rêves. Crois-moi, je sais de quoi je parle. Mais je sais aussi que tu n’es pas seul, tu as une famille et des amis.

-Ouais, je suis moins sûr que toi, la plupart de mes amis m’ont tournés le dos après ce qui est arrivé.

-Alors trouve en d’autres, des mieux, qui ne te laisseront pas tomber. Et une jolie petite amie aussi, il est temps que tu trouves une copine, une bien, précisa la jeune femme.

-Les filles ne s’intéressent pas à ceux qui se trouvent dans un fauteuil roulant, sauf si c’est par pitié peut être.

-J’ai une question, réponds moi franchement. Tu sens tes jambes mais tu ne peux plus te tenir debout, n’est-ce pas? Et cette situation ne changera jamais, toute ta vie tu resteras dans ce fauteuil?

-Tu résume parfaitement la chose, grommela Jeremy.

-Mais si tes jambes te sont sensibles, ne serait-ce qu’un peu, tout ce qui se trouve sous ta taille l’est également, non?

-Pardon? S’étonna Jeremy qui craignait avoir compris où elle voulait en venir.

-Tu sais de quoi je parle, murmura Lily en accordant un bref mouvement de tête vers son entre jambe.

Jeremy rougit et la jeune femme rit aux éclats.

-Mais arrêtes, protesta le jeune homme, tu es ma sœur, je ne vais pas parler de ca avec toi.

-Je t’en prie, tu ne me connais pas depuis ta naissance ce n’est pas comme si nous avions grandit ensembles, et puis, c’est normal d’en parler.

-Je préfère éviter, lança Jeremy avec gêne.

-Etes-vous si prude, Jeremy Sherwood?

-Non, non, je ne le suis pas, je t’assure, je peux parfaitement parler de…enfin de ça.

Lily rit de plus belle. Alertée par les éclats de voix, Emmalin arriva toute essoufflée de sa course.

-Qu’est-ce qui se passe? Dit-elle en appuyant ses coudes sur ses genoux afin de reprendre son souffle.

-Rien, nous discutions entre frère et sœur, répondit Lily en faisant un clin d’œil complice au jeune homme.

-Oh, soupira Emmalin, Jeremy, tu viens? Les garçons se plaignent de ne pas être assez nombreux. Ils perdent de nouveau.

-J’arrive, ca m’évitera d’entendre des bêtises, lança-t-il en regardant Lily à nouveau.

Celle-ci lui tira la langue avant qui ne se retourne et ne suive leur amie. Lily accorda toute son attention à Sarah Elizabeth lorsque son frère l’interpella une nouvelle fois.

-Pour info, lança-t-il en souriant, ca marche très bien, dit-il avant de partir.

-Alors, qu’attends-tu? Lança la jeune femme.

Elle lui sourit avant qu’il ne rejoigne les autres un peu plus loin, sans même lui répondre.

 

La nuit était tombée depuis bien longtemps déjà lorsque les officiers et soldats quittèrent le bâtiment officiel pour rentrer chez eux. Ils arrivèrent tous en une même vague au domicile des Sherwood. Frank était entré le premier avant de faire signe à son épouse et aux autres d’entrer sans faire de bruits. Tous restèrent dans l’entrée un instant et regardaient avec attention et attendrissement la scène qui se jouait sous leurs yeux. Tous leurs enfants, sans exception, dormaient à point fermés dans le séjour. Les fauteuils, le canapé et même le sol parsemé de coussins, accueillaient des enfants de tout âge, collés les uns aux autres. La télévision était encore allumée et diffusait des images d’un film d’action quelconque que personne ne regardait plus depuis longtemps déjà. Ils devaient avoir eu une journée exténuante pour se trouver dans un tel état. Le chef de famille fit quelques pas et alla éteindre la télévision. Emmalin se réveilla au moment où il passait à côté d’elle. Elle regarda avec des yeux endormis les adultes qui se trouvaient dans la pièce. Chacun alla s’occuper de ses enfants respectifs. La jeune femme s’apprêta à réveiller Jeremy qui se trouvait tout près d’elle, mais Frank n’arrêta.

-Laisse- le dormir, murmura-t-il.

Elle acquiesça et se dirigea vers son père qui la prit un instant contre lui avant de déposer un doux baiser sur sa tempe. Ce geste de tendresse n’échappa pas au Major qui sourit timidement.

-Eh bien, je propose qu’on aille mettre tout ce petit monde au lit, murmura-t-il en souriant. Denise, tu peux mettre Katy dans le lit de Jeremy? Elle sera plus à l’aise pour dormir. Je me charge de ton fils et de ta fille.

Denise ne répondit pas, mais elle échangea un regard avec Claudia Joy qui lui accorda un tendre sourire.

-Les choses semblent s’être arrangées entre eux, murmura-t-elle.

-Tu n’as pas idée, répondit Denise sur le même ton, il l’accepte enfin, je suis soulagée, tu n’imagine même pas à quel point, soupira-t-elle.

Claudia Joy sourit de plus belle et passa sa main sur l’épaule de son amie avant que celle-ci ne se dirige vers le canapé où dormait Katy. Chacun les prit avec le plus de précautions possible pour qu’ils ne se réveillent pas. Même si tous bougèrent un peu, personne ne se réveilla. Lily émit un grognement lorsque Roland se pencha vers elle pour prendre le maxi-cosy dans lequel dormait Sarah Elizabeth, dont la jeune femme tenait un des bords. Tous partirent les uns après les autres après avoir salué les maitres des lieux. Denise alla coucher Katy dans la chambre de son fils et revint quelques minutes plus tard. Elle s’était arrêtée dans le couloir menant au séjour. Elle souriait largement en observant son époux. Celui-ci venait de prendre une épaisse couverture qu’il plaçait sur le corps endormi de Jeremy. Ensuite, il se dirigea vers le corps recroquevillé de Lily et il en fit de même. Il se pencha sur elle et écarta une mèche de cheveux qui barrait son front. Denise crut voir un bref sourire sur ses lèvres avant qu’il ne se redresse. Il replaça les coussins sur le canapé et se tourna vers elle.

-Pourquoi me regarde-tu de cette manière? Lança-t-il en s’approchant.

-Pour rien, répondit Denise en un murmure. Je n’ai pas l’habitude de te voir te comporter de cette manière…surtout avec Elizabeth.

Frank regarda la jeune femme dormir, un instant, puis, il accorda son attention à son épouse à nouveau. Il fit les quelques mètres qui la séparait d’elle avant de la prendre tendrement par la taille.

-Je regrettes la manière dont je me suis comporté ces derniers temps. Depuis que Jeremy a eu son accident, j’ai appris à reconsidérer les choses…J’ai une femme merveilleuse, mon fils est en vie, tu m’as offert la joie de connaitre une petite fille incroyable et grâce à toi, j’ai le bonheur de savoir ce que ca fait d’avoir une fille. Même si Elizabeth n’est pas de moi, je l’apprécie comme telle. Il me reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour qu’elle fasse partie intégrante de ma vie, mais…elle occupe déjà une place importante. Je ne veux pas gâcher ce que la vie m’offre. Tu comprends?

-Oui, bredouilla Denise, je comprends parfaitement et je suis heureuse que tu l’accepte.

-Tu sais, si je l’avais su dès notre mariage, je l’aurais accepté, j’aurai élevé cette enfant avec toi.

-Vraiment? S’étonna la jeune femme.

-Oui, vraiment. J’y ai beaucoup réfléchi.

Il lui sourit et l’embrassa tendrement, resserrant son étreinte. Denise se laissa aller. Elle était heureuse, vraiment heureuse, comme elle ne l’avait jamais été auparavant. Ses enfants étaient auprès d’elle, en vie, son époux la serrait dans ses bras. Tous ceux qu’elle aimait plus que tout était là, dans cette maison, ensembles, heureux.

 

L’après-midi était déjà bien entamée lorsque Denise entendit la sonnerie de son téléphone portable dans son sac. Elle lâcha le caddie qu’elle remplissait depuis quelques temps déjà et le chercha dans une poche prévue à cet effet. Elle fronça les sourcils en voyant le nom qui s’y inscrivait, puis, elle décrocha.

-Denise Sherwood.

-Bonjour Denise, c’est Anna, fit l’interlocutrice à l’autre bout du fil.

-Bonjour Anna, répondit aussitôt la jeune femme, que me vaut cet appel?

-Je t’appelles à propos de Katy, je n’arrive pas à joindre sa mère et tu es la seconde personne à prévenir en cas de problème.

-De problème? S’inquiéta Denise.

-Katy a fait une vilaine chute tout à l’heure, elle a été examiné par l’infirmière de l’institut mais elle doit être emmenée à l’hôpital. Je n’arrive pas à joindre sa mère, je tombe toujours sur sa messagerie.

-Oui, elle travaille toute la journée, son téléphone doit être éteint.

-Est-ce que tu peux venir rapidement?

-J’arrive tout de suite. Lança-t-elle en s’éloignant du caddie et en se dirigeant vers la sortie. Comment va Katy?

-Ca va mieux, on lui a donné des cachets pour qu’elle sente moins la douleur, mais d’après Bénédicte c’est une entorse.

-D’accord, écoute, dis-lui que je suis en route, j’arrive le plus vite possible.

-Je me charge de prévenir ta fille?

-Oui, dis-lui que j’emmène Katy à l’hôpital de la base et qu’elle doit me joindre dès qu’elle aura ton message.

-Bien, à tout de suite Denise.

-A tout de suite, répondit la jeune femme avant de raccrocher.

Elle avança au pas de course jusque dans sa voiture et démarra sur les chapeaux de roues. Elle arriva quelques minutes plus tard à l’autre bout de la ville. Une fois avoir garé sa voiture sur le parking, elle entra dans le bâtiment et demanda à voir la directrice des lieux. Elle la trouva auprès de Katy à l’infirmerie. La petite fille n’attendit pas une seule seconde avant de se lover contre elle, les traces de larmes étant encore bien présentes sur ses joues. Denise la prit contre elle un instant avant de se mettre à sa hauteur. Katy étouffa un cri de douleur et la jeune femme la porta sur le lit d’osculation.

-Ou as-tu mal ma puce? Demanda Denise le plus doucement du monde.

-J’ai mal à mon pied, répondit Katy en faisant la moue.

-Tu permets que je regarde?

La fillette acquiesça et Denise prit sa jambe qu’elle manipula avec précaution. Katy émit un nouveau soupir de douleur et Denise s’éloigna.

-C’est bien une entorse, je dois l’emmener à l’hôpital pour qu’on lui mette un plâtre.

Son amie acquiesça.

-Ou est maman? Demanda timidement Katy.

-Elle travaille, Katy, mais tu vas venir avec moi, d’accord? Ta maman nous rejoindra un peu plus tard.

-D’accord, mais j’ai mal Mia.

-Je le sais mon cœur, je vais t’emmener là où je travaille, on va te soigner et tu ne sentiras plus rien.

-Je veux voir, maman, lança Katy avant de se mettre à pleurer à nouveau.

Denise s’approcha d’elle et la prit tendrement contre elle alors qu’elle pleurait à chaudes larmes.

-Tu as réussis à joindre Elizabeth? Murmura-t-elle à l’attention de son amie en resserrant son étreinte sur la fillette.

-Non, je lui ai laissé un message.

-J’essaierais de la joindre une fois à l’hôpital.

-Tu peux signer les papiers avant de partir?

-Oui, bien sûr, répondit Denise en s’éloignant un peu de Katy.

Elle déposa un doux baiser sur le haut de la tête de l’enfant et lui sourit tendrement.

-Nous allons partir Katy, je vais juste signer un papier, je reviens dans deux petites minutes, d’accord?

Katy acquiesça. Denise lui essuya du bout des doigts les larmes qui avaient coulé sur ses joues et elle quitta la pièce après lui avoir accordé un dernier regard. L’infirmière de l’institut resta avec elle alors que les deux femmes rejoignirent le bureau de la directrice au fond du couloir. Il ne se passa que quelques courtes minutes avant que Denise ne rejoigne Katy à l’infirmerie à nouveau. Elle la prit dans les bras et la porta jusqu’à sa voiture où elle l’installa. La fillette demeura silencieuse, mais elle ne pleurait plus. Les cachets atténuants la douleur devaient faire leur effet. Denise conduisit le plus rapidement possible jusqu’à l’hôpital, tout en veillant à éviter les bosses et les crevasses qui se trouvaient sur la route. Elle se gara à proximité de l’entrée et porta la petite fille dans ses bras jusqu’à l’intérieur. Elle rejoignit les urgences et prévint une collègue de l’état de la fillette. La salle d’attente était vide, une vraie chance, Katy pouvait être prise en charge immédiatement.

-Vas en salle C, lui lança une collègue, je t’envoie un médecin.

-Ok, merci, répondit Denise en se dirigeant sans hésitation dans la salle qu’elle lui avait indiquée.

Elle entra et déposa Katy sur le lit.

-Ca va ma puce? Tu n’as pas trop mal?

-Si, je veux voir maman, quand j’ai mal elle me fait des bisous magiques pour que ca part. Et c’est que maman qui fait ça.

Denise lui sourit, ne sachant pas quoi répondre. Et avant même qu’elle ne prenne la parole, la porte s’ouvrit derrière elle.

-On m’a parlé d’une petite fille qui s’est fait très mal, lança Aaron en souriant.

Denise se retourna au son de sa voix. Il la regarda avec étonnement un instant avant de reprendre la parole.

-Denise? Que fais-tu ici?

-J’ai amené Katy, dit-elle en s’écartant.

Le jeune médecin regarda la fillette qui se trouvait toujours assise sur le lit, les yeux cernés de rouge, le fixant.

-Katy? Murmura Aaron qui comprit qui était l’enfant qui se trouvait devant lui.

Il lui fallut une seconde pour assimiler ce qu’il se passait , puis, sa formation reprit le dessus.

-Bonjour, demoiselle, dit-il en s’approchant de celle-ci. Alors-dis moi, qu’est-ce que tu as?

-Je suis tombée, j’ai mal, répondit Katy avec le langage des signes.

-Elle dit…

-J’ai compris, la coupa Aaron en souriant, j’ai suivi une formation pour apprendre le langage des signes.

-Oh, soupira Denise, dans ce cas, je vous laisse quelques temps, je dois prévenir Elizabeth.

-Non, Mia, me laisse pas, supplia Katy en la retenant par son sweet-shirt.

-Je reviens tout de suite, Katy, Aaron va bien s’occuper de toi, il va faire que tu n’aies plus mal, je dois appeler ta maman pour qu’elle vienne le plus vite possible.

-Tu me laisse pas, promis?

-Je te le promets, dit-elle avant de déposer un baiser sur sa tempe, je reviens tout de suite.

Elle lui adressa un tendre sourire et quitta la pièce. Elle referma la porte derrière elle et regarda un instant par la vitre les deux personnes qui se trouvaient encore dans la pièce.

Aaron prit un tabouret et l’approche du lit. Il s’y assit et se pencha vers la fillette. Une autre femme entra par une autre porte afin d’assister le médecin.

-Dis-moi, Katy, tu as très mal?

-Oui, c’est parce que maman m’a pas fait de bisous magiques.

-Ah, je comprends, après les bisous ca va toujours mieux.

-Oui, répondit timidement la fillette.

-Tu vas voir, je vais te soigner et ca ira mieux, comme les bisous…Tu me laisse regarder ton pied?

Katy ne broncha pas et Aaron l’ausculta.

-On va te faire un plâtre, dit-il après quelques secondes passées en silence, tu aime le rose?

-Oui, répondit l‘enfant en souriant.

-Ca te plairait d’avoir un plâtre rose?

-On pourra mettre un ours dessus? Dit-elle en souriant de plus belle.

-Oui, pourquoi pas, mais il faudra trouver quelqu’un qui sache bien dessiner les ours.

-Tu sais pas, toi?

-Non, moi je ne dessine pas bien les ours, mais je sais dessiner les fleurs, tu crois que ça ira?

Katy fit une grimace et le regarda à nouveau.

-Oui, mais c’est pas aussi bien qu’un ours, je demanderais à ma maman d’en faire un.

-Ta maman sait dessiner des ours? Demanda le jeune homme tout en commençant à soigner la fillette.

-Oui, ma maman elle sait tout faire, répond dit-elle fièrement.

Aaron rit de bon cœur et se leva à nouveau.

-Tu restes là quelques secondes? Je vais chercher ce qu’il faut pour te faire un beau plâtre, bien rose, cette dame va rester te tenir compagnie en attendant, d’accord?

Katy fit « oui » de la tête. Aaron lui sourit et quitta la pièce après lui avoir accordé un dernier regard. Une fois dans le couloir, il interpella une infirmière qui se chargea de chercher le matériel nécessaire pendant qu’il allait voir un autre patient un peu plus loin. Il revint dans la pièce quelques minutes plus tard. Il lui fit son plâtre avec l’aide de l’infirmière qui n’avait pas quitté la fillette des yeux un seul instant. Après quelques minutes, Denise revint dans la pièce également. Elle avait prévenu son époux de la situation, mais Lily demeurait toujours injoignable. Une fois le plâtre de Katy en place, Aaron quitta la pièce ainsi que la jeune femme qui l’avait aidé. Il salua la fillette et sa grand-mère, leur disant qu’il repasserait un peu plus tard, avant qu’elles ne quittent l’hôpital.

Il rejoignit le plateau central. Il échangeait deux mots avec un autre médecin dans le couloir lorsqu’une jeune femme l’interpella.

-Aaron, lança Lily à bout de souffle.

-La mère de la petite Katy, précisa l’infirmière qui l’avait conduit jusque là.

-Je m’en occupe, merci, répondit le jeune homme.

Ses collègues s’éclipsèrent et Lily s’approcha un peu plus de lui.

-Que s’est-il passé? La directrice de l’institut m’a laissé une tonne de messages et Denise m’a dit qu’elle l’avait conduite ici, mais je ne sais pas ce qu’elle a…ou est Katy?

-Calmez-vous Elizabeth, murmura-t-il en la prenant par les épaules.

-Dites-moi ce qu’il se passe.

-Lily, fit plus fort Aaron, elle va bien , Katy va bien, il ne lui est rien arrivé de grave, elle a fait une mauvaise chute et nous avons dû lui mettre un plâtre, tout va bien, ne vous inquiétez pas. Je sais qu’une telle situation peu vous angoisser, mais tout va bien, je vous le promets.

Elle resta silencieuse et immobile un instant, le regard perdu dans celui du médecin qui se tenait en face d’elle. Puis, d’un seul coup, sans crier gare, elle fit les quelques centimètres qui le séparait de lui et se blottit contre lui.

-J’ai eu tellement peur, murmura-t-elle en se blottissant un peu plus contre lui.

Aaron l’accueillit contre son torse et resserra ses bras autour d’elle.

-Il n’y a pas de raison de vous inquiéter, je vous l’assure…En revanche, elle vous réclame depuis longtemps.

Lily se sépara de lui et lui sourit timidement.

-Vous pouvez me conduire à ma fille?

-Suivez-moi.

Elle lui emboita le pas jusqu’à la pièce où se trouvait la fillette et la mère de la jeune femme. Lily regarda un instant par la vitre avant d’y entrer. Katy leva les yeux vers elle et un sourire illumina aussitôt son visage. La mère prit sa fille dans les bras et ferma les yeux quelques temps avant de se séparer d’elle.

-Regarde maman, j’ai un beau plâtre rose.

-Et tu en es fière? Dit-elle avec sévérité. J’ai eu une peur bleue, Katy, que s’est-il passé?

-Peut être pourriez-vous en reparler un peu plus tard? Lança Aaron, venant ainsi au secours de la fillette qui risquait de se faire disputer. Katy peut rentrer chez elle, à présent, mais il faudra qu’elle revienne les prochains jours pour se faire enlever le plâtre.

-Très bien merci Aaron, répondit Lily. Nous allons rentrer dans ce cas.

Elle se pencha vers sa fille et la prit dans ses bras pour la soulever. Elle passa à côté de sa mère et du jeune médecin et s’apprêta à quitter la pièce lorsque la fillette l’arrêta.

-Qu’es-ce que tu as Katy, demanda Lily en la regardant.

-Le monsieur a dit qu’il allait faire une fleur sur mon plâtre.

-J’avais oublié, milles excuses, princesse, répondit Aaron en approchant.

Il sortit un stylo de sa poche et se pencha vers Katy, sous le regard étonné de la jeune femme.

-Ne bouge pas d’un pouce.

Katy lui sourit et le regarda dessiner sur son plâtre alors que Lily la tenait toujours dans ses bras. Il se releva et lui ébouriffa tendrement les cheveux.

-Et voilà, il ne manque plus que l’ours que ta maman va faire dessus, et tu auras le plus beau plâtre qu’on ai jamais vu.

-Merci monsieur.

-Tu peux m’appeler Aaron, tu sais. Tous mes amis m’appellent comme cela.

-D’accord. Au revoir Aaron, répondit Katy en lui faisant un bref mouvement de la main avant de reposer sa tête sur l’épaule de Lily.

-Au revoir Katy, nous nous reverrons lorsque tu reviendras avec ta maman. En attendant, prends bien soin de toi. Vous aussi, murmura-t-il à l’attention de la jeune mère.

Celle-ci lui accorda un bref regard mais resta muette avant de s’en aller sans se retourner. Denise qui avait assisté à la scène en silence, un peu à l’écart, sourit timidement avant de suivre sa fille et de saluer une dernière fois son collègue. Elles prirent chacune le chemin de leur domicile respectif. Lily n’avait aucune envie de savoir ce qu’il s’était réellement passé. Elle avait eu beaucoup trop peur qu’il n’arrive quelque chose à sa fille et elle restait encore sous le choc de ce qu’il s’était passé. Bien sûr, cela n’avait été qu’un incident mineur, oublié après quelques jours. Mais le sentiment qui l’avait envahi lorsqu’elle avait entendu les messages, elle ne le connaissait que trop bien. Elle avait eu peur que l’histoire ne se répète, et si tel avait été le cas, elle ne s’en serait pas remise. Cette nuit là, elle veilla sur la petite fille, elle s’était endormie à côté de son lit dans un fauteuil en osier qu’elle avait récupéré quelques jours plus tôt. Elle ne s’était pas lassée de la contempler toute la nuit, se demandant ce qui avait pu se passer si son accident avait été plus grave. Elle finit par s’endormir à l’aube, le visage toujours tourné vers cette enfant qu’elle aimait plus que quiconque. Sa fille.

 

Quatre jours plus tard.

Lily avait prit quelques jours de congés depuis l’accident de Katy. Elle s’était occupée d’elle et ne l’avait pas quitté un seul instant. Aujourd’hui, elle l’avait amené à l’hôpital de la base. Katy allait se faire enlever son plâtre.

Elles attendaient depuis longtemps déjà dans la salle d’attente. Un bon nombre d’autres patients passaient avant elles, sans même se soucier qu’elles soient présentes. Lily avait été prévenue par Roxy que cela pouvait être le cas. Alors, la jeune femme avait prit son mal en patience, mais elle ne tenait plus, elle n’avait qu’une envie, quitter cet endroit. De plus, elle appréhendait la rencontre avec Aaron et cette attente ne faisait qu’augmenter sa nervosité. Elle jeta un coup d’œil à la fillette qui dormait contre elle. Puis, elle leva les yeux vers l’accueil un peu plus loin. Elle soupira profondément, une autre personne passa devant elle. Elle réveilla tendrement Katy et la posa doucement sur le siège qui se trouvait à côté d’elle.

-Restes là ma puce, je reviens tout de suite, d’accord?

Katy acquiesça et resserra ses bras autour de la poupée que Lily lui avait un jour offert. La jeune femme s’éloigna et lui jeta un dernier regard avant de s’adresser à la femme qui se trouvait derrière le bureau d’accueil.

-Savez-vous quand est-ce que je pourrais voir un médecin?

-Il faut attendre madame, répondit-elle le plus calmement du monde.

-Nous attendons depuis des heures, ma fille est épuisée, combien d’autres personnes avez-vous fait passer avant moi?

-Quel est votre nom?

-Roberts, soupira Lily en fermant les yeux une seconde.

-Votre époux est…

-Non, il n’est pas militaire, lança la jeune femme en faisant la grimace.

-Alors, que faites-vous, ici, nous ne soignons…

-Mon beau père est Major dans cette base, fit Lily sur un ton plus fort, ma mère travaille dans cet hôpital et c’est ici que ma fille a été soignée la semaine dernière.

-Calmez-vous, répondit la femme, il faut prendre votre mal en patience je ne peux pas faire plus.

-C’est évident, soupira Lily pour elle-même. Merci, lança-t-elle sur un ton froid avant de se diriger vers sa fille une nouvelle fois.

Elle s’approcha d’elle et se mit à genoux un instant.

-On va voir le docteur, maman?

-Oui chérie, mais il faut encore attendre un petit peu.

-Pourquoi? Demanda timidement Katy.

-Eh bien…

-Parce que je devais m’occuper d’un autre petit patient qui s’était fait mal, dit Aaron en arrivant à leur hauteur, mais à présent, je suis tout à vous princesse.

Katy sourit largement et Lily tourna la tête vers le nouvel arrivant.

-Bonjour Elizabeth, murmura-t-il à son attention.

-Bonjour, répondit celle-ci en se levant.

-Je suis désolé que vous ayez attendu si longtemps, j’aurais voulu venir plus tôt, mais j’ai toujours eu un autre patient sur les bras.

-Nous tâcherons de faire vite alors, rétorqua Lily.

-Oh, non, prenez tout le temps que vous voudrez, j’aime passez du temps en votre compagnie et avec Katy, dit-il en lui accordant un tendre regard. J’ai attendu ce moment toute la journée.

Lily sourit timidement et se tourna vers sa fille également. Le jeune médecin prit la fillette dans ses bras et la porta.

-Vous ne voulez pas que je la prenne? Demanda Lily en passant la main dans le dos de sa fille.

-Ca ira, n’est-ce pas Katy? Tu es plus haut là, dit-il en riant.

Katy acquiesça en souriant et se blottit un peu plus contre le torse du médecin. Pendant ce temps, Lily prit ses affaires et les suivit jusque dans une salle d’examen, non sans avoir jeté un regard noir à la femme assise derrière le bureau.

La fillette se laissa faire lorsqu’il lui enleva son plâtre. Elle restait tranquille, riant aux blagues que pouvait dire le jeune homme pour la détendre. Lily aussi riait beaucoup, tout comme sa fille, elle était sous le charme du médecin qu’elle apprenait à connaitre de mieux en mieux. Katy partit faire quelques pas un peu plus loin avec une infirmière afin qu’elle reprenne l’habitude de se servir de sa jambe. Lily la regardait en souriant. Aaron vint à sa hauteur et en fit de même.

-Vous avez une fille merveilleuse, murmura-t-il, et vous auriez voulu vivre loin d’elle?

-Je vous ai dit que je n’aurais jamais pu vivre loin d’elle, répondit Lily en le regardant. J’avais choisis une autre solution, c’est vous qui avez changé mes plans.

-Et je m‘en félicite chaque jour, murmura le jeune homme en plongeant son regard dans le sien.

-Ne parlons pas de ça maintenant, je vous prie.

-Bien, alors…je peux vous inviter à sortir? Nous pourrons poursuivre cette conversation plus calmement et quand vous serez en position de me répondre.

-Vous ne lâchez donc jamais? Lança la jeune femme en souriant.

-Je suis plutôt coriace, admit Aaron.

-Je l’ai remarqué, répondit la jeune mère avant de regarder Katy à nouveau.

Ils restèrent silencieux un moment avant que le médecin ne se penche sur son oreille et ne murmure au creux de celle-ci de sa voix la plus douce.

-Je vous invite, en tout bien, tout honneur, juste un dîner…Acceptez.

-Un café, demain matin, rétorqua Lily en tournant la tête vers lui.

-Le matin je cours le long de la jetée, peut être pourriez-vous trouver un autre moment?

-Je vous accorde un « rendez-vous tout bien tout honneur » et vous me répondez que vous avez quelque chose de prévu?

-Venez avec moi, comme ça vous aurez la preuve que ce n’est pas un rendez-vous galant.

-Et qu’est-ce que c’est?

-Un jogging entre amis.

-Amis? Murmura Lily.

-Oui, pourquoi pas?

-Bien, alors nous courrons et ensuite nous prendrons un café, où l’inverse, à vous de choisir. Lança Lily après un moment passé en silence.

-Mmh, vous me laissez choisir? En quel honneur? Murmura-t-il toujours à quelques centimètres de ses lèvres.

-Je me sens d’humeur charitable…alors, marché conclut? Dit-elle en lui tendant la main.

-Conclut, si vous tenez le rythme. Répondit Aaron en la lui serrant.

-Nous verrons demain, fit-elle en souriant largement avant de s’éloigner et de rejoindre sa fille un peu plus loin.

Il la regarda partir en secouant la tête. Il se passa encore quelques minutes avant que Katy n’ai le droit de quitter l’hôpital avec sa mère. Celle-ci salua Aaron et lui donna rendez-vous le lendemain en ville. Puis, elle prit le chemin de la maison des Sherwood où elles passaient la soirée devant un bon repas en famille. Une fois seules dans la cuisine, Lily toucha deux mots à Denise à propos de la situation avec Aaron. La mère était heureuse pour elle et ne demandait que deux petites choses, qu’elle profite de la chance qui lui était offerte et surtout qu’elle lui raconte tout en détail la prochaine fois qu‘elle la verrait.

La jeune femme avait donné rendez-vous à son nouvel ami à sept heures à l’Est de la ville. Elle avait laissé sa fille à la base le soir précédent pour ne pas avoir à la réveiller tôt. Lily n’avait toujours pas reprit le travail, s’accordant encore deux jours de détente pour s’occuper de Katy mais aussi pour prendre un peu de temps pour elle.

Elle attendait le jeune médecin depuis quelques minutes déjà, adossée à la voiture que lui avait prêté sa mère. Aaron arriva en souriant à sa hauteur. Il portait un pantalon noir, ainsi qu’un marcel blanc sous lequel se dessinaient nettement ses muscles. Lily ne put détacher son regard de son torse quelques instants, avant qu’il ne prenne la parole.

-Bonjour, vous ne m’attendez pas depuis longtemps j’espère?

-Bonjour, répondit la jeune femme en plongeant son regard dans le sien. Non, je n’attends pas depuis longtemps.

Elle sourit et replaça une mèche de cheveux qui s’était échappée de sa haute queue de cheval. Puis, elle lui tendit un gobelet d’où s’échappait une légère odeur de café. Aaron le prit.

-Café noir sans sucre, dit-elle en souriant alors que le jeune homme y jeta un bref coup d’œil.

-Comment savez-vous que c’est-ce que je bois?

-J’ai mes sources, répondit Lily en faisant la grimace.

Aaron ne répondit pas et la regarda avec insistance de haut en bas. Il ne l’avait que rarement vu en dehors du lit d’hôpital qu’elle avait fréquenté. Il avait bien souvent remarqué ses courbes, mais à cet instant il l’observa avec plus de détail, se permettant enfin d’apprécier la vue de son corps. Lily était habillé décontractée d’un jogging en lin de couleur beige ainsi que d’un top noir. Elle avait enfilé un gilet de survêtement pour se protéger les épaules du vent venant de l’Océan. Elle sourit tendrement au médecin qui buvait tranquillement son café.

-Vous n’en prenez pas? Ou suis-je si en retard que vous ayez fini le votre?

-Il vous reste encore beaucoup de choses à apprendre à mon sujet, répondit Lily, je ne bois pas de café.

-Même pas de décaféiné?

-Dites-moi, où serait l’intérêt de boire un café que l’on aurait « décaféiné »? Alors autant ne pas en boire. C’est un peu comme ceux qui boivent un noir, bien fort mais qui y rajoute cinq sucres.

-Très juste, admit le jeune homme, mais vous ne savez pas ce que vous manquez.

-J’essaierai de m’en remettre, répondit la jeune femme en souriant.

Il le lui rendit et vida son gobelet. Puis, tous les deux firent quelques pas en marchant, rejoignant le chemin qui se trouvait sur la jetée longeant l’Océan. Ils échangèrent encore quelques mots avant de se mettre à un rythme plus soutenu. Aaron avait l’habitude de courir, il distançait facilement Lily. Mais il ralentissait volontairement l’allure pour pouvoir se trouver à sa hauteur. La jeune femme l’en remercia. Elle avait enlevé le gilet qu’elle avait porté auparavant. Aaron avait largement savouré le moment ou elle l’avait retiré avant de le nouer autour de sa taille.

Ils s’étaient remis en route depuis quelques minutes déjà lorsque la jeune femme s’arrêta, à bout de souffle, le visage rouge.

-Nous devrions arrêter, lança Aaron en passant la main dans le dos de Lily, vous êtes à bout de force.

-Non, tout va bien, je vous assure, rétorqua-t-elle en appuyant ses coudes sur ses genoux pour rependre son souffle.

-Oh, oui, je vous ça, vous semblez être en parfaite forme, répondit le médecin en riant.

Lily en fit de même et se redressa à nouveau.

-Ca fait un peu trop longtemps que je n’ai plus eu le temps de faire du sport, je suis un peu rouillée.

-Si vous le souhaitez nous pourrons courir ensembles de temps en temps.

-Vous êtes sérieux?

-Oui, pourquoi je ne le serai pas?

-Avec vous, on ne sait jamais…Eh puis, j’ai Katy.

-Ou est le problème?

-Vous n’avez d’obligation envers personne, vous ne pouvez pas comprendre, soupira Lily en regardant l’Océan.

-Loin de moi l’idée de comparer votre fille avec un animal mais…j’ai Pain de Mie.

-Il existe vraiment? Lança Lily en riant.

-Oui, répondit le jeune homme de la même manière.

Lily secoua la tête avant de reprendre la parole.

-Deux jours par semaine, je ne vous accorde pas plus, et vous vous devez de me remettre en forme.

-Je serai votre coach? Dit-il en croisant les bras sur son torse.

-Ne me forcez pas à vous appeler de cette manière.

-Je préfère de loin Aaron.

-Très bien, dans ce cas, marché conclut?

-C’est entendu.

-Bon eh bien, remettons-nous en route.

-Lily, vous n’avez pas reprit assez de force. Répondit-il sur un ton protecteur.

-Allez, venez, dit-elle en repartant.

-Elizabeth, cria le jeune homme avant de la suivre.

Il la rattrapa rapidement à nouveau. Elle lui jeta un bref coup d’œil et sourit largement. Une idée venait de germer dans sa tête, et elle n’avait qu’une envie; en faire part à l’homme qui se trouvait à côté d’elle.

-Et si nous faisions la course? Le premier arriver au saule pleureur.

-Vous plaisantez? Je vous battrais en un quart de seconde.

-Dans ce cas, vous ne serez pas contre un gage…dit-elle pleine de malice.

-Je vous écoute.

-Le perdant paie le dîner.

-Le dîner? Lança Aaron en s’arrêtant.

-Vous avez bien entendu…Fit Lily en se retournant sans cesser d’avancer. Et le gagnant choisit le restaurant.

-Préparez votre porte feuille.

Lily rit et s’élança à toute vitesse. Aaron parcourut rapidement la distance qui le séparait de la jeune femme. Ils coururent de nombreux mètres côtes à côtes avant que le jeune homme finisse par prendre de l’avance. Il ne se trouvait qu’à quelques mètres du point d’arriver lorsqu’il entendit un cri dans son dos. Il se retourna et vit Lily au sol, tenant sa cheville. Il fit demi-tour dans la seconde et arriva à sa hauteur. Il se mit à genoux au sol.

-Vous allez bien?

-J’ai l’air d’aller bien?

-Montrez-moi ca, dit-il en prenant sa cheville entre ses mains.

Lily arrêta toute grimace de douleur et soupira de mécontentement, observant avec intérêt l’homme qui se trouvait face à elle. Elle frissonnait en sentant ses doigts caresser sa peau. Elle n’avait qu’une envie, lui avouer qu’elle jouait la comédie et qu’elle n’avait trouvé ce prétexte que pour qu’il pose ses mains sur elle et surtout pour qu’elle puisse gagner cette course.

-Elle doit être foulée, fit Aaron après quelques temps.

Lily croisa son regard et esquissa un bref sourire.

-Vous pouvez vous lever?

-Oui, je pense.

Il se redressa et la prit tendrement par la main pour qu’elle en fasse de même. Une fois tous les deux debout, le jeune homme regarda une dernière fois la cheville de Lily tout en la tenant contre lui.

-Venez, je vais vous aider à…

-Pas la peine, lança Lily en s’éloignant, votre gentillesse vous perdra.

Elle lui fit un clin d’œil et avant même qu’il ait le temps de comprendre ce qu’il se passait, elle était déjà loin, franchissant la ligne imaginaire qu’elle avait prédéfinie auparavant. Il arriva jusqu’à elle, le pas tranquille, les mains posées sur ses hanches, une grimace sur les lèvres.

-Je me suis fait avoir.

-Comme un bleu, répondit Lily en riant, vous me devez un dîner.

-Quel restaurant?

-Je ne connais pas encore ceux qui sont vraiment bons et vraiment cher, je me renseignerais, ne vous inquiétez pas.

-Je n’ai pas peur, bougonna-t-il.

-Allez, ne soyez pas mauvais perdant.

Elle s’avança vers lui en souriant et se mit sur la pointe des pieds, s’appuyant de tout son poids sur lui.

-Vous l’avez eu votre dîner, murmura-t-elle avant de déposer un doux baiser sur sa joue.

-C’est vrai, répondit Aaron alors que Lily se tenait encore contre lui.

Ils se sourient sans se quitter des yeux. Puis, ils s’éloignèrent, rejoignant la voiture qu’avait empruntée Lily. Ils discutèrent sur le chemin, se mettant d’accord sur une date. Ils échangèrent leurs numéros afin de convenir encore du lieu puis, ils se séparèrent enfin. Aaron partit à pied, il n’habitait qu’à quelques rues de la jetée et il arriva ainsi rapidement chez lui. Il prit une douche et se changea afin de prendre sa garde à l’hôpital de la base. Il s’occupa de son chien qui le suivait partout puis, il prit sa moto pour traverser la ville plus rapidement et ne pas arriver en retard.

 

La semaine suivante, Lily avait reprit le travail et Katy retournait à l’institut. Ce matin là, Frank était passé la prendre pour la déposer alors que Lily avait prit le chemin pour la bibliothèque. Le Major arriva en avance devant le bâtiment. Il se gara et se tourna vers la fillette assise derrière lui. Il lui sourit tendrement mais en retour la fillette fit une grimace de douleur.

-Ca ne va pas, Katy? Lança Frank.

-Non tonton Frank, répondit timidement Katy.

-Qu’est-ce qui ne va pas? Demanda-t-il tendrement.

-J’ai mal au ventre, dit-elle en faisant la grimace une nouvelle fois.

-Depuis longtemps?

-Oui.

-Tu l’as dis à ta maman?

-Maman elle m’écoute pas, elle a trop de choses en tête.

-Je suis certain que ta maman t’écoute Katy, seulement elle doit beaucoup travailler en ce moment, mais je suis persuadé que si tu lui dis elle te donnera quelque chose pour que ça aille mieux.

La fillette acquiesça et regarda le sac qui se trouvait à côté d’elle.

-Tonton Frank, j’ai vraiment mal…

Il soupira. Il la regarda encore un moment en silence avant de lui chatouiller tendrement le nez.

-Tu veux rester avec moi aujourd’hui? Je préviendrais la directrice que tu es malade et que tu reste à la maison toute la journée. Quand tu verras ta maman, tu lui diras et si ça ne va pas mieux je suis sûr qu’elle va t’emmener voir le docteur.

-Le monsieur de l’hôpital? Lança la fillette en souriant largement. Celui qui a fait une fleur sur mon plâtre?

-Oui, ou peut être un autre, ça dépend.

-Moi je veux voir que celui-là, il est gentil, je l’aime bien, maman aussi elle l’aime bien.

-Vraiment? Demanda le Major en fronçant les sourcils.

-Oui; répondit simplement la petite fille.

Il resta perdu dans ses pensées quelques temps, assimilant ainsi ce que Katy lui avait dit. Il avait brièvement entendu parlé du jeune médecin par son épouse et Lily lorsque Katy avait eu son petit accident. Il se demandait qui était cet homme et si Katy reprenait les mots de sa mère ou si elle interprétait celles-ci, comme cela pouvait être le cas à son âge. De plus, il ignorait si cet homme était celui avec lequel la jeune femme avait un rendez-vous le soir même.

Il reprit ses esprits en voyant la fillette se tordre de douleur une nouvelle fois.

-On va rentrer, d’accord? Je reste avec toi ce matin et cette après-midi ta grand-mère rentre à la maison.

-Toi tu restes pas avec moi?

-Non, je dois travailler cette après-midi.

-Et tonton Jeremy?

-Il est parti pour toute la journée, tu sais il doit aussi penser à aller à l’école.

-Pourquoi? Il est grand.

-C’est pour apprendre à construire de belles maisons. On apprend ça quand on est grand.

-Ah, soupira Katy.

Il la regarda un dernier instant et se tourna à nouveau. Le Major redémarra et prit le chemin inverse de la base. Une fois arrivé, il téléphona à l’institut, excusant ainsi l’absence de la fillette, puis il en fit de même pour Lily. Il passa la matinée avec sa petite fille, regardant des dessins animés, jouant avec elle et la faisant dessiner pour l’occuper le temps qu’il prépare le repas pour eux deux et son épouse qui rentrerait quelques temps plus tard.

Lorsque Lily quitta la bibliothèque, elle fit un rapide tour en ville cherchant une boutique à sa portée où elle pouvait trouver une robe adapté à la soirée qu’elle allait vivre ce jour là. Mais alors qu’elle se trouvait dans les cabines d’essayages, elle pensa à allumer son téléphone portable. Elle quitta la boutique dans la seconde sans même prendre le temps d’essayer les robes qu’elle avait choisit. Frank ainsi que Denise lui avaient laissé tour à tour un message, lui disant que Katy était malade et qu’elle se trouvait chez eux. Il devint impensable pour la jeune femme de sortir avec Aaron alors que sa fille se trouvait souffrante. Bien qu’ayant été rassurée par son beau père et sa mère qu’ils en prendraient soin, elle préféra annuler sa sortie pour rester avec sa fille. Tout en marchant dans la rue afin de rejoindre l’arrêt de bus le plus proche, elle composa le numéro du jeune médecin. Après quelques sonneries, elle entendit la voix d’Aaron.

-Aaron Sanders.

-Aaron c’est Lily Roberts.

-Bonjour, dit-il avec tendresse alors que la jeune femme pouvait deviner un sourire sur ses lèvres.

-Bonjour, je suis désolée de vous appeler aussi tard, enfin à cette heure, corrigea la jeune femme, je ne vous dérange pas au moins?

-Non, vous ne me dérangez jamais, je n’étais pas à l’hôpital aujourd’hui.

-Ah tant mieux, soupira-t-elle.

-Que me vaut cet appel? Vous ne vous souvenez plus de l’adresse du restaurant? Ou de l’heure peut être? C’est dans deux heures.

-Non, je m’en souviens parfaitement, ne vous en inquiétez pas j’ai une mémoire d’éléphant.

-Je tâcherais de m’en souvenir, dit-il en riant.

Lily rit également et reprit la parole avec plus de sérieux.

-Aaron, je suis désolée de vous appeler.

-C’est la deuxième fois que vous me le dites, je sous entends que la nouvelle pour laquelle vous me téléphoner n’est vraiment pas bonne.

-Non, en effet, murmura Lily, j’ai eu des messages de ma mère et de mon beau père, Katy est malade et je devrais rentrer pour m’occuper d’elle.

-Denise est infirmière il me semble, ne peut-elle pas le faire?

-Elle le pourrait, en effet, elle me l’a même proposé, mais je préfère refuser, Katy est ma fille et elle a besoin de moi.

-Mmh, grommela le jeune homme à l’autre bout du fil.

-Aaron, je sais que je peux vous paraître un peu égoïste peut être mais…

-Ne vous justifiez pas Elizabeth, coupa Aaron, je sais à quel point vous aimez Katy et je ne peux qu’imaginer ce que cela fait d’avoir un enfant malade à la maison qui attend un de ses parents.

-Vous avez votre chien, lança Lily en riant.

-Ne dites pas des bêtises, c’est très différent vous le savez. Et j’ajouterai qu’en ce qui concerne Pain de Mie, lorsqu’il à le moindre changement de comportement je suis mort de peur.

Lily rit de bon cœur, imaginant parfaitement l’état dans lequel devait se trouver le jeune homme à de tels moments.

-Peut être que mon comportement est un peu excessif, vous ne pensez pas? C’est vrai que Frank et Denise sauront parfaitement s’occuper d’elle.

-Ca ne fait aucun doute qu’avec eux elle est entre de bonnes mains mais, je ne pense pas que votre réaction soit excessive. Vous savez, je vois beaucoup d’enfants et de parents à l’hôpital et je peux vous dire que peu ont le lien que vous avez avec votre fille.

-Je m’en veux de vous poser un lapin au dernier moment, soupira la jeune femme désolée.

-Ah mais, je vous en veux aussi, dit-il en riant, mais ne vous en faites pas, nous remettrons ce rendez-vous à un autre jour.

-Vous êtes certain que ca ne vous dérange pas?

-En toute honnêteté?

-Oui, s’il vous plait.

-Je dirais que je suis déçu de ne pas vous voir ce soir, mais je préfère que vous annuliez notre rendez-vous pour vous occuper de Katy plutôt que pour passer la soirée avec un autre homme. En revanche, je suis navré que votre fille soit malade.

-Merci d’avoir été honnête.

-Je vous en prie, et vous? Que m’en dites vous?

-Que je vais devoir vous laisser, mon bus arrive, répondit Lily en souriant.

-Répondez-moi, ne raccrochez pas, Elizabeth…

Celle-ci sourit et entra dans le bus. Elle paya le chauffeur et alla s’installer à une place à l’arrière du véhicule.

-Elizabeth, vous êtes toujours là?

-Moi aussi je suis déçue de ne pas vous voir, murmura-t-elle, mais j’ai hâte qu’on fixe une autre date…Passez tout de même une bonne soirée et…grattez Pain de Mie derrière l’oreille pour moi.

-Je…je le ferais, répondit Aaron prit au dépourvu, saluez Katy de ma part et passez une bonne soirée également.

-Je lui dirais, à bientôt.

-Au revoir…Elizabeth, dit-il alors que la jeune femme avait déjà raccroché.

Il en fit de même et se pencha vers le chien qui se trouvait tranquillement couché devant lui au pied du canapé où il s‘était laissé tombé pendant la conversation. Il lui sourit et le caressa tendrement le menton et derrière l’oreille.

-De la part de la femme la plus incroyable que je n’ai jamais rencontré, murmura-t-il en continuant de le gratter tendrement, et la première qui m’ai posé un lapin, finit-il en souriant, tu vas l’adorer…

Lily arriva rapidement à la base, elle prit le chemin de la maison de sa famille et attendit qu’on lui ouvre. Elle trouva Denise avec Katy dans la chambre des époux et Jeremy dans le séjour. Après avoir salué son beau père et son frère, qui venaient tout juste de rentrer, elle rejoignit la jeune femme et la fillette dans la pièce à côté. Elle regarda un instant Denise assise à côté de Katy sur le lit avant de s’avancer vers elles. Denise se leva et la salua.

-Rejoins-moi dès que possible dans la cuisine, murmura-t-elle en passant à côté d’elle avant de sortir.

Lily se dirigea vers le lit et prit sa fille dans ses bras un instant avant de s’éloigner un peu.

-Comment ça va ma puce? Ta grand-mère et ton grand-père m’ont dit que tu as mal au ventre, tu es mal depuis ce matin?

-Oui.

-Que dit Denise? Elle a trouvé ce que tu as?

-Elle a rien dit, elle a dit qu’elle devait te parler avant.

-D’accord, murmura Lily en replaçant une mèche de cheveux derrière l’oreille de la fillette, reste là pour te reposer, je reviens après d’accord? Et si ca ne va pas, tu m’appelles.

-Tu pars plus?

-Non, j’ai annulé mon rendez-vous pour rester avec toi, mais Aaron m’a dit de te dire bonjour de sa part.

-Aaron? Lança la fillette en souriant. Le docteur?

-Oui, fit Lily, il t’aime bien tu sais.

-Moi aussi je l’aime bien, je le vois quand?

-Je ne sais pas ma puce, tu veux le revoir?

-Oui, il m’a dit qu’il avait un grand chien, très gentil et tout blanc, peut être qu’il voudra que je vienne avec lui quand il lui fera faire une balade, tu voudras toi?

-Oui, pourquoi pas, nous verrons, en attendant, dors un petit peu, je reviens tout à l’heure.

La fillette acquiesça et se glissa un peu plus dans les draps. Lily la recouvrit et déposa un tendre baiser sur son front. Elle lui caressa la joue et la regarda un moment avant de quitter la pièce et de fermer doucement la porte derrière elle. Elle rejoignit sa famille dans le séjour avant de suivre Denise dans la cuisine.

-Elle n’a pas de fièvre c’est déjà ça, soupira la jeune mère.

-Elizabeth, je crois que Katy n’a rien du tout.

-Tu en es certaine?

-Oui, répondit Denise en se tournant vers elle, je pense qu’elle joue la comédie.

-Frank ne l’aurait pas remarqué ce matin?

-Non, tu sais il est complètement fou de cette gamine et elle le sait.

-Je ne suis pas vraiment fière que ma fille se mette à mentir à son âge, soupira Lily.

-Je pense que si elle le fait, cela doit être pour une bonne raison.

-M’empêcher de sortir ce soir?

-Peut être qu‘il y a un peu de ça, mais je n’en suis pas certaine.

-De quoi parles tu?

-Elle a commencé lorsque Frank a voulu la déposer à l’institut ce matin. Tu sais comment s’est passé sa chute la semaine dernière?

-Quel serait le rapport? S’étonna Lily.

-J’essaie de le trouver, mais il semble qu’elle n’ai pas envie d’y retourner, peut être s’est-il passé quelque chose.

-Je vais essayer d’en savoir plus, tu as raison. Il est vrai que ca fait quelque temps que je ne m’occupe plus tellement d’elle, je le regrettes, je devrais faire plus attention à Katy.

-Tu fais ce qu’il faut, la coupa Denise en posant sa main sur la sienne, crois-moi, tu fais tout ton possible pour elle, mais à présent que tu commence à vivre un peu plus pour toi, la situation évolue et votre relation également.

-Mmh, grommela Lily sans conviction. Dans tous les cas je vais avoir une conversation avec elle. Demain matin je ne commence pas tôt, je le ferais, je préfère qu’elle se repose ce soir, même si elle n’est pas vraiment malade. Nous avons besoin de passer une soirée toutes les deux, entre nous, comme avant.

-Tu ne veux pas rester pour dîner? Demanda Denise en faisant la moue.

-Ca dépends, tu as cuisiné quoi? Lança la jeune femme avec un sourire, comprenant le souhait muet de Denise de les garder toutes les deux à la maison un peu plus longtemps

-Regardez moi cette gourmande, lança la mère en riant, tu vas aimer, allez, aides-moi à préparer la table.

Lily lui sourit en retour et fit ce que lui avait demandé sa mère. Elle échangea encore quelques mots avec son frère et son beau père, puis, elle rejoignit Katy dans la chambre au bout du couloir. Ils se mirent tous à table et mangèrent avec appétit dans la bonne humeur et la convivialité. Un peu après le dîner, Denise reconduisit sa fille et sa petite fille en ville avant de rentrer chez elle à nouveau. Lily passa toute la nuit auprès de Katy. Celle-ci ne voulait pas la quitter un seul instant, mais la jeune femme n’apprit rien sur les raisons de sa fille pour avoir joué la comédie. Elle décida de remettre au lendemain la discussion qui lui permettrait de faire la lumière sur ces évènements.

 

 

Ce samedi soir, tous les amis avaient rendez-vous au Hump Bar pour passer une agréable soirée ensembles. Jeremy ainsi qu’Emmalin étaient également présents, se trouvant un peu à l’écart des parents et discutant avec d’autres jeunes de leurs âges. Lily quant à elle avait pris un petit service de deux heures ou trois. Après avoir fini son travail, elle se changea rapidement dans la réserve et rejoignit ses amis.

Roxy avait invité un groupe local qui n’avait rempli que quelques petites salles dans la région mais qui s’avérait être au futur plutôt prometteur. Elle avait eu l’idée d’organier des petits concerts en comité réduits, ce qui lui permettait de toucher une clientèle plus large et d’animer le bar. Cela faisait déjà plus d’une heure que le groupe devait être arrivé et elle n’arrivait toujours pas à les joindre.

-Je ne comprends pas pourquoi Sam ne décroche pas, lança la jeune femme en raccrochant une fois de plus.

-Et moi, je ne comprends pas qu’il ne t’ai pas confirmé qu’ils venaient, rétorqua Trevor.

-Ils m’ont dit qu’ils venaient, soupira Roxy, tous ces gens son là pour écouter de la bonne musique.

-Tu n’as qu’à mettre des CD tu es as plein en réserve, répondit Lily entre deux gorgées.

-Non…je leur ai promis un spectacle, et là ils s’impatientent.

-Calme toi, murmura Claudia Joy, on va trouver quelque chose.

-Tu saurais trouver un groupe de quatre musicien dans la salle toi? Fit Roland en riant.

-Quatre musiciens, non, répondit Denise, mais une chanteuse, peut être bien.

Ils suivirent tous le regard de la jeune femme qui se posa sur Lily.

-Oh, non, dit celle-ci, hors de question.

-Tu sais chanter? Fit Pamela.

-Non.

-Ooooh si et plutôt bien, lança Roxy.

-Tu m’as entendu chanter? S’étonna la jeune femme en se tournant vers elle.

-La semaine dernière quand tu passais le balais dans la réserve, et je trouve que tu as du talent.

-Peut être, mais je le garde pour les moments où je fais le ménage si tu veux bien. Soupira Lily.

-Ce serait une bonne occasion d’essayer.

-Non! Je n’ai jamais chanté devant personne, enfin…consciemment du moins, corrigea Lily.

-Raison de plus pour…

-Je vais chercher les CD dans la réserve, lança Lily en se levant, je suis désolée que ton groupe t‘ai fait faux bond, mais je ne me sens pas capable à faire ce que vous attendez de moi.

Lily s’en alla au pas de course sans même se retourner.

-Elle en meurt d’envie, murmura Denise en la regardant partir, je suis persuadée qu’elle peut le faire.

-Tu n’en doutes pas? Questionna Claudia Joy.

-Pas une seule seconde, répondit fièrement Denise, je connais ma fille.

-Bien…dans ce cas, plan B, murmura Roxy avant de se lever.

Ils la regardèrent quitter la table en silence et s’avancer vers la scène qui se trouvait à l’autre bout de salle.

-Elle a une idée en tête d’après-vous? Fit Roland.

-Roxy a toujours une idée derrière la tête, répondit Trevor en riant.

Lily revint dans la pièce principale un carton entre les mains alors que Roxy prit le micro et s’adressa à toutes les personnes présentes.

-Bonsoir à toutes et à tous, dit-elle alors que tous les regards convergèrent vers elle, j’espère que vous passez une agréable soirée ici et qu’elle va se poursuivre toute la nuit. Je vous ai promis du spectacle ce soir avec les Cat’s power.

Des applaudissements et des cris d’encouragements résonnèrent dans tout le bâtiment et elle reprit la parole.

-Mais…mais je suis navrée de vous apprendre qu’ils ne viendront pas ici ce soir, des problèmes techniques les ont retenus sur la route et malheureusement il nous est impossible de vous les faire venir sur cette scène. J’aimerai m’excuser pour cet incident et j’espère que vous passerez une agréable soirée tout de même, n’hésitez pas à passer au bar, nous avons un nouveau cocktail qui vous mettra le feux… Merci à tous et encore toutes nos excuses.

Un grognement de mécontentement se fit largement entendre quelques temps alors qu’elle descendit de la scène et rejoignit la table où ses amis se trouvaient toujours.

-C’est vraiment dommage, fit Claudia Joy.

-Moi je veux bien goûter ton nouveau cocktail, lança Pamela, il met le feu à quoi au juste?

-A tout, rétorqua Roxy en riant.

-J’en veux, Chase est en ville alors ça ne va pas me faire du mal.

-J’en connais un qui passera une bonne nuit ce soir, dit Roland.

-Certainement pas toi, tu vas devoir te lever pour ta fille et Joan doit être si fatiguée que vous ne faites que dormir au lit, n’est-ce pas?

-La ferme, murmura Roland avant de se plonger dans son verre.

Les amis rirent de bon cœur. Un peu plus loin, Lily se trouvait toujours au milieu de la salle, tenant contre elle les CD qu’elle était allez chercher auparavant. Elle regardait la scène un peu plus loin, elle entendait les discussions des gens, déçus qui n’avaient qu’une envie; terminer leurs boissons et quitter le bar. Elle soupira bruyamment, après tout ce que Roxy avait fait pour elle, elle pouvait bien lui rendre ce petit service. Mais elle restait morte de peur, comme elle ne l’avait que rarement été avant. Elle se détourna de la scène et vit la porte du bar s’ouvrir. Aaron se trouvait dans son encadrement. Elle se figea une nouvelle fois sur place. Elle n’avait aucune envie de se retrouver face au jeune homme, surtout après le lapin qu’elle lui avait posé la semaine précédente et la révélation qu’elle lui avait faite. Elle fit brusquement demi-tour et se dirigea vers la scène à nouveau, elle était sa seule issue. Alors, elle grimpa les petites marches en bois et posa la boite un peu plus loin. Elle se pencha et prit un CD au hasard, une compilation de chansons qu’elle connaissait bien et elle le mis en route. Lorsqu’elle lança un regard dans la salle elle vit le jeune médecin prendre place à la table avec ses amis. Elle alluma le micro à nouveau et la musique commença. Personne ne semblait la remarquer. Elle commença à chanter, tout bas, à peine plus fort qu’un murmure. Des visages se tournèrent vers elle, elle croisa le regard de sa mère qui lui adressait un tendre sourire, puis, celui d’Aaron.

Lily ferma les yeux, cherchant toute la concentration et le courage dont elle avait besoin pour surmonter cette épreuve en apparence anodine mais si importante pour elle. La voix se fit plus forte, plus sûre.
…..
Bite down and then pray, pray, pray
You'll make it through this to sing and say
You hold life dear

Moments turn to hours which become years...
And now I'm

Lilly ouvrit les yeux à nouveau et c’est avec plus de force et de conviction qu’elle poursuivit.

Far from here, and we are happy
Far from here, we are all right
Far from here, things are peacful
Far from here, we have insight
Far from here, we've detangles
Our strangled hold
And I hope to see you there

A ce moment là, elle fixait la petite table tout au fond, regardant avec tendresse toutes les personnes qui s’y trouvaient installées. Cette chanson elle l’avait entendu bien des fois et elle avait pensé à eux, à elle surtout à qui elle devait beaucoup et qui se trouvait près d’elle aujourd’hui, dans sa vie de tous les jours.

Rise high out of this whole scene
Look down and separate yourself
From your worst dream

Then fly far and then stay, stay, stay
Out of the way until the coast
Is clear and safe
Oh, it's hard to imagine
The things that we survive
Will we understand it all
One day when we arrive?

Moments turn to hours that become years...
And now I'm

Far from here, and we are happy
Far from here, we are all right
Far from here, things are peaceful
Far from here, we have insight
Far from here, we've detangled
Our strangled hold
And I hope to see you there

Peu à peu la salle s’était fait muette, tous étaient tournés vers la jeune femme et l’écoutaient chanter.

Roxy se pencha vers ses amis et murmura avec malice.

-Le groupe viendra la semaine prochaine, il n’était pas prévu pour ce soir.

-Tu avais tout manigancé? S’étonna Claudia Joy.

-Avec mon aide, murmura Denise, et j’en suis plutôt fière.



Far from here, and we are happy
Far from here, we are all right
Far from here, things are peaceful
Far from here, we have insight
Far from here, we are laughing
Far from here, we are thankful
Far from here, we're forgiven
And for that we are grateful
Far from here, we've detangled
Our strangled hold
And I hope to see you there

 


Lily regarda à nouveau ces personnes qui lui étaient chères et finit la chanson sans même les quitter des yeux, espérant qu’ils aient compris à quel point ces mots leurs étaient adressés, à eux et à ceux qui ne se trouvaient peut être pas dans ce bar, mais qui se trouvaient dans son cœur.


I'll see you there

(Far From Here- Alissa Moreno)


 

Les applaudissements ne tardèrent pas à se faire entendre. La jeune femme était encore toute émue par cet accueil et se prêta au jeu. Elle aperçu plus loin ses amis se lever pour la féliciter. Trevor, Roland et Aaron n’hésitèrent pas un seul instant avant de la siffler et Denise quand à elle souriait aussi largement qu’elle le pouvait sans la quitter du regard. Au fond de ses yeux, Claudia Joy y décela tout l’amour, l’admiration et la fierté qu’elle éprouvait pour sa fille. Jeremy lança un cri d’encouragement et toute la salle lui demanda une autre chanson. Ne sachant pas vraiment comment réagir, Roxy vint à sa hauteur et prit un instant le micro.

-Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, je vous présente Lily Roberts, lança -telle avec enthousiasme. Vous vouliez du spectacle, vous en avez et j’espère que vous n’êtes pas déçu.

Les applaudissements se firent plus fort et les cris plus réguliers.

-Je t’ai rendu un service, murmura Lily à l’oreille de son amie, maintenant, je peux rentrer?

-Rentrer? Tu plaisantes? Soit tu reste sur cette scène et tu fais encore cinq chansons ou tu rejoins le beau Aaron qui t’attends à notre table. Dit-elle avec un sourire malicieux.

-Quatre chansons.

-Ok, on va pour ça. Il ne sera pas partir d’ici là de toute manière.

-Je vais te tuer, grommela Lily.

Roxy sourit de plus belle et pour toute réponse, elle se tourna vers la salle à nouveau.

-Lily Roberts! Cria-t-elle avant de s’éclipser.

La jeune femme reprit sa place derrière le micro et chanta à nouveau. Elle se sentait à l’aise sur la scène oubliant rapidement la peur qui l’avait gagné auparavant et prenant du plaisir. Mais cependant, elle ne pouvait pas croiser le regard du jeune médecin qui se trouvait au fond de la salle. Elle redoutait un peu le moment où elle quitterait la scène et se retrouverait face à lui. Elle en était persuadée ses amis et sa mère ne louperaient pas l’occasion de la laisser seule avec lui.

Lorsqu’elle eût fini la dernière chanson, elle fut applaudit un long moment avant de quitter la scène et de rejoindre la table qu’elle avait laissé de longues minutes auparavant. Sur le chemin, une quantité de personnes la félicitèrent encore et certains même lui tendirent des carnets et des stylos pour qu’elle leur signe un petit mot. Lily était à la fois émue et étonnée de l’engouement qu’elle pouvait solliciter. Elle adressa un dernier sourire à une jeune femme à peine plus jeune qu’elle avant de s’arrêter auprès de ses amis. Ceux-ci lui réservèrent le même accueil chaleureux que les autres spectateurs puis, Roxy prétexta devoir aller derrière le bar, elle emmena Pamela avec elle pour lui servir sont fameux cocktail. Denise rejoignit les toilettes accompagnée de Claudia Joy, Roland et Trevor entreprirent une conversation sur les forces armées déployées en Irak que la jeune femme ne se sentait pas de cœur à écouter. Elle se trouva face à Aaron, tous les deux ne se quittant pas du regard un seul instant.

-Ca vous dit de sortir quelques minutes? Proposa le jeune homme. Il fait un peu trop chaud ici.

-Oui, pourquoi pas, répondit poliment Lily en souriant.

Elle le suivit à l’extérieur là où il y avait moins de monde. La jeune femme lança un regard au ciel déjà empli d’étoiles. Aaron quand à lui, s’adossa à la balustrade en bois et la regarda avec intérêt.

-Je ne savais pas que vous étiez une star de la chanson.

-Oh, arrêtez, soupira Lily en le regardant, ce n’est rien, je ne fais que chanter en faisant mon ménage et sous ma douche.

-J’aimerai bien soir ça, dit-il en riant.

-Me voir faire mon ménage? Lança Lily en souriant.

-Oui, enfin…quoique sous votre douche ça pourrait être intéressant aussi, murmura-t-il en la regardant de la tête aux pieds.

-Stop!

-Ok, mais vous avez commencé.

-Peut être, admit Lily, mais arrêtons en là…que faites-vous ici Aaron? Demanda-t-elle plus sérieusement.

-Denise, répondit-il simplement.

-Pour ce soir sans doute mais…pourquoi avoir quitté Goldsboro? Pourquoi être venu à Charleston, pourquoi dans cet hôpital?

-Vous n’avez pas pensé me le demander plus tôt?

-Je l’ai fais, mais vous avez éludé la question, comme vous le faites maintenant.

-Très bien, je vais vous répondre, mais j’espère que vous ne le regretterez pas. Je n’en pouvais plus de Goldsboro, lorsque j’ai eu ma qualification il fallait que je change d’air, l’hôpital est un pur hasard je n‘ai pas choisi de travailler avec votre mère.

-Charleston? Insista la jeune femme.

-Parce que…vous y étiez, murmura Aaron en fuyant son regard. C’est moi qui ai demandé une affection dans la région. Il était hors de question que je rentre en Californie de toute manière.

Lily soupira et regarda le ciel une nouvelle fois resserrant ses doigts sur la planche en bois qu‘elle tenait depuis un moment déjà.

-Vous savez Elizabeth, reprit Aaron après quelques temps passé dans le plus grand des silences, je n’ai jamais rencontré une femme comme vous, dès la seconde où je vous ai vu allongée sur la rive il s’est passé quelque chose et lorsque vous êtes partie…j’ai cru que le monde s’écroulait.

-Arrêtez de jouer la comédie, lança Lily en riant, je vous parle sérieusement. Ne me dites pas ces phrases toutes faites que vous sortez dans les bars, tard le soir pour ramener une femme chez vous.

-Moi aussi je vous parle sérieusement, dit-il en ancrant son regard dans le sien, et je ne vous considère de loin pas comme une femme quelconque rencontré dans un bar. Je vous parle comme à une amie, en toute sincérité. C’est vrai que je ne pensais pas qu’une chose pareille pouvait m’arriver, je pensais que ce n’était pas pour moi et vous êtes entrée dans ma vie.

-Qu’est-ce qui n’était pas pour vous?

-Une relation telle que celle-ci, que j’aurais peut être envie de faire durer et de faire évoluer.

-Il n’y a rien entre nous, Aaron.

-Vous le pensez réellement? Alors pourquoi dans ce cas tremblez-vous? Pourquoi faire toutes ces allusions? Pourquoi acceptez-vous de vous ouvrir un peu à moi, s‘il n‘y a pas ne serai-ce que de l‘amitié entre nous?

-Qui vous dit que je fais toutes ces choses?

-Vous, à chaque fois que je vous regarde…en ce moment même.

Lily ne répondit pas mais elle ne brisa pas le lien visuel qui l’unissait au jeune médecin. Elle n’avait pas pensé un seul instant qu’il avait fait cela pour elle, elle n’avait même jamais pu l’imaginer. Pourtant, elle voulait le croire, de tout son cœur elle espérait qu’il ne jouait pas avec elle et qu’il était sincère. Une petite voix lui disait de se méfier de ses belles paroles et de ses tendres sourires, alors qu’une autre en revanche, lui criait de lui accorder sa chance, parce qu’elle en mourrait d’envie. Elle sentit la main du jeune homme effleurer la sienne et un frisson parcouru son corps tout entier. Il avait raison et elle le savait.

Il ne lui fallut pas plus pour comprendre qu’elle devait écouter la voix qui lui disait de le croire et de se laisser aller. Alors, toujours sans prononcer un seul mot, elle s’approcha doucement de lui. Aaron en fit de même. Et lorsqu’ils ne se trouvaient plus qu’à quelques centimètres des lèvres de l’autre, ils se quittèrent du regard. La jeune femme pouvait sentir le souffle chaud du médecin sur ses lèvres, elle ferma les yeux pour ainsi savourer ce tendre moment lorsque la porte s’ouvrit et qu’une voix les interpella.

Ils se séparèrent en une fraction de seconde, comme s’ils avaient commis le pire des crimes, alors que seuls leurs souffles s’étaient mêlés. La jeune femme qui les avaient appelé remarqua immédiatement qu’elle avait commis une gaffe, interrompant ainsi un moment important. Mais les deux jeunes gens se tournèrent vers elle et mirent de la distance entre eux.

-Euh…maman va rentrer, lança timidement Emmalin, elle dépose Jeremy, elle m’a demandé si tu voulais venir avec nous pour récupérer Katy, où si tu le ferais demain?

-Oui, j’arrive, bredouilla Lily.

Emmalin acquiesça et entra à nouveau rapidement à l’intérieur.

-Je vais y aller, je…merci d’être venu, dit-elle avec embarra avant de se retourner pour rentrer chercher ses affaires et quitter la petite fête.

-Attendez, lança Aaron en lui prenant la main, je voulais vous féliciter pour ce soir, vous étiez…vraiment incroyable, soupira-t-il.

-Merci.

Elle s’approcha de lui et déposa un tendre baiser sur sa joue.

-Encore une fois, merci pour tout Aaron, murmura Lily au creux de son oreille avant de s’éloigner et d’entrer sans demander son reste.

 

Deux jours plus tard

La journée touchait à sa fin lorsque Lily arriva à l’institut pour récupérer sa fille. Cependant, Katy ne sortit pas avec les autres enfants. Elle se trouvait avec la directrice des lieux lorsque fût venue l’heure pour eux de rejoindre leurs familles respectives. La jeune femme s’en étonna mais ne fit part à personne de cette attitude. Elle se dirigea vers la fillette et la femme qui lui tenait la main. Elle leur sourit tendrement sans pour autant chasser de son visage son inquiétude face à une telle situation.

-Bonjour Mademoiselle Roberts, lança Anna en lui tendant la main.

-Bonjour, répondit poliment la jeune femme en la lui serrant avant d’accueillir contre elle Katy. Ca va ma puce? Murmura-t-elle à l’attention de la fillette.

Celle-ci en répondit pas et se serra un peu plus contre elle. Alors, Lily leva les yeux vers la directrice.

-Pourrais-je vous parler quelques instants?

-Oui, y a t-il un problème avec Katy? S’inquiéta la jeune mère.

-Nous avons eu un petit incident cette après-midi, en effet, mais j’ai déjà eu une conversation à ce sujet avec votre fille. J’aimerai vous en parler en tête à tête également.

-Très bien, Katy, tu veux aller un peu sur les balançoires là-bas pendant que je parle avec Madame Andrews?

-Oui, répondit timidement la fillette avant de partir doucement aux balançoires qui se trouvaient un peu plus loin.

Les deux femmes firent quelques pas l’une à côté de l’autre en direction d’un banc d’où elles pouvaient garder un œil sur Katy sans pour autant qu’elle ne sache de quoi elles parlaient.

-Katy s’est battue avec une autre petite fille aujourd’hui, commença Anna.

-Vraiment? S’étonna Lily. Savez-vous pourquoi?

-D’après ce que j’ai pu en apprendre de votre fille, l’autre fillette l’embêterai depuis des jours déjà. Nous avons changé les groupes d’apprentissages et Katy a été intégrée à un groupe dont la majorité des enfants sont plus âgés qu’elle. Elle a fait beaucoup de progrès depuis son arrivée et nous pensions que se serait une bonne chose mais elle ne s’entend pas avec une partie des enfants qui le composent, et une fillette en particulier.

-Est-ce que cela pourrait avoir un lien avec sa chute?

-Elle n’a pas voulu me le dire au début de notre entretien, mais après avoir insisté, elle m’a dit que c’était le cas. Il semblerait que cette petite fille en question avec qui elle ne s’entend pas, lui ai fait plusieurs remarques désobligeantes et l’a mise au défit, vous savez comment sont les enfants entre eux.

-Oui, ils peuvent faire preuve de cruauté, je le sais.

-Aujourd’hui elles en sont venues aux mains.

-Madame Andrews, Katy n’a que six ans.

-Justement, voilà la raison pour laquelle je vous en parle aussi sérieusement, Katy est encore très jeune et une telle réaction pour une fillette de son âge est signe qu’elle a vécu d’importants traumatismes.

-Il est vrai que je n’ai pas toujours menée la vie que j’ai aujourd’hui, admit la jeune femme, elle a vu un homme lever la main sur moi à plusieurs reprises. Je pense que ça reste encore dans son esprit même si elle était jeune.

-Je comprends mieux dans ce cas.

-Ce n’est pas une excuse, je vais la reprendre, je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses pour le comportement de ma fille, elle sera réprimandée et je la remettrais dans le droit chemin.

-Je le sais, Katy n’est pas une fillette méchante, elle a juste besoin de repères et de limites, comme tous les enfants. Je sais que vous faites de votre mieux, et ne doutez pas; vous faites ce qu’il faut.

-Je vous avoue qu’il m’arrive d’en douter, en effet, lança Lily en riant.

-Je l’imagine parfaitement, c’est pour cette raison que je vous le dis, répondit Anna de la même manière.

Lily lui sourit tendrement et regarda Katy un peu plus loin, se balancer à peine, le regard perdu dans le vide.

-Nous la placerons dans un autre groupe, ne vous en faites pas, elle devrait s’y sentir plus à l’aise, il faut dire que nous avons souvent des soucis avec l’autre petite fille, elle aussi a connu un passé tumultueux.

-Je ne peux qu’imaginer à quel point cela peut être difficile pour des enfants de cet âge.

-Vous n’avez pas idée.

Elles restèrent silencieuses à regarder Katy un peu plus loin avant que la directrice de l’institut ne reprenne la parole.

-N’oubliez pas de venir à la kermesse dans deux semaines, je pense que ca ferai du bien à votre fille.

-Oui, bien entendu, elle m’en parlait souvent avant son petit accident.

-C’est un vrai moment de bonheur pour tout le monde, admit Anna, et peut être devriez-vous demander au père de Katy de venir, ca lui ferait plaisir de voir ses parents ensembles.

-Je…excusez-moi mais, Katy ne connait pas son père.

-Oh, je ne comprends pas, elle en parle pourtant, c’était justement le sujet de discorde avec Stéphanie.

-Que vous a-t-elle dit à propos de lui?

-Qu’il travaillait beaucoup et qu’elle ne le voyait jamais, mais qu’il vivait ici depuis quelques temps.

-Je ne sais pas où elle va chercher tout ceci, soupira Lily, je pense qu’une petite discussion s’impose vraiment entre nous.

-Je vous le conseille en effet, cependant, ce père semblait bien réel, peut être y aurait-il une personne qu’elle considérait comme tel.

-Je pense l’époux de ma mère, elle est vraiment proche de lui, et il la considère comme sa propre petite fille.

-Il est possible en effet, qu’elle le considère comme tel. Mais si c’est bien le cas, et s’ils se trouvent aussi proches l’un de l’autre comme vous me le dites, peut être devrait-il venir à la kermesse. Elle est ouverte à toutes les familles de nos élèves. Katy a besoin d’être entourée des personnes qui comptent pour elle, je pense que ça pourrait être une bonne occasion.

Anna soupira et regarda sa montre.

-Je vais devoir vous laisser, je suis navrée, j’ai été ravie d’avoir cette conversation avec vous.

-Moi de même, répondit Lily en souriant.

Anna se leva et la jeune femme fit de même. Elle lui tendit la main et lui sourit tendrement.

-Merci de m’avoir accorder quelques minutes.

-Je le fais pour Katy, je vous remercie de m’avoir parlé de tout ca.

-Je le fais également pour Katy, répondit-elle en souriant.

Elles se serrèrent la main et se saluèrent avant que la directrice ne rejoigne le bâtiment. La jeune femme respira profondément et se dirigea vers les balançoires un peu plus loin. La fillette ne l’avait pas vu approcher, bien trop perdue dans ses pensées à regarder un jeune garçon se lover dans les bras de son père.

Sa mère avança doucement et se pencha vers elle avant de lui sourire tendrement.

-Ca va ma chérie?

Katy acquiesça et baissa les yeux, regardant le bout de ses chaussures. Lily se mit accroupi devant elle et la regarda avec insistance.

-Tu vas me gronder? Demanda Katy après quelques temps.

-Eh bien, crois-tu que tu mérite de l’être? Lança Lily.

-J’ai fait mal à une fille parce qu’elle avait été méchante avec moi.

-Madame Andrews me l’a dit. J’ai été très étonnée et très déçue d’apprendre ce que tu as fait. Il faut que tu saches que rien ne se règle par la violence. Si quelque chose ne va pas, ou si une personne te fait du mal, tu as le droit de te défendre, mais pas comme tu l’as fait, tu comprends?

-Oui, je suis désolée maman

-Je l’espère bien, Katy, répondit Lily, et il va falloir que tu t’excuse auprès de cette petite fille.

-Non, je veux pas, protesta la fillette.

-Tu dois le faire, c’est la moindre des choses.

-Elle va me faire mal.

-Non, je te le promets, je serais là, elle ne te fera rien, mais tu devras lui parler.

-D’accord mais si tu restes avec moi, répondit timidement Katy.

-Je te le promets, je serais-là…J’aimerai te parler d’une chose encore, murmura la jeune mère en levant le menton de la fillette pour qu’elle la regarde. Ma puce, il faut que tu saches également que mentir ce n’est pas bien. Je sais que tu m’as vu le faire plus d’une fois, et même si mes raisons étaient bonnes, je ne devais pas le faire. J’espère que tu comprends que toi non plus tu ne peux pas faire ça.

-Mais, j’ai fais de mal à personne.

-Non, peut être pas, mais les mensonges font toujours du mal à quelqu’un même si l’on ne s’en rend pas toujours compte.

-Alors, je dois dire pardon à tonton Frank?

-Oui, tu l’as un peu déçu en lui disant que tu étais malade alors que tu n’avais rien du tout.

-Il m’en veut?

-Ca tu le sauras seulement si tu lui demande pardon.

-D’accord, répondit Katy en acquiesçant timidement.

-Encore une petite chose, tu as parlé à Madame Andrews de ton papa, je sais qu’il te manque beaucoup ma puce mais tu ne peux pas dire qu’il vit ici. Tu lui a dis que c’était tonton Frank?

-Non, je sais que c’est que l’amoureux de Mia.

-Alors pourquoi tu as inventé cette histoire chérie?

La fillette ne la regarda pas. Alors, Lily lui prit tendrement le visage entre ses mains et ancra son regard dans le sien.

-Réponds-moi ma puce.

-Moi je veux un papa, alors j’ai dis que c’était le mien.

-Qui? Insista Lily.

-Tu vas te fâcher.

-Encore une fois, si tu ne me le dis pas, tu ne peux pas le savoir.

-Le docteur, il est très gentil avec moi et il m’appelle princesse et puis il veut m’emmener promener son chien avec lui. Toi aussi il t’aime bien, alors ben…je voulais qu’il soit mon papa.

-Katy, soupira Lily, tu…as fait croire que Aaron était ton papa?

-Oui, répondit timidement la fillette.

-Ma puce, soupira Lily, je sais que tu l’aimes beaucoup. Il est très gentil c’est vrai, moi aussi j’aimerai bien qu’il s’occupe de nous comme s’il était ton papa mais…malheureusement on ne peut pas toujours avoir ce qu’on le souhaite, même si c’est ce que l’on le souhaite le plus au monde.

-Mais toi tu voulais ta maman et tu l’as trouvé et puis, je voulais que tu guérisse et tu es aussi guérie.

-C’est un peu plus compliqué ma chérie, si s’est arrivé c’est que nous avons toutes les deux fait tout pour que ca arrive.

-Alors, on a qu’a demander à Aaron de s’occuper de nous, lança la fillette en souriant.

-Ca ne marche pas comme ça, je suis désolée, mais…on peut toujours lui demander de venir avec nous à la kermesse, ça te dis?

-Tu crois qu’il voudra?

-Eh bien, on va lui poser la question. On verra bien ce qu’il répond.

-D’accord, répondit fièrement Katy.

-Bien, alors et si on rentrait à la maison maintenant?

-On va pas acheter une glace à la fraise? On fait toujours ça le lundi.

-Ah non, demoiselle, je reste encore un peu fâchée contre toi, dit-elle en caressant tendrement son nez. Et ne me fais pas cette moue, je ne changerais pas d’avis, c’est déjà bien que je ne te tire pas les oreilles.

Katy ne répondit pas. Lily se leva et lui tendit la main. Sa fille la prit et se leva également. Elles prirent le chemin de leur appartement, main dans la main, en silence chacune perdue dans ses pensées et ses remords ne songeant qu‘à une personne...le jeune médecin.

 

Aaron avait eu un appel de Lily la veille. Il fut ravi d’entendre qu’elle acceptait de faire la balade tous les trois qu’il avait proposé de faire avec Katy. Il l’avait attendu depuis longtemps déjà et ce jeudi là tous étaient disponibles. Lui, allait prendre une garde de nuit quelques heures plus tard, Lily avait terminé ses horaires à la bibliothèque et ne se rendait pas au Hump Bar ce soir là, quant à Katy, elle venait de quitter l’institut au bras de sa mère. Toutes deux s’étaient rendues à la jetée où la jeune femme faisait régulièrement du jogging avec le médecin lorsqu’il n’était pas de garde. Cela ne s’était produit que très rarement, il est vrai, mais elle connaissait ce coin par cœur déjà.

Elles attendaient pendant quelques minutes, toutes les deux assises sur un banc en face de l’Océan lorsqu’une main se glissa entre elles, tendant deux pots de glaces remplis à ras bord. Elles ouvrirent toutes les deux des yeux étonnés et gourmands avant de regarder la personne qui se trouvait derrière elles.

-Fraise pour mademoiselle Katy et vanille avec coulis de framboise pour vous, lança Aaron en souriant largement.

-Merci, répondit Lily avec le sourire en les lui prenant avant de tendre à Katy celle qui lui était destinée, mais comment savez-vous que se sont nos parfums favoris?

-Moi aussi, j’ai mes sources, répondit-il simplement en souriant de plus belle encore.

Il fit le tour du banc et vint se placer face à elles. Katy lui sourit largement en mangeant la glace qu’elle avait reçue.

-Merci, répondit-elle entre deux cuillerées, woaw, c’est ton chien? Lança-t-elle en regardant l’animal gentiment assit aux pieds de son maitre. Il est trop beau.

-Oui c’est lui, je te présente Pain de Mie.

-Le nom n’a absolument rien à voir avec son apparence je présume? Intervint Lily.

-Euh…non aucun, fit le jeune homme en riant, mais il lui plait bien.

-Oh oui, j’imagine, répondit Lily en riant également, alors voila enfin celui dont on m’a tellement parlé, murmura-t-elle en caressant tendrement le museau de l’animal.

Celui-ci se laissa aller avec plaisir aux douces caresses et agréables gratouilles que lui offrait la jeune femme.

-Je peux aussi le caresser? Demanda timidement Katy.

-Oui, bien sûr, il faut juste faire doucement parce qu’il ne te connait pas, lui expliqua Aaron, tu verras il est très gentil, caresse le derrière l’oreille il adore ça.

Katy s’approcha doucement. Alors que Lily lui prit le pot vide où elle avait déjà tout engloutit; la fillette se mit devant elle et caressa doucement le haut de la tête de Pain de Mie. Lily la regardait en souriant tout en continuant de manger sa glace. Aaron profita de ce moment où Katy était occupée, pour prendre place sur le banc et se pencher sur l’oreille de la jeune femme.

-Au fait, je ne vous ai pas dit bonjour, bonjour, murmura-t-il lorsqu’il avait capté son regard.

-Bonjour, répondit Lily sur le même ton sans le quitter des yeux.

-Il parait que vous vouliez me parler d’une chose importante?

-Oui, c’est à propos de Katy, mais…c’est à elle de vous le demander.

-Vous n’osez pas le faire vous-même? Fit-il en riant.

-Cela ne me concerne pas, c’est entre vous et ma fille, répliqua aussitôt la jeune femme.

-Etes-vous jalouse?

-Aaron, gronda Lily en essayant de contenir son rire, qu’est-ce que vous allez chercher?

-On ne sait jamais.

-Non, je ne suis pas jalouse, c’est juste que c’est important pour ma fille alors je tiens a ce que, justement, cela reste entre vous.

-Vous ne me connaissez pourtant pas depuis si longtemps que ça.

-Oui, je le sais mais…ne sommes nous pas amis? Je vous connais assez pour savoir que je peux vous faire confiance en ce qui concerne certaines choses ,et le bien être de ma fille en fait partie.

-Bien, dans ce cas, j’attendrais le moment où elle m’en parlera.

-Parfait, murmura Lily qui voulait avoir le dernier mot.

Elle finit sa glace et ils décidèrent de faire quelques pas. Katy n’avait toujours pas demandé à Aaron de les accompagner à la petite fête organisée par l’école. Lily ne l’avait pas poussé à aborder le sujet, estimant que si sa fille n’oserait pas le faire, elle pourrait toujours l’aider avant qu’ils ne se séparent.

Ainsi, ils marchèrent main dans la main le long de la jetée, Pain de Mie en tête, Katy tenant à la fois la main de sa mère et du jeune médecin. Ils discutèrent de choses et d’autres, ils riaient beaucoup tous les trois. Quand vient l’heure pour eux de se séparer, Lily emboita le pas afin que Katy invite le jeune homme.

-Tu as dis à Aaron que tu avais une kermesse bientôt?

-Euh, non, répondit timidement Katy.

Lily accorda un regard à Aaron qui comprit que cette kermesse était justement le sujet qu’elle n’avait pas pu aborder.

-C’est vrai? Lança joyeusement le médecin. Avec des jeux et des gâteaux?

-Oui, répondit Katy en souriant, il y aura même un spectacle.

-Mais c’est super…tu y vas avec ta maman?

-Oui, mais on peut venir avec qui on veut.

-Mais c’est quand cette kermesse? Demanda Aaron en lui accordant toute son attention

-Samedi après midi, répondit Katy.

-Tu crois que j’aurais le droit de venir si je voulais?

-Tu veux venir? Fit Katy avec joie.

-Si j’ai le droit et si ta maman le veut bien, moi j’aime beaucoup les courses de sacs à patates, j’ai toujours gagné à ce jeu là.

-Moi je suis plus forte, répondit fièrement la fillette.

-Que dis-tu de vérifier ça samedi après-midi? Il y en aura sûrement.

-D’accord.

Lily sourit largement face à cet échange attendrissant. Aaron savait utiliser les mots qu’il fallait, il savait comment réagir avec Katy. Il était prévenant, doux, drôle et soucieux d’elle, ce qui fit tomber la jeune femme un peu plus amoureuse de lui.

-Maman il peut venir, tu as dis oui. Comme ça il va s’occuper de nous.

-Euh…oui, bredouilla Lily, on se donne rendez-vous pour quatorze heures? Ca vous ira?

-Le lieu et j’y serais sans faute.

-Eh bien, vous connaissez le jardin public du quatre juillet?

-Il y a un endroit avec de bons gâteaux, fit Katy le plus sérieusement.

-Vivre à proximité d’une pâtisserie, cela ne m’étonne pas de vous, ria Aaron.

-Bon eh bien…débrouillez-vous, lança Lily faussement vexée.

-Je plaisante, avec la taille que vous avez-vous…

-Stop.

-Jardin public du quatre juillet, quatorze heures, samedi en huit, j’y serais, répondit Aaron qui comprit qu’il devait arrêter d’asticoter la jeune femme s’il ne voulait pas qu’elle lui saute au cou pour l’étrangler.

-Parfait, nous nous reverrons à ce moment là.

-Pas de jogging de prévu cette semaine? Dit-il sur un ton déçu.

-Non, je vais me goinfrer de pâtisseries.

Aaron secoua la tête de gauche à droit. Décidément cette femme aimait le faire tourner en bourrique et lui, il tombait sous son charme un peu plus chaque jour.

Ils finirent par se saluer et chacun rentra chez soi, un souvenir heureux en tête de cette après midi passée entre amis.

Ce matin là, la jeune femme avait longtemps hésité entre plusieurs tenues avant de se décider pour une fine robe blanche lui tombant jusqu’aux genoux. Elle avait un décolleté en « v » et de larges bretelles parées de fines dentelles. Lily avait opté pour porter un pendentif de forme ronde qui tombait parfaitement à mis chemin entre son cou et sa poitrine. Elle n’avait remonté qu’une partie de ses cheveux qu’elle avait attachés à l’aide de petites barrettes blanches également, en forme de fleurs. Elle se trouvait face à la glace de la salle de bains, se maquillant avec soin lorsque Katy entra. Elle s’assit sur le rebord de la baignoire et la regarda en silence jusqu’au moment où la jeune femme avait fini. Elle mit encore une touche de parfum et soupira profondément avant de se retourner vers la fillette.

-Tu crois qu’on va lui plaire? Murmura Lily en s’approchant de Katy.

-A Aaron?

-A qui d’autre ma chérie, lança Lily en riant. Oui, à Aaron, j’aimerai beaucoup lui plaire tu sais…mais ne lui dis surtout pas.

La fillette lui sourit un peu plus et la jeune mère s’assit à côté d’elle avant de reprendre.

-Je sais que toi il t’adore, dit-elle en lui prenant la main, mais tu vois, pour moi ce n’est pas vraiment la même chose. C’est un peu plus compliqué et…j’ai un peu peur d’être déçue.

-Tu es la plus jolie maman de la terre, répondit Katy.

-Oh, Katy, soupira Lily en déposant un baiser sur le haut de sa tête, ça tu vois c’est la chose la plus gentille que tu aurais pu me dire pour me rassurer.

-Mais c’est vrai, répondit la fillette le plus sérieusement du monde.

-Merci, murmura Lily, j’espère qu’être la plus jolie maman du monde suffira, j’espère de tout cœur, parce que je sais que toi aussi tu aime beaucoup Aaron et je ne voudrais pas que tu sois malheureuse si tu ne devais plus le voir par ma faute.

-Mais non, ca arrivera pas maman , répondit Katy en se serrant tout contre elle pour une tendre étreinte.

-J’aimerai le croire, soupira Lily avant de fermer les yeux quelques secondes.

Elles restèrent enlacées quelques temps avant de se séparer. Lily finit de préparer sa fille, puis, toutes deux quittèrent l’appartement et descendirent au parc un peu plus loin dans la rue. Aaron les attendait déjà adossé à sa voiture.

-N’oublie pas Katy, fit Lily en se tournant un instant vers elle avant d’avancer un peu plus, ce que je t’ai dis dans la salle de bains est un secret, d’accord? Aaron ne doit pas savoir.

-Pourquoi?

-Parce que…c’est entre nous, je ne veux pas qu’il sache, alors promets-moi de ne pas lui en parler.

-D’accord, je promets.

-Bien, lança Lily en lui caressant tendrement la joue, allons-y.

Elles parcoururent le reste du chemin jusqu’au jeune homme. Il leur sourit tendrement avant d’accueillir contre lui la fillette.

-Hey, salut princesse, dit-il en la soulevant, ca va aujourd’hui?

-Oui, répondit Katy en souriant.

-Bonjour, lança Lily de la même manière, vous êtes en avance? Eh bien, je croirais assister à un miracle.

-Bonjour à vous aussi, fit-il sur le même ton, et c’est moi qui assiste à une merveille, vous êtes très jolies toutes les deux.

-Merci, répondit Lily.

Ils ne se quittèrent pas des yeux pendant quelques instants qui semblèrent une éternité au jeune couple avant que Aaron ne reprenne la parole.

-Nous devrions y aller pour ne pas rater le début du spectacle, se serait dommage, n’est-ce pas petite puce? Lança-t-il en regardant la fillette qu’il tenait toujours.

-Oui.

-En route, dans ce cas, dit-il en la reposant à terre.

Il lui ouvrit la portière arrière de la voiture et la fillette y entra. Katy s’assit sagement et la jeune mère l’attacha. Elle déposa un doux baiser sur son nez avant de refermer. Lily fit le tour de la voiture et fut agréablement surprise en voyant Aaron lui ouvrir la portière.

-Si vous voulez bien vous donner la peine de rentrer, murmura-t-il.

-Merci, quel gentlemen, répondit Lily en souriant avant de prendre place.

Il lui sourit de plus belle et ferma la porte avant de refaire le tour de la voiture et de se mettre au volant. Les deux adultes s’attachèrent.

-Nous pouvons y aller? Demanda Aaron en regardant dans la glace latérale, prête à passer une super après-midi, princesse?

-Oui, répondit fièrement Katy en souriant de toutes ses dents.

-Et vous? Murmura-t-il à l’attention de Lily.

-La réponse à été donnée.

-Parfait, en route dans ce cas.

Il démarra et après quelques minutes passées sur la route, ils arrivèrent au parking de l’institut déjà bien rempli. Il faisait beau ce jour là et du monde était venu à la petite fête organisée. Le spectacle ne commençait que dans une vingtaines de minutes. Ils prirent place autour d’une grande table ronde décorée avec soin pour l’occasion et Aaron alla chercher des boissons rafraichissantes pour tout le monde. Sur le chemin, un nombre impressionnant de femmes plus ou moins âgées se tournèrent sur son passage, le regardant de la tête aux pieds, un sourire béat sur les lèvres. Lily, qui l’avait regardé partir, n’avait pas beaucoup aimé les réactions qu’il laissait derrière lui. Elle avait ressenti une pointe de jalousie et elle ne manqua pas de jeter un regard lourd de sens à ceux des femmes qu’elle voyait plus loin.

Aaron la rejoignit et distribua les boissons. Ils échangèrent quelques mots tous les trois avant qu’un autre couple accompagné de deux enfants ne demande s’ils pouvaient prendre place avec eux. Ils acceptèrent avec joie et le spectacle commença. Ils n’avaient pas choisit les meilleures places et Katy avait bien du mal à voir ce qu’il se passait sur la scène un peu plus loin. Alors, Aaron la prit sur ses genoux et se décala un peu de la table pour qu’elle voit mieux. Ils passèrent tout le spectacle de cette manière, Lily un peu plus loin, contre la table, les observant du coin de l’œil.

Lorsque le spectacle fut terminé, ils discutèrent quelques minutes avec ceux qui partageaient leur table puis les enfants se précipitèrent aux jeux. Ils jouaient et riaient beaucoup, adultes, comme enfants passaient un très bon moment. Aaron et Katy se lancèrent dans une course de sac dont le prix était un baiser de la part de Lily. Tout un attroupement s’était formé autour d’eux pour voir ce duel peu banal entre une fillette de six ans et un homme de presque trente ans.

La course fut serrée et quelque peu trichée. Aaron avait volontairement ralentit l’allure pour permettre à Katy de le suivre mais celle-ci avait fait de même. Aaron gagna la partie mais Katy gagna son pari. Sa mère devait donner un baiser au vainqueur et pour cette raison elle avait fait semblant de perdre, même si, de toute évidence, le jeune homme aurait gagné en combat loyal. Il ne se fit pas prié pour recevoir sa récompense. Lily quand à elle, se réjouissait de pouvoir prouver à toutes les femmes qui ne quittaient pas des yeux le jeune médecin, qu’il n’était pas libre et qu’il valait mieux pour elles qu’elles ne s’en approchent pas de trop près. Ainsi, elle profita que beaucoup de personnes se trouvent présentes pour se mettre sur la pointe des pieds et déposer un tendre baiser sur ses lèvres, posant ses mains dans sa nuque quelques instants. Elle embrassa sa fille également.

-Tu as bien joué ma puce, murmura-t-elle avant de se relever.

-Aurais-je eu le droit à un baiser de votre part même si j’avais perdu? Demanda Aaron en souriant.

-Ca, vous ne le saurez jamais, répondit la jeune femme en riant.

-On parie?

-Nous verrons bien si vous m’aurez à l’usure.

-Je compte utiliser une méthode bien plus agréable pour nous deux.

-Et laquelle?

-Ca, vous ne le saurez que lorsque je l‘emploierais, murmura Aaron avant de s’éloigner.

Ils finirent l’après-midi comme ils l’avaient commencé, dans la joie et la bonne humeur. Katy ramena deux peluches gagnées à la loterie ainsi qu’une quantité de souvenirs heureux. Aaron et Lily quant à eux, avaient la sensation que les choses allaient évoluer entre eux, qu’ils ne resteraient sans doute plus très longtemps amis, mais qu’ils seraient beaucoup plus que cela l’un pour l’autre.

 

La jeune femme était arrivée depuis quelques minutes devant la maison où vivait sa famille. Frank lui avait demandé de l’attendre là, le temps qu’il apporte une dernière touche à ce qu’il préparait depuis des jours. Lily avait été étonnée mais ne broncha pas. Elle échangea quelques mots avec son frère qui venait d’être accepté dans une école d’architecture. Il commencerait les cours deux mois plus tard.

-C’est bon, tu peux venir, lança Frank un peu plus loin, interrompant ainsi leur conversation.

Lily se dirigea vers le garage et s’arrêta devant, là où se trouvait son beau père.

-Il faudra y changer quelques pièces, mais je devrais pouvoir le faire. Qu’en dis-tu?

La jeune femme ne sut quoi répondre, se demandant si elle comprenait bien ce que le Major essayait de lui dire.

-Elle est un peu vieille, je sais, mais je pense que ce n’est que temporaire, si tu veux lorsque tu en auras trouvé une qui te plaît, je pourrais t’aider à l’acheter, tu me rembourseras quand tu pourras, mais celle-ci est à toi. Tu n’as aucunement besoin de me payer quoique se soit, finit Frank en souriant largement.

Lily avança vers lui et caressa du bout des doigts la tôle sombre de la voiture.

-Frank, je…je ne peux pas.

-C’est mieux que tu ais une voiture Elizabeth, ne serais-ce que pour Katy. Cela facilitera tes déplacements, tu en as besoin, alors je crois que ce n’est pas négociable. Je t’aiderais à la remettre parfaitement en état.

-Oui, je…Merci, soupira Lily avant de se jeter contre lui.

Il lui sourit tendrement et referma ses bras autour d’elle. Après quelques temps, ils se séparèrent.

-A présent, rejoins ta mère, je crois qu’elle t’attends pour que tu te prépare pour ce soir. Elle m’a parlé d’une robe, d’un dîner…

-Oui, euh, coupa Lily, je vais dîner avec Aaron. A ce propos, je vous remercie tous les deux de vous occuper de Katy.

-Tu plaisantes? Lança Frank en riant. Ca ne nous dérange pas, voyons.

-Vous avez prévu quoi?

-Un fast-food et un film au cinéma, nous ne devrions pas rentrer trop tard.

-Vous avez les clés, alors, ne vous en inquiétez pas, vous pouvez rester tout le temps que vous voudrez.

-Oui, restez longtemps, lança Jeremy un peu plus loin, je vais avoir la maison pour moi tout seul, merci grande-sœur.

-Je t’en prie, répondit Lily en souriant.

Elle échangea encore un regard avec son beau père puis elle se dirigea vers la maison.

-Je vais me préparer, elles doivent m’attendre en échafaudant encore un de leur plan.

-Bienvenue dans mon monde, lancèrent Frank et Jeremy à l’unisson.

La jeune femme entra et trouva sa mère, ainsi que ses amies dans le séjour, buvant tranquillement un thé.

-Nous nous demandions si Katy était venue seule, lança Pamela.

-Non, je suis là, salut, lança-t-elle à tout le monde.

-Salut, répondit Claudia Joy.

-Salut Lily, fit Denise.

-Salut, dit Roxy avant de boire une gorgée.

-Tu as vu Frank dehors? Demanda Denise en souriant.

-Oui, je lui ai remercié mais, vous n’auriez pas dû c’est beaucoup trop.

-Ce n’est pas nous, mais lui, répondit Denise, il tenait à le faire. Il ne m’a pas demandé mon avis, il m’en a seulement parlé.

-Bon eh bien, tu as rendez-vous à quelle heure avec le beau Aaron? Fit Claudia Joy en souriant.

-Il passera me prendre ici à vingt heures, zéro, zéro.

-Dans ce cas, tu devrais aller te changer, fit Roxy. Opération séduction ce soir.

-Oh je t’en prie, soupira Lily, où se trouve Katy?

-Dans la chambre de Jeremy, elle joue avec un de ses jeux vidéos.

-Pas un jeu de…

-Ne t’inquiète pas, la coupa sa mère, il y a veillé.

-Ok, merci, je ne voudrais pas qu’elle entre dans l’armée. Elle aime déjà un peu trop cet univers, à mon goût. Sans vouloir vous vexer, ajouta la jeune femme.

-Tu ne nous vexe pas, lança Pamela, nous aussi on aimerait que certains aiment moins cet univers.

Lily lui sourit timidement et s’adressa à sa mère à nouveau.

-La robe se trouve où?

-Je l’ai mise sur notre lit.

-D’accord, je vais me changer, à toute à l’heure, je pense que vous voulez toutes voir ce que ca donne?

-Oh oui, fit Roxy.

-Ca n’arrive pas tous les jours de te voir porter une robe de soirée, ajouta Claudia Joy.

-Si seulement j’avais choisi le restaurant comme cela était prévu, murmura-t-elle entre ses dents.

Elle s’éclipsa dans la chambre au fond du couloir et referma la porte derrière elle alors que les autres femmes continuèrent de discuter et de rire un peu plus loin.

Lily se déshabilla et passa la robe qu’elle avait achetée quelques jours plus tôt dans une boutique chic du centre ville. Denise l’avait accompagné pour l’aider à la choisir. Le dîner qui était prévu avec Aaron depuis quelques temps déjà, avait lieu ce soir là. C’était le jeune homme qui avait choisit le restaurant, voyant que Lily n’arrivait pas à se décider. Seulement la jeune femme ne savait pas que le médecin avait demandé conseil à l’infirmière avec laquelle il travaillait de temps à autre. Si Lily l’apprenait, elle serait sans doute froissée d’avoir été manipulée une fois encore.

Après avoir passé la robe noire, elle rejoignit la salle de bains où elle se maquilla avec soin et se coiffa longuement. Elle mit les chaussures à talons qu’elle avait choisit, puis elle se tourna vers la glace. Lily soupira profondément avant d’ouvrir la porte donnant dans le couloir. Des rires lui venaient à ses oreilles. Elle avança doucement rejoignant ainsi le séjour. Lily émit un bref raclement de gorge avant que tous les regards ne convergent vers elle. Toutes les personnes présentes restèrent silencieuses en regardant la jeune femme qui se tenait devant elles.

La robe noire qu’elle portait, mettait en valeur sa poitrine ainsi que ses jambes fuselées. Le décolleté laissait voir une bonne partie de sa peau claire et la fente qui se trouvait sur le côté gauche de sa robe montait jusque sur sa cuisse, à peine au-dessus de son genoux. Lily avait les cheveux détachés, mais légèrement coiffés vers l’arrière, laissant voir les boucles d’oreilles qu’elle avait reçus le jour de son anniversaire par l’homme avec qui elle avait rendez-vous ce soir là. Ses yeux étaient cernées de noir et ses lèvres brillaient.

-Dites quelque chose, lança Lily avec gêne, c’est si horrible que ca? J’ai essayé de…

-Tu es superbe, fit Claudia Joy.

-Superbe? Tu parles, un vrai canon, oui, rétorqua Pamela.

-Arrêtez, murmura Lily de plus en plus mal à l’aise.

-Il te manque quelque chose, dit Denise en se levant, reste là, je sais ce qui ira avec cette tenue.

Lily n’eu pas le temps de répondre, que déjà Denise avait rejoins la chambre et fouillait dans un meuble. Lorsqu’elle avait trouvé ce qu’elle cherchait, elle rejoignit le salon à nouveau, un large sourire sur les lèvres. Elle s’approcha de sa fille et lui montra ce qu’elle tenait comme un trésor.

-Il m’a été offert par mon fiancé, il y a bien longtemps déjà, c’est une bonne occasion pour que je te l’offre.

-Denise, Frank sera d’accord que tu te sépares de ce collier? Il est magnifique.

-Il est parfait pour toi, lança le Major un peu plus loin, je suis même flatté que ta mère te l’offre, je pensais qu’elle ne l’avait plus depuis des années.

-Je l’ai précieusement gardé, j’ai gardé tout ce que tu m’as offert, rétorqua Denise à son époux.

Il lui sourit et la jeune femme se tourna vers sa fille à nouveau.

-Enlève les cheveux de ta nuque, murmura-t-elle en se penchant vers elle.

-Denise…

-Ne discute pas, fit-elle en lui faisant les gros yeux.

Lily ne répondit pas, laissant paraitre une grimace sur son visage. Denise lui attacha le collier de perles dans sa nuque et se remit face à elle. Elle replaça soigneusement ses cheveux et lui sourit tendrement.

-Maintenant, tu es parfaite, murmura-t-elle avec fierté.

-Merci, soupira Lily sur le même ton en effleurant le collier.

La mère lui caressa tendrement la joue un instant avant de se tourner vers ses amis.

-Ok, là, il va complètement craquer, dit Roxy en souriant.

-C’est certain, appuya Pamela.

Les jeunes femmes restèrent encore quelques minutes à discuter avant que les amies ne quittent le domicile des Sherwood pour rentrer chez elles. Lily attendit encore quelques minutes avant d’entendre la porte d’entrée sonner. Elle se leva d’un bond et replaça convenablement sa robe. Puis, elle se dirigea vers la porte, posant sur ses épaules nues l’écharpe sombre qu’elle avait acheté la semaine précédente. Katy arriva auprès d’elle, alors que Denise allait ouvrir. Aaron était là, se tenant parfaitement droit dans son smoking noir d’où sortait sa chemise blanche. Il sourit à Denise et la salua avant de se tourner vers Lily qui se trouvait plus loin.

-Bonsoir, vous êtes prête?

-Bonsoir, répondit Lily en s’avançant, oui, nous pouvons y aller. Tu restes sage Katy, murmura-t-elle à l’attention de celle-ci, je ne rentrerais pas trop tard.

-D’accord, acquiesça la fillette.

-A ce soir ma puce, dit-elle avant de déposer un baiser sur sa joue.

-A bientôt Katy, lança Aaron en lui souriant, au revoir Denise.

-Au revoir, à jeudi, lança la mère en souriant.

Lily se pencha vers elle et lui déposa un tendre baiser sur la joue.

-Bonne soirée, amusez-vous bien.

-Toi aussi, murmura Denise en lui accordant un sourire, j’ai l’impression de te voir aller au bal de promo.

-Merci, j’espère cependant qu’il ne se passera pas ce qu’il m’est arrivé au bal de promo, soupira Lily.

-Qu’est-il arrivée?

-La petite puce qui se tient dans ton salon, même si je l’aime de tout mon cœur et que je ne regrettes rien, un autre enfant si vite ne serait pas une bonne idée.

-Je n’ai pas besoin de t’expliquer ce qu’il faut pour…

-Ca ira, la coupa Lily, bonne soirée, dit-elle en souriant avant de rejoindre Aaron qui se trouvait plus loin.

Denise les regarda partir et referma la porte en souriant.

-Allez Katy, on va se changer, nous allons manger en ville avec Frank ce soir et ensuite, nous irons au cinéma.

-Ouais, cria la fillette en la suivant dans la salle de bains.

 

Le trajet de la base au restaurant choisit pour dîner ce soir là, se passa dans le plus grand des silences. Ils avaient bien échangé quelques mots en partant, mais rien de plus. Rien de plus perceptible que les tendres sourires et les rapides coups d’œil qu’ils se jetaient l’un à l’autre. Le jeune homme n’avait pu s’empêcher de la regarder. Bien qu’ayant remarqué une fois de plus sa beauté lors de la kermesse de Katy, ce soir là, il la trouvait encore plus belle. Il avait l’impression qu’elle le devenait davantage de jour en jour.

Lorsqu’ils arrivèrent devant la porte d’entrée du restaurant, Lily resta bouche bée, ne pouvait articuler aucun mot tant elle était surprise.

-Aaron, soupira-t-elle en se tournant vers lui, ce restaurant est sans doute le plus cher de toute la ville.

-Vous portez la tenue adéquate, dit-il en souriant.

-Aaron, vous voulez m’impressionner?

-J’espère ne pas avoir besoin de ça pour le faire. Je ne cherche pas à vous acheter Elizabeth.

-Ca y ressemble pourtant, dit-elle en souriant.

-Je ne veux pas vous offenser, croyez-moi, c’est juste que, j’aimerai vous faire plaisir.

-Vous le faites, même si vous n’avez pas besoin de tout ça.

-Dans ce cas, j’en suis ravi.

-Allons-y, je sens que vous allez me dire quelque chose qui va me fâcher et puis, je ne voudrais pas perdre une réservation dans un tel restaurant.

Lily lui sourit de plus belle et ouvrit la porte. Un homme vint la lui tenir pendant que Aaron fit le tour de la voiture. Lily en sortit et la referma derrière elle. Le jeune homme tendit les clés et s’approcha de Lily. Elle s’accrocha tendrement à son bras, et, après un dernier regard, ils entrèrent. L’intérieur était tout aussi beau que la jeune femme l’avait imaginé. La décoration était chic et élégante sans être ostentatoire. Il y avait juste ce qu’il fallait pour relever le cachet de l’édifice et pour qu’on s’y sente à l’aise. Ils avaient été guidés vers une table au fond de la salle, un peu à l’écart des autres. Lily y avait prit place, puis Aaron en avait fait de même avant d’accepter les menus que leur tendait le serveur. Celui-ci s’éclipsa rapidement, les laissant choisir ce qu’ils désiraient manger. La jeune femme regardait avec envie ce qu’il s’y trouvait.

-Je ne sais vraiment pas quoi choisir, tout à l’air si bon, soupira-t-telle en balayant du regard la carte.

-C’est vrai que ca à l’air délicieux, murmura Aaron en la quittant enfin du regard.

-Je pense que je vais choisir le magret de canard avec son accompagnement, dit-elle en fermant la carte.

-Vous avez déjà choisi ? Alors que vous hésitiez tellement? S’étonna le jeune homme.

Lily rit de bon cœur.

-Je ne suis pas difficile vous savez.

-Je ne le pensais pas.

-Vous savez ce que je vous propose de faire ce soir? Dit-elle en s’avançant un peu sur la table. Je vais vous faire découvrir une autre facette de ma personnalité, vous allez rencontrer la vraie Elizabeth, ce soir je vais laisser Lily dans un coin de ma tête.

-Depuis le temps que je le souhaitais, je dois dire cependant que j’aime beaucoup celle que je connais.

-Vous avez vaguement effleuré celle que vous ne connaissez pas, murmura-telle en fuyant son regard.

-Ce soir là, dans votre chambre d’hôpital, n’est-ce pas?

-Oui, répondit-elle en levant les yeux vers lui. Je pense vous connaitre assez à présent pour vous montrer mon vrai visage.

-J’en suis flatté, répondit sincèrement le médecin.

-Mais, à une seule condition, reprit Lily sur un ton plus fort, que de votre côté, vous soyez un peu moins fier de vous, je sais que vous n’êtes pas aussi arrogant que vous le faites croire.

-Et qu’est-ce qu’il vous fait croire ça? Demanda-t-il en riant.

-Ce même soir, dans la même chambre d’hôpital et puis, lorsque vous êtes avec Katy.

Ils restèrent silencieux un moment avant que le serveur ne vienne prendre leur commande. Aaron la passa pour eux deux et lorsque l’homme s’en alla à nouveau, il se pencha sur la table et parla à voix basse.

-C’est entendu, je serais celui que j’étais ce soir là, dit-il en effleurant la main de la jeune femme.

Il la retira aussitôt et Lily sentit un frisson parcourir tout son corps. Pour toute réponse, elle lui sourit. Ils finirent par changer de sujet d’un commun accord qui n’était qu’un regard.

Le repas fut amené et ils dînèrent dans la bonne humeur, entre rires, murmures et discussions en tous genres.

Ils quittèrent le restaurant bien plus d’une heure plus tard. Lily était toujours solidement accrochée au bras d’Aaron lorsqu’ils regagnèrent la voiture en riant.

-Je vais vous ramener chez vous, lança Aaron en ouvrant la portière passager.

-Quoi déjà? La nuit ne fait que commencer, lui répondit Lily.

-Vous ne voulez pas rentrer pour Katy? S’étonna le jeune homme.

-Elle est entre de bonnes mains avec sa grand-mère et son grand-père, j’ai toute la nuit devant moi si je le souhaite.

-Oh, eh bien, que désirez vous faire dans ce cas?

-Marcher, répondit-elle avec aplomb.

-Marcher? Mais où?

-Le long de la plage, j’ai toujours rêvé de faire ça, marcher de nuit sur le sable, sentir les vagues me caresser doucement les orteils.

-Bien, puisque cette soirée est la votre, allons marcher. Mais ne vous plaigniez pas si vous avez un rhume la semaine prochaine.

-Merci beaucoup, répondit Lily en souriant avant de monter en voiture.

Il fit le tour de la voiture et démarra. Ils roulèrent quelques minutes avant d’atteindre une plage à la sortie de la ville. Le jeune homme se gara et il ne fallut qu’une minute à Lily pour se trouver déjà dehors. Il la suivit, alors qu’elle s’était arrêtée face à l’océan et regardait la lune s’y refléter.

-C’est magnifique, soupira-t-elle, on a l’impression qu’elle nous invite à la suivre.

-Oui, répondit simplement Aaron dans son dos, mais ne le faites pas, nous n’avons pas de maillot de bain.

-Oh, lança Lily en se retournant violement vers lui, Aaron je ne vous connais pas assez pour me baigner toute nue avec vous.

-Je…non, je ne sous entendais pas que…

Il resta silencieux un moment, plongeant son regard dans celui de la jeune femme.

-Vous êtes en train de vous foutre de moi, soupira-t-il plus calmement alors qu’il avait vu le sourire se dessiner sur les lèvres de Lily.

-Oui, un peu, allez venez, allons à l’eau, retirez vos chaussures et venez la sentir se glisser sur vos pieds.

-Elle doit être glacée, protesta-t-il.

-Je vous croyais plus courageux, lança Lily en enlevant ses chaussures.

-Je le suis, mais…

-Allez, venez, le coupa Lily en lui prenant la main.

Il la suivit jusqu’au bord de l’eau et resta là sans bouger, tenant fermement la main de la jeune femme dans la sienne.

-Si vous ne retirez pas vos belles chaussures monsieur le chirurgien, elles risquent d’être bonnes à jeter.

-Je m’en fiche, murmura Aaron en s’approchant un peu plus de Lily, j’ai beaucoup plus important dans ma vie à présent que des chaussures italiennes.

-Elles sont italiennes en plus? Fit Lily sur le même ton.

Il lui sourit simplement tout en passant une de ses mains dans le dos de la jeune femme. Voyant qu’elle ne bronchait pas et qu’elle ne quittait pas son regard, il diminua la distance qui séparait son corps du sien.

-Aaron, je…bredouilla Lily.

Elle sentit un autre frisson la parcourir de la tête au pied. Aaron l’avait vu. Il se recula d’un pas et la lâcha. Lily le regardait sans comprendre ce qu’il faisait. Le médecin enleva sa veste et la posa délicatement sur les épaules de la jeune femme, veillant à effleurer à peine sa peau.

-Tenez, murmura-t-il je ne voudrais pas que vous soyez malade avec toutes vos folies. Bien que, je serais ravi de pouvoir m’occuper de vous si jamais ça arrive.

Elle lui sourit et se blottit dans la veste chaude qui portait l’odeur de l’homme se tenant en face d’elle. Elle le fixa un moment du regard, croyant y voir une pointe d’hésitation. Aaron doutait, elle le voyait, elle savait qu’il n’était de loin pas aussi sûr de lui qu’il le laissait paraître, elle en avait la certitude à présent. Alors, elle décida de reprendre les choses en mains. Elle diminua à son tour les centimètres qui les séparaient tout en refermant avec plus de force ses doigts sur ceux du jeune homme.

-Je ne sais pas si je peux, murmura Aaron alors qu’il se trouvait presque sur ses lèvres.

-Moi je le peux peut être, répondit Lily de la même manière, mais j’aimerai que vous le fassiez. Je vous en prie, finit-elle en fermant les yeux. Aaron, souffla-t-elle du bout des lèvres.

Il la regarda encore un instant se tenir contre lui avant de fermer les yeux lui aussi. Son bras libre reprit, tout naturellement, le chemin de la taille de la jeune femme, venant s’y enrouler comme un serpent. Il l’attira contre lui et déposa ses lèvres sur les siennes. Le baiser était doux, comme ceux qu’ils avaient partagé plusieurs fois. Mais rapidement, ils l’approfondirent. Ils ne s’étaient pas arrêtés à la barrière de leurs lèvres, ils les avaient franchis pour une lutte lente et sensuelle. Ils n’avaient aucune envie de briser cette étreinte et ce baiser qu’ils auraient pu prolonger des minutes entières. Ils voulaient continuer de sentir le corps de l’autre appuyer contre le sien, ils auraient aimé ressentir cette chaleur les envahir des heures entières. Mais l’air commença à leur manquer. Ils échangèrent plusieurs autres tendres baisers, découvrant la saveur de l’autre, puis, ils finirent par se séparer doucement, un sourire sur les lèvres. Ils échangèrent encore un regard, avant que Lily ne se tourne vers l’océan. Elle avait besoin de remettre ses idées en place et si elle continuait de regarder Aaron et de voir le sourire qu’il lui lançait, elle risquait de perdre tous ses moyens.

Elle soupira et regarda les étoiles.

-Si on marchait un peu, proposa le jeune homme en lui prenant la main à nouveau, cette nuit est magnifique, nous devrions en profiter, murmura-t-il à son oreille.

-Oui, répondit Lily en souriant, profitons-en la nuit est à nous.

Ainsi, ils firent quelques pas sur le sable, presque en silence, n’ayant que pour seul contact, leurs doigts enlacés.

 

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