Julia R.
 
 

A New Life
Fanfiction by Julia R.


 

La journée touchait à sa fin. Tous les invités rentraient un à un chez eux. Roxy salua une dernière fois Lily et s’en alla elle aussi après avoir aidé Claudia Joy et Denise à ranger les dernières chaises. Les deux jeunes femmes se tenaient devant la véranda. Elles regardaient Lily et Katy assises plus loin. Beaucoup de personnes avaient parlé avec la jeune femme. Mais pas Denise. Après leur tendre étreinte, elle l’avait conduite jusqu'à l’arrière de la maison et lui avait proposé à boire et à manger. Elle n’était pas restée avec elle. Elle n’avait pas pu l’affronter, et puis, elles n’étaient pas seules. A présent, c’était différent.

Katy n’avait pas quitté sa mère. Elle tenait fermement sa main et n’avait cessé de la regarder. Elle n’était plus allée jouer. Tout ce qui comptait était de resté avec Lily, de peur qu’elle ne la quitte une nouvelle fois.

Lily était couchée dans un lourd fauteuil en bois. Elle était encore fragile et fatiguée. Katy s’était allongée sur elle. Elle serrait sa main entre les siennes et avait posé sa tête sur sa poitrine. Lily la regardait sans rien dire. De sa main valide, elle caressait ses cheveux sombres.

-Denise, tu devrais y aller, murmura Claudia Joy à l’attention de son amie qui regardait toujours Lily et Katy enlacées.

-J’ai peur d’y aller.

-Denise, tu dois aller lui parler, il le faut.

Elle se retourna vers elle.

-Je ne peux pas

-Bien sûr que si, lui répondit son amie en lui caressant tendrement l’épaule.

-Je n’y arriverai pas Claudia Joy.

-Si tu y arriveras, j’en suis persuadée. Ta fille est là, elle est en vie et elle à besoin que tu lui parles, tout comme toi tu en as besoin.

-Qu’est-ce que je vais lui dire ?

-Tu trouveras, j’ai confiance, allez vas-y, il est plus que temps.

Denise acquiesça et essuya les larmes d’émotions qui avaient coulés sur ces joues. Elle respira profondément et avança, tremblante, jusqu’à la jeune femme et sa fille.

Lily leva la tête en la voyant s’approcher d’elles. Denise lui sourit timidement et avança encore un peu, très doucement.

-Lily j’aimerai, j’aimerai te parler, si tu veux bien, dit-elle d’une voix tremblante.

La jeune femme acquiesça et se pencha sur la fillette.

-Katy, Katy ma chérie…

La petite fille leva les yeux vers elle et Lily lui caressa tendrement la joue.

-Katy, je dois discuter avec Denise.

-Je veux rester.

-Non ma puce, c’est très important, je dois être seule avec elle, c’est une histoire de grandes personnes et pour une fois, tu ne peux pas rester avec moi.

-Maman !

-S’il te plait.

-Katy ? Lança plus loin Claudia Joy, tu viens ? Ta maman doit parler avec Denise d’une chose très importante, tu ne peux pas rester avec elles ; viens avec moi.

-Mais maman va partir.

-Non ma puce, je ne partirais pas, je te le promets, je ne partirais plus jamais sans toi.

-C’est promis ?

-Oui, c’est promis.

Katy regarda Claudia Joy lui tendre la main. Puis, elle porta son attention sur Lily une nouvelle fois.

-Je t’aime maman.

-Moi aussi je t’aime ma puce.

Elles s’étreignirent un instant et Katy se leva. Elle rejoignit Claudia Joy et se tourna une dernière fois vers les deux femmes.

-Ta maman t’aime aussi tu sais.

Puis, elle se retourna et prit la main de Claudia Joy et toutes deux rentrèrent dans la maison pour les laisser seules.

Denise n’avait toujours rien dit. Lily ne la regardait pas. Elle pensait à ce que Katy lui avait dit avant de partir. Elle se redressa sur le fauteuil. Denise s’assit sur celui qui se trouvait à coté du sien. Elle soupira profondément et plaça ses mains sur ses genoux. Aucune des deux femmes ne voulaient prendre la parole. C’était beaucoup trop dur, pour l’une comme pour l’autre.

Lily se décida enfin à regarder Denise. Ses yeux bleus accrochèrent le regard chocolat. Elles se sourirent timidement.

-J’aimerai vous dire merci, commença Lily d’une voix à peine audible, merci pour cette greffe.

-Ce n’est rien, répondit Denise sur le même ton.

-Et pour Katy aussi, merci mille fois, je…je vais trouver un travail et je vais vous rembourser son opération, les soins et la rééducation.

-Lily, non, j’ai payé et je continuerai de le faire.

-Mais…

-Katy est une petite fille merveilleuse et c’est ma petite fille, je l’aime de tout mon cœur, alors, je peux bien faire ça pour elle.

-Vous…vous êtes sûre ?

-Oui.

Denise lui sourit tendrement et s’approcha doucement. Elle lui prit les mains entre les siennes et les regarda un moment avant de lever les yeux vers sa fille.

-J’aimerai, j’aimerai te demander pardon, pour tout le mal que je t’ai fais. Je suis vraiment désolée.

-Denise…

-Laisse moi finir s’il te plait. Elizabeth, tu es ma fille et je suis très fière de toi, de ce que tu es devenue. Je regrettes chaque instant de n’avoir pu vivre à tes cotés mais, j’ai fais ce que je croyais bon à ce moment là. J’aurai voulu te garder près de moi, j’en mourrai d’envie. Je n’ai pas été assez forte pour le faire et je le regrette chaque jour. J’ai pensé à chacun de tes anniversaires. J’entendais tes pleurs dans mes cauchemars. Je me demandais comment tu étais. J’aurai voulu te protéger de tout ce qui t’est arrivé, mais je n’ai rien fait, et je m’en voudrais toute ma vie. Toute ma vie tu entends ? Tu m’as manqué pendant toutes ces années, terriblement, chaque seconde, chaque Noël, chaque anniversaire. J’avais perdu la personne que j’aimais le plus au monde. On m’avait privé de toi, on t’avait arraché à ma vie. J’ai cru que je ne me remettrais jamais. Mais j’ai rencontré un homme, Frank. Je l’ai aimé dès le premier instant. Il m’a appris à aimer vraiment une nouvelle fois. J’ai eu un enfant avec lui…que j’ai aimé et que j’aime plus que tout, mais tu partage cette place avec lui Elizabeth, je t’aime autant que Jeremy, vous êtes mes enfants…

Elle pleurait doucement tout en parlant. Lily resserra ses doigts autour de ceux de Denise. Elle lui sourit timidement. Et puis, une main lâcha celles de sa mère et elle effleura du bout des doigts les larmes qui coulaient sur ses joues. Une seule seconde. Denise lui sourit elle aussi.

-Ne pleurez pas, s’il vous plait, murmura la jeune femme.

Elles restèrent encore silencieuses un moment et la main de Lily quitta le visage de Denise. Elle reprit la parole d’une voix tremblante.

-Je vous en ai voulu pendant des années, je croyais que je ne méritais pas d’être aimé. Que j’étais une erreur. Quand j’ai appris que j’étais malade, il fallait trouver un donneur. Mes parents adoptifs n’étaient pas compatibles. Je pensais être condamnée. Alors, j’ai profité de la vie sans penser au lendemain. J’ai eu Katy et tout a changé une nouvelle fois. J’ai commencé à comprendre. J’ai eu peur d’annoncer ma grossesse à mes parents. Ils l’ont vu par eux même. Je les ai suppliés de garder l’enfant qui grandissait en moi. Je ne sais pas ce qu’il en ont pensé mais ils ont accepté mon choix. Je suis désolée de vous dire ça Denise mais…je vous en ai voulu une nouvelle fois, encore plus fort, parce que moi on acceptait que j’ai un enfant et qu’on était là pour moi et pour lui. Alors, je ne comprenais pas qu’on puisse abandonner un être qui avait grandi en nous pendant neuf mois. Un être sans défense, qu’on devait protéger et aimer. J’aimerai vous poser une question. Pourquoi ?

-Je n’avais pas le choix. Moi, il n’y avait personne pour me soutenir.

-C’était la seule raison ? Je ne comptais pas assez pour vous pour que vous vous battiez pour me garder auprès de vous ?

-Ce n’est pas si simple, du moins ça ne l’était pas à cette époque. On est venu te chercher la nuit à la pouponnière, pendant que je dormais. J’ai entendu tes cris dans le couloir, je me suis précipité mais on m’a retenu, je n’ai rien pu faire que pleurer, encore et encore, assise au milieu de ce couloir alors qu’ils t’emmenaient loin de moi.

-Vous mentez ! Lança Lily en se levant. C’est faux, vous ne vouliez pas de moi. Ma mère n’aurai jamais fais ça.

-Non, non c’est la vérité.

Denise se leva elle aussi et s’approcha d’elle.

-Je te jure que c’est la vérité, Katy Roberts était une femme merveilleuse, mais ce soir là, elle t’a enlevé à moi.

-Pourquoi dites-vous ça ? Pourquoi est-ce que vous la salissez ?

- Parce que c’est vrai, tu dois savoir la vérité je ne veux en aucun cas ternir sa mémoire, mais elle a fait ça, c’est la vérité.

Lily pleura doucement et fuit le regard de la jeune femme en face d’elle. Elle commença à trembler comme une feuille. Un vertige la fit perdre pied. Denise la prit par le bras et l’attira sur le fauteuil une nouvelle fois. Elle la regarda d’un air inquiet.

-Ca va ?

-Ca va passer, murmura Lily en fermant les yeux.

Elles restèrent silencieuses un moment. Denise ne détachait pas son regard d’elle. Lorsque Lily reprit ses esprits en sentant que la douleur et le malaise se dissipait doucement, elle ouvrit une nouvelle fois les yeux et plongea son regard dans celui de Denise.

-Je n’ai pas de raison de te mentir Elizabeth, murmura Denise.

-Alors…et…mon père ? J’aimerai que vous me parliez de lui.

-Ton père était un professeur de la fac. Il était le plus jeune professeur. Il était doué, je l’avais en biochimie. Mais…

-C’était un con c’est ça ? Lança la jeune femme sur un ton froid.

-Pourquoi dis-tu ça ? Tu as pu le connaître ?

-Non, non mais, j’ai retrouvé sa trace, il s’est suicidé…en prison.

-Je ne savais pas, murmura Denise en baissant les yeux.

-Viol, grommela Lily. Je suppose qu’avec un peu de chance, moi aussi, je suis l’enfant d’un viol ?

-Non, oh grand Dieu non ! Lança Denise en la regardant à nouveau. J’ai aimé ton père, je l’ai sans doute plus aimé que lui ne m’a aimé, mais nous avons tous les deux voulu ce qu’il s’est passé. Il était charmeur c’est vrai mais, il ne savait pas faire de mal aux autres et aux femmes en particulier.

-Eh bien, une d’elle n’a pas cru ça.

-Je n’arrive pas à croire qu’il a pu faire ça. Il a dû bien changer.

-Il ne l’a pas fait, soupira Lily, j’ai enquêté, il était innocent. Il s’est suicidé parce qu’il avait été condamné et qu’il était innocent. Il est mort en prison. Innocent. Répéta la jeune femme en regardant au loin.

-Pourquoi m’avoir fait croire le contraire ?

-Pour voir votre réaction. Elle tourna son visage une nouvelle fois vers la femme assise sur le fauteuil à coté d’elle et lui sourit timidement. Je suis désolée, c’est un vieux réflexe alors, vous pouvez me parler de lui, de votre rencontre et de ma venue ? J’aimerai savoir.

-Oui, nous sommes sortis ensembles deux ou trois fois, pas plus et puis nous avons fais ce que tout jeunes gens font. Nous avons couchés ensembles, après trois mois de liaison secrète, je lui ai dit que j’étais tombée enceinte. Il m’a quitté dans la minute, il n’était pas prêt à assumer ça.

-Tiens, ça me rappelle quelqu’un.

Elles se sourirent et Denise reprit.

-J’ai fini mon année, mais j’ai séché tous ses cours pour ne pas avoir à le croiser, tu es née et je ne l’ai plus jamais revu, sauf une fois, quand je suis sortie avec Frank, avant notre mariage et notre déménagement. Il a eu l’élégance de faire croire qu’il ne me connaissait pas, je lui en remercie, sans cela je pense que Frank ne serait pas mon époux.

-Alors, vous vous êtes aimé et je suis venue ?

-Oui, malgré tout ce qui est arrivé, je l’ai aimé Elizabeth, c’était mon premier amour.

-Pourquoi avoir dit à vos amies que vous n’avez connu que votre époux ?

-Pour que personne ne sache.

-Par honte de moi ?

-Non, j’avais honte de moi, de ce que j’avais fait comme tu l’as dis j’ai abandonné un petit être sans défense, un être que je devais protéger et aimer, je suis une mauvaise mère, et j’ai voulu le cacher aux autres, ainsi qu’à Frank.

Lily ne répondit pas et regarda le sol. Denise se pencha sur elle et lui prit une nouvelle fois les mains dans les siennes.

-Elizabeth, maintenant c’est terminé. Je veux que tout le monde sache que tu es ma fille, parce que je t’aime et que je veux que tu fasses partie de ma vie, chaque jour.

-Votre, votre époux ? Comment va-t-il prendre cette nouvelle ?

-J’ai un peu peur de sa réaction c’est vrai mais, je ne renoncerai pas à passer du temps avec toi à cause de ce qu’il pourrait dire ou faire. Je l’aime, mais j’aime mes enfants encore davantage.

-Je peux vous faire du mal, à vous et à votre famille. J’ai fais des choses…

-Je le sais, je sais ce que tu as fais dans le passé, j’ai rencontré Alberto et Thomas, ils m’ont parlé de toi.

-Vous, vous êtes allée à New York ?

-Oui, j’ai voulu te retrouver et te connaître.

Les larmes coulèrent sur les joues de la jeune femme. Elle sentit la main de Denise se refermer sur les siennes.

-Je ne peux qu’imaginer ce par quoi tu es passé à cause de moi.

-Non, ne dites pas ça, ce n’est pas votre faute. Moi aussi j’ai fais ce que je croyais bon à ce moment là.

-Finalement on se ressembles un peu, répondit Denise en souriant.

-Oui, acquiesça Lily en souriant elle aussi, on a un passé assez similaire. Aaron n’a pas cessé de me le répéter, il est du même avis. Il m’a dit qu’il vous avait rencontré et je l’ai lu dans votre lettre.

-Oui, c’est un jeune homme formidable.

-Un ange gardien, murmura Lily en baissant les yeux.

Elles restèrent silencieuses, chacune perdues dans ses pensées. Puis, Denise reprit la parole.

-J’aimerai te demander une chose, si tu es d’accord ?

-Quoi, demanda Lily en la regardant une nouvelle fois.

-Est-ce que tu crois qu’on pourrait ce tutoyer, enfin, que tu pourrai me tutoyer ? Ça me ferait plaisir. Si tu veux bien sûr.

Lily sourit.

-Oui, ça me ferait plaisir aussi.

Elles se sourirent tendrement et se regardèrent un long moment.

-Denise, tu, tu veux bien te mettre a coté de moi ? Je crois que là, en ce moment j’ai besoin de quelqu’un à coté de moi pour me dire que tout ira bien. J’ai un peu peur de ce qui se passe.

Denise lui sourit, se leva et se mit sur le même fauteuil que Lily. Celle-ci la regarda un moment et respira profondément.

-Je veux aussi faire partie de ta vie, dit-elle dans un souffle. Alors, peut être qu’on mettra du temps à apprendre à ce connaître mais, j’ai envie qu’on essaye.

-C’est une très bonne idée, répondit Denise en souriant.

Elle posa son front contre le sien un instant et Lily éclata en sanglot. Elle se blottit un peu plus contre elle. La plus âgée des femmes resserra ses bras autour d’elle. Lily enfouit sa tête dans son cou. Elle sentait cette odeur déjà familière et rassurante. Elle se sentait davantage en paix. Sereine, se laissant allez dans cette tendre étreinte que lui offrait Denise.

-Merci, merci, dit-elle en sanglotant doucement, tu m’as tellement manqué.

-Je suis là maintenant, murmura-t-elle en souriant.

Elle caressa tendrement ses cheveux et la berça doucement, comme on berce une fillette qui s’est fait mal. Lily était aussi fragile qu’une petite fille à cet instant.

Denise appréciait la sensation qui naissait en elle ; cette chaleur qui envahissait son cœur. Elle se sentait apaisée. Sa fille, sa petite fille était dans ses bras pour cette douce et tendre étreinte. Cette petite fille qu’elle n’avait plus vu depuis des années mais qu’elle aimait profondément. Il faudrait peut être du temps pour qu’elles puissent avoir une relation mère/fille digne de ce nom, mais Denise s’en fichait du temps que ça prendrait. Elle était avec elle et elle avait envie de faire partie de sa vie, comme Lily avait envie de faire partie de la sienne. Pour Denise, qui tenait toujours Lily fermement contre elle, c’est tout ce qui comptait, rattrapé le temps perdu, ensembles.

Lily se réveillait enfin. Il faisait jour depuis longtemps déjà. Elle avait si bien dormi. La veille, elle était restée chez Denise. Celle-ci avait insisté pour qu’elle reste pour la nuit . Il était hors de question qu’elle aille au motel. La chambre de Jeremy était libre.

Ainsi, Claudia Joy les avaient rapidement laissées seules. Katy n’avait pas lâché Lily une seule seconde. Toutes les trois avaient très peu parlé ce soir là. Lily et Denise ne voulaient pas bousculer les choses. Pour le moment elles recherchaient cette même complicité qu’elles avaient connue quelques semaines plutôt. Il s’agissait de ne pas brûler les étapes. Elles se connaissaient déjà en tant qu’amie, à présent, il fallait qu’elles fassent plus ample connaissance. Denise avait envie de lui poser des tonnes de questions, tout comme Lily qui se demandait un tas de choses sur sa famille et ses origines. Mais aucune des deux n’entama la conversation. Surtout pas devant Katy, pas pour le moment, il était encore bien trop tôt.

La soirée avait donc tourné court. Lily était encore fatiguée. Elle s’était endormie rapidement dans le lit de Jeremy, Katy blottie contre elle.

C’est ainsi qu’elle se réveilla. Elle ouvrit les yeux et vit un regard bleu océan s’ancrer dans le sien. Lily sourit et caressa tendrement le front de sa fille.

-Bonjour Katy, tu as bien dormi ma puce?

Celle-ci fit « oui » de la tête et Lily soupira.

-Tu m’as tellement manqué, si tu savais.

-Pourquoi tu es partie maman? Tu m’aimais plus?

-Oh si mon cœur, je t’aime et je t’ai toujours aimé.

-Mais, j’ai dis des choses méchantes et tu étais très fâchée avec moi.

-Oui, c’est vrai, admit la jeune femme, mais tu sais, j’ai aussi fais des choses pas très gentilles. Je t’ai fais des promesses que je n’ai pas tenues, tu avais le droit de me le dire et d‘être en colère.

-C’est pas à cause de moi alors que tu es partie?

-Non, ne t’inquiète pas.

-C’est à cause de Mia? Parce qu’elle savait pas qu’elle était ta maman?

-C’est un peu ça, Katy. Mais tu sais c’est très compliqué entre Denise et moi.

La fillette ne répondit pas et Lily l’embrassa tendrement. Elle la regarda un moment et reprit la parole en souriant.

-A quoi tu penses? Qu’est-ce qui traverse ta petite tête?

-Mia elle a dit que tu étais malade et que tu voulais pas me faire mal…le docteur il t’a guéri maintenant?

-Oui.

Katy sourit largement et Lily en fit de même.

-Alors, tu me laisseras plus!

-Non, plus jamais.

Elle se sourirent et la fillette posa la question qui lui avait traversé l’esprit depuis quelques temps déjà.

-Maman, est-ce que je suis une grande?

-Pourquoi tu me demande ça?

-Ben…je crois que je t’aime très très fort, mais que j’aime aussi Mia très très fort, et tu m’as dis que si on aimait plusieurs personnes très fort c’est qu’on était une grande.

Lily rit doucement et caressa son front.

-Oui, ma puce tu deviens grande, et puis, Denise m’a dit que tu avais été très courageuse pour l’opération, je me trompe?

-Oui, j’ai pas pleuré!

-Eh bien, tu vois, ça sa montre que tu deviens une grande, et je sais qu’un jour tu seras une jeune fille exceptionnelle.

-Tu crois?

-Oh oui, j’en suis sûre.

-Moi, je veux pas être exceptionnelle, je veux être comme toi.

Lily eu la larme à l’œil et se pencha sur sa petite fille pour lui déposer un doux baiser sur la joue.

-C’est très gentil ce que tu viens de dire ma puce.

Katy sourit et elles s’étreignirent un long moment. Lily ferma les yeux. Elle savoura cet instant paisible, où elle se contentait de serrer dans ses bras sa fille. Cette petite fille qu’elle avait abandonné quelques semaines plutôt et qui lui avait tant manqué. A cet instant, elle sût qu’elle avait fait le bon choix en revenant à Charleston, elle n’aurai jamais pu vivre autrement que de voir grandir sa fille auprès d‘elle. Mais après tout, Aaron lui avait dit. Elle sourit en pensant au jeune homme. Depuis qu’elle avait retrouvé sa mère et sa fille, elle n’y avait plus pensé une seule seconde. Mais à présent ; elle jeta un regard par la fenêtre. Elle se demandait s’il pouvait être exposé au même rayon de soleil qu’elle, s’il pouvait sentir le souffle du vent qui balayait la cime des arbres au-dehors. Lily se demandait si Aron pensait à elle, s’il lui arrivait de se demander ce qu’elle faisait, s’il l’oublierait un jour…

Elle respira profondément puis s’écarta doucement de la fillette. Celle-ci leva immédiatement les yeux vers elle.

-Katy, on se lève? Regarde il fait beau, et puis j’ai un peu faim, pas toi?

La petite fille acquiesça en souriant et toutes deux se redressèrent dans le lit. Lily s’étira et Katy en fit de même. La jeune femme se leva. Katy prit ses appareils sur la table de chevet et regarda sa mère en les lui tendant. Lily sourit et les lui mis.

Elle plaça deux mèches de cheveux derrière les oreilles de la fillette et lui parla doucement.

-Et voilà Mademoiselle Roberts, allons-y.

Katy lui tendit la main, qu’elle prit immédiatement. Toutes deux quittèrent la pièce main dans la main. Elles arrivèrent dans le séjour en souriant.

-Hey, bonjour vous deux, lança Denise dans la cuisine.

-Bonjour Denise.

-Vous avez bien dormi?

-Oh oui, c’était parfait, répondit la jeune femme.

-Je suis ravie de l’entendre, et toi Katy?

-Maman a dormi plus que moi.

Les deux femmes rirent et Lily s’assit à la table garnie de nombreuses choses.

-Eh bien, je vois que tu nous as préparé un festin.

-Je me suis fait plaisir, j’avais envie de cuisiner un peu. Il faut dire que j’ai seulement cuit les pancakes. Il faudra que tu me donne des cours de cuisine.

-Aucun problème je serai très contente de le faire.

-Ne te réjouis pas trop vite, je ne suis pas la meilleure des cuisinières.

Elles rirent une nouvelle fois et Lily se servit.

-C’est parfait Denise, merci.

-De rien, régalez-vous.

Elles se sourirent et Lily ainsi que Katy déjeunèrent calmement sous le regard bienveillant de Denise.

 

Elles étaient installées depuis quelques minutes déjà avant que le téléphone ne sonne. Denise se leva presque immédiatement. Elle décrocha et s’avança dans le salon.

« -Madame Sherwood.

-Hey Madame Sherwood, Monsieur Sherwood à l’appareil, lança Frank en souriant.

-Frank, soupira Denise à l’autre bout du fil. »

Frank fronça les sourcils et s’éloigna de ses compagnons.

Le soleil était au zénith. Il avait tout juste quitté la tente de son supérieur direct qui lui avait annoncé qu’il rentrait au pays. Dans trois jours. Trois jours encore dans ce désert à respirer la poussière, trois jours avant qu’il ne revoit la femme de sa vie, trois jours avant de la prendre dans ses bras à nouveau. Une éternité. Alors, il avait prit le téléphone satellite et il avait composé son numéro. Il avait entendu sa voix si douce à l’autre bout du fil. Mais il s’ était étonné qu’elle ne soit pas plus enthousiaste, plus amoureuse. Il avait perçu quelque chose qu’il ne connaissait pas chez son épouse. Elle semblait lui cacher quelque chose. Il espérait que rien de grave venait de se produire, puisqu’il devait encore attendre, trois jours.

« -Frank? Frank, tu es toujours là?

-Oui, oui mon cœur, je suis là. »

Il s’ était vite reprit. Il ne voulait pas qu’elle se doute que lui-même imaginait les pires choses qu’il puisse se passer en son absence.

« -Ca me fait du bien de t’entendre, lança Denise.

Frank ferma les yeux et respira profondément. Il était soulagé.

-Moi aussi ça me fait du bien…Ecoute, j’ai un chose importante à t’annoncer.

-Quoi?

-Je rentre…je rentre au pays…dans trois jours.

-Tu…rentre? Mais…mais pourquoi enfin…déjà?

-Ca n’a pas l’air de te faire plaisir.

-Si! Frank, c’est une excellente nouvelle, seulement, je me demandais…pourquoi?

-Parce que pour le moment, ils n’ont pas besoin de moi ici… »

Il y eu un long moment passé dans un silence des plus total. Il n’entendait plus la voix de sa femme, seulement le bruit de l’artillerie au loin, les rires de ses camarades, le vent dans les toiles lourdes des tentes.

« -Denise?

-Oui, ex…excuse-moi, la communication est très mauvaise. Je suis contente de savoir que tu rentre bientôt, tu me manques.

-Toi aussi tu me manques…tu as eu mon petit cadeau?

-Oui, il est magnifique, merci.

-Ce n’est qu’un avant gout de ce que je te réserve en rentrant.

-Que veux tu dire par là?

-J’ai encore une petite surprise pour toi, je ne t’en dirai pas plus.

-Très bien, mais gare à toi, je me méfie de tes surprises, dit-elle en riant.

-Celle-ci te plaira j’en suis sûr…Je vais te laisser chérie, j’ai encore quelques petites choses à faire, je serai rentré jeudi.

-Tu atterris à quelle heure?

-Quinze heures G.M.T. Tu seras là?

-Bien sûr.

-Très bien, à jeudi mon cœur.

-A jeudi, fais attention à toi.

-Je te le promets, j’ai hâte de revoir mon ange gardien alors je ferai attention…je t’aime.

-Moi aussi je t’aime Frank.

-A bientôt.

-A bientôt. »

Il raccrocha et ferma les yeux un instant. Personne ne vit l’inquiétude dans son regard, dissimulé par d’épaisses lunettes noires. Il avait hâte de rentrer pour la retrouver mais aussi pour savoir ce qui se passait. Il respira profondément et rejoignit ses amis. Il passa le téléphone à l’un d’eux qui prévint, lui aussi son épouse de son retour imminent.

-Hey Frank, ça va?

-Ouais, lança celui-ci en s’asseyant sur une chaise en toile.

-Alors, pressé de rentrer?

-Plus que tu ne le penses.

-Eh bien, je suis heureux de t’annoncer que ton retour est prévu pour demain, tu passe par l’Allemagne pour revenir avec des blessés qui rentrent au pays. Tu seras chez toi mercredi.

-Attends, je viens de voir Reynolds et…

-Ouais, ben: changement de plan mon vieux, pendant que tu discutais avec la belle Denise, il a changé d’avis, c’est toi qui pars à la place d’Andrew, veinard! Lui lança son ami en lui donnant une tape sur l’épaule.

Le Major ne répondit pas et son regard se perdit au loin. Il rentrerait plus tôt. Il ne préviendrait pas son épouse. Ce n’ était peut être pas très honnête certes, mais s’il se passait vraiment quelque chose dans la vie de Denise, il le saurait. En rentrant à l’improviste, il serait plus à même de juger les changements qui pouvaient avoir eu lieux.

En raccrochant, Denise s’ était laissée tomber sur le canapé. Le moment qu’elle redoutait depuis si longtemps approchait à grands pas. Frank rentrerait dans trois jours, elle devait lui parler. Elle devait lui dire ce que fût sa vie avant lui. Elle devait lui parler de Lily, de Katy, de ce qu’elle n’avait pu lui avouer plutôt.

-Denise? Denise, tout va bien?

Elle sortit de ses pensées en voyant Lily à ses cotés. Celle-ci la regardait avec insistance. Elle y vit l’inquiétude dans son regard. Alors, elle lui sourit timidement, lui signalant que tout allait bien.

-Ca va.

-C’était Frank au téléphone? Demanda la jeune femme en s’asseyant sur la table basse en face d’elle.

-Oui, soupira Denise.

-Il rentre et tu ne lui as jamais parlé de moi, n’est-ce pas?

-Oui, c’est ça.

-Je vois, murmura Lily en baissant les yeux.

-Elizabeth, ça ne change en rien ce que je t’ai dis hier. Je n’ai pas encore eu le courage de parler à Frank, je pensais que ce moment ne viendrait pas encore, seulement, il est là, il rentre dans trois jours et je dois lui parler de toi, mais ce qu’il pourra dire ou encore faire, ne changera pas le fait que je veux que tu fasses partie de ma vie. Je ne veux pas te perdre une nouvelle fois.

Lily la regarda une nouvelle fois et ancra un peu plus son regard dans ses yeux couleur noisette.

-Mais tu ne veux pas perdre Frank non plus, ce que je comprends parfaitement. C’est pourquoi, il vaudrait mieux pour le moment que je vive ailleurs avec Katy et que je me f asse discrète, le temps que vous ayez cette discussion.

-Oui, je pense qu’il serait préférable que je parle de toi avant qu’il ne te rencontre. Mais il ne rentre que dans trois jours, je dois le chercher à l’aérodrome de la base jeudi, en attendant, restez encore toutes les deux ici.

-Et que ferons nous tout ce temps?

-Déjà, te reposer, d’une chose et puis, j’aimerai qu’on parle un peu toutes les deux, et Katy doit travailler tout les jours pour sa rééducation.

Lily baissa les yeux et sourit timidement.

-Pourquoi est-ce que tu souris? Lui demanda Denise étonnée.

-J’avais oublié ce que c ’était d’avoir une maman, répondit la jeune femme en la regardant une nouvelle fois.

Denise leva doucement la main et caressa tendrement sa joue.

-Eh bien, je crois que nous allons devoir nous habituer à cette situation toutes les deux, dit-elle en souriant.

-Ce n’est pas gagné.

-On a le reste de notre vie, tu ne crois pas?

-J’espère que ça prendra moins de temps.

-Moi aussi.

Elles se sourirent tendrement.

Après quelques temps, toutes deux se levèrent. Katy était revenue habillée. Lily alla prendre une douche et les rejoignit dans le salon. Denise et la fillette avait commencé leurs exercices. Lily n’était pas intervenue. Elle s’était contentée de regarder, en silence. Elle appréciait le spectacle qui s’offrait à elle. Elle espérait au plus profond d’elle-même, que rien de briserait ce qui était en train de se construire dans cette petite demeure de la base de Charleston. Une famille.

 

Lily se réveilla la dernière une fois de plus. Elle s’étira un long moment et regarda la pièce autour d’elle. Elle était presque totalement envahie de cartons, les siens. Ses affaires étaient soigneusement entreposées ici depuis son départ. Denise y avait jeté un coup d’œil. Mais elle avait remit tout en place.

La jeune femme respira profondément. Elle devait trouver une solution pour quitter le domicile de sa mère biologique. Elle devait se trouver un appartement où elle pouvait vivre avec sa fille. Elle devait s’y mettre au plus vite, les gens ne tarderaient pas à se poser des tonnes de questions et il deviendrait très vite ingérable pour les deux femmes d’essayer d’y répondre. Lily avait prit sa décision. Elle devait partir, quitter la base sur laquelle elle se trouvait illégalement. C’est ainsi qu’elle se leva et quitta la pièce, après y avoir jeté un dernier regard.

Denise et Katy se trouvaient dans la cuisine et déjeunaient lorsqu’elle les rejoignit. Elle les salua et s’assit à leurs cotés. Elle décida de commencer par la nouvelle idée qu’elle avait eue.

-Denise, j’aimerai te demander un service, toi qui connais un peu la ville, où est-ce que je pourrai trouver un appartement pas trop cher pour nous deux?

-Tu veux y’installer dans un appartement? Demanda la jeune femme étonnée.

-J’y ai réfléchi hier soir et un peu ce matin…on ne peut pas rester ici. On risque de se poser des questions et puis… Frank rentre dans deux jours, il ne doit pas me rencontrer avant…

Sa phrase resta en suspens. Il y avait une chose qu’elles avaient beaucoup de difficulté à aborder toute les deux; le fait que Denise la reconnaisse comme étant sa fille aux yeux de tous

et en particulier face à sa famille. Toutes deux savaient qu’elles devaient passer par là, mais elles savaient également que cette révélation ferait souffrir un bon nombre de personne.

-Je veux bien t’aider à trouver un logement mais, si vite ça me parait assez dur.

-Je sais, soupira la jeune femme, seulement…j’avais promis à ma fille que ce serait le dernier motel où nous vivrons et une fois de plus je ne tiens pas mes promesses.

-Elizabeth, murmura Denise en lui prenant la main.

Elles regardèrent toutes les deux la fillette manger tranquillement.

-Ecoute, tu lui diras que c’est temporaire, quelques jours, une semaine, peut être deux. Katy est une fillette intelligente, elle comprendra et elle est tellement heureuse que tu sois revenue guérie qu’elle ne t’en voudra pas.

-Tu crois? Demanda Lily avec inquiétude en levant les yeux vers elle.

-Oh, oui j’en suis persuadée. Ensuite dans quelques temps, vous vivrez ensembles dans un bel appartement.

-Il faudra que je règle encore le problème du loyer, que je trouve un emploi fixe qui me permette de payer les taxes, la nourriture, les vêtements.

-Ca viendra, ne t’inquiète pas…tu trouveras peut être un riche héritier à épouser, lança Denise en riant.

Lily rit elle aussi.

-Oh non, merci! Je ne crois pas au conte de fée: la pauvre bergère avec le beau prince, très peu pour moi.

-Et un beau médecin et sa patiente?

Lily rougit doucement et baissa les yeux.

-Aaron est à Goldsboro…et puis je ne suis pas amoureuse de lui, grommela la jeune femme en plongeant son regard dans sa tasse de thé.

-Mm mais qu’est-ce qui te fais croire que je pensais à lui, je disais ça comme ça, dit-elle en faisant un clin d’œil.

-Mouais…enfin, quoiqu’il en soit la question ne se pose pas, je ne dois pas m’attendre à compter sur un homme.

Elles restèrent silencieuses un moment. Lily était perdue dans ses pensées. Elle réalisa à quel point il lui manquait déjà. C’était idiot, elle ne le connaissait que depuis peu, ils ne cessaient d’être en conflit ensembles, sur tout. Elle ne l’avait plus revu que depuis deux jours, il ne pouvait pas lui manquer. Elle n’était pas amoureuse de lui et elle devait s’en convaincre. Elle devait l’oublier, simplement…

Pourtant les images de Aaron la serrant dans ses bras dans la chambre d’hôpital, la chaleur qu’elle avait ressenti en caressant ses lèvres, le frisson qui avait parcouru tout son corps lorsqu’elle l’avait embrassé avant de monter dans le bus; tout ceci était encore bien présent dans son esprit et elle douta qu’elle puisse oublier ce qui s’était passé en elle.

-Lily? Elizabeth? Tu m’écoute?

-Euh…je…

Elle regarda Denise qui semblait attendre une importante réponse de sa part. Elle s’ était égarée dans ses pensées et n’avait même pas entendu ce qu’elle lui avait dit.

-Ca va?

-Oui…oui, je pensais à…une chose.

-Une chose?

-C’est sans importance, se justifia la jeune femme, tu me disais quoi? Excuse-moi je n’ai pas entendu.

-Je me demandais si tu voulais qu’on aille en ville ensembles aujourd’hui, je ne travaille pas, je reprends mon service à partir de demain pour une garde de douze heures. On pourrait en profiter avant pour aller manger au restaurant et faire quelques courses.

-Du shopping? Demanda Lily en souriant.

-Si tu veux bien sûr, s’empressa de rajouter Denise, ce n’est pas New York mais il y a quelques boutiques plutôt intéressantes, je pense que tu pourrais trouver des affaires pour Katy et pour toi.

-C’est vrai que nous avons besoin de vêtements toutes les deux et que je n’ai plus fais de shopping depuis une éternité, je crois même ne plus savoir comment on fait.

Elles rirent toutes les deux et Denise reprit la parole.

-Alors c’est d’accord?

-Oui, ça me ferait plaisir…en revanche, je devrai me limiter un peu, il me reste un peu d’économie mais ce n’est pas un coffre plein.

-Je suis là, moi.

-Denise non! Hors de question.

L’infirmière se leva et commença à débarrasser la table.

-Je n’ai rien entendu, tu disais quelque chose?

-Je t’en prie Denise…ne fais pas plus que ce que tu n’as déjà fais.

-C’est mon devoir de le faire et j’en ai envie…J’ai envie de faire tout ça pour toi et Katy, ne me gâche pas ce plaisir. Je n’ai pas pu m’occuper de vous et encore moins de toi depuis des années, je veux changer ça.

-Je ne t’en veux pas, nous avons toutes les deux été gâtées et aimées durant notre enfance, tu n’as rien à vouloir te racheter.

-Si Elizabeth, j’ai énormément à me faire pardonner.

-Mais, je ne pourrais jamais te donner tout ce que tu m’offre.

-Non, c’est certain…parce que tu me donne beaucoup plus que je ne pourrais t’offrir.

-Denise, je ne demande pas tout ça…la seule chose que j’ai toujours voulue, tu me l’as déjà offerte.

-Qu’est-ce que c’est?

-Ton amour…c’est tout ce qui compte pour moi, tu m’as permis de continuer de vivre, tu t’es occupé de ma fille et…tu m’as dis ce qui s’est passé, pourquoi j’ai grandi loin de toi…la vérité et l’amour valent beaucoup plus que tout l’argent du monde. Et c’est pour cette raison que j’ai fait tout ce que j’ai pu pour te retrouver. Même si je ne savais pas ce qui allait m’arriver, l’amour pour ma fille m’a poussé à continuer, ainsi que le désir de savoir ce qui s’était passé.

-J’aimerai tellement faire plus, soupira Denise.

-Une journée de shopping c’est parfait, lança Lily en souriant.

-Ok, mais tu auras intérêt à accepter ce que j’aurai l’intention de t’offrir!

Elle lui fit un clin d’œil et se retourna. Lily se sentait mal à l’aise. Elle n’avait pas l’habitude qu’on fasse tant pour elle. Elle devait s’habituer à cette nouvelle situation, pour le moins plaisante: elle avait une mère à nouveau. Une femme qui s’occupait de son bien être, qui voulait passer du temps avec elle, qui l’aimait.

Les deux femmes marchaient cote à cote depuis un long moment. Elles étaient parties une demi-heure après le petit déjeuné de Lily. Denise et Katy se trouvaient de chaque coté de la jeune femme. Elles avaient commencé par des boutiques d’enfants. Katy avait eu une nouvelle robe blanche et rose, ainsi qu’un pull-over bleu ciel, un jean et des chaussures.

A présent, elles allaient manger dans un restaurant qu’appréciait particulièrement Denise, ensuite, après le repas, elles continueraient leur shopping pour trouver des vêtements pour la jeune femme.

Elles venaient de s’asseoir en terrasse. Elles avaient commandé des boissons. Elles parlaient, elles riaient. Elles passèrent commande. Lily regarda autour d’elle, cette ville était vraiment magnifique, elle l’aimait beaucoup et elle savait qu’elle s’y plairait. Elle ne voulait plus quitter cet endroit, ne plus quitter ses nouveaux amis et surtout sa nouvelle famille, sa seule famille, sa vraie famille. Elle sourit et ferma les yeux un court instant. Denise remarqua immédiatement le changement de comportement de la jeune femme et ne tarda pas à lui faire remarquer.

-Elizabeth?

Celle-ci la regarda et Denise lui sourit.

-Tu as l’air d’aller bien.

-Oui, oui je vais très bien…je crois que…je dois être heureuse, répondit timidement Lily.

-Heureuse? Eh bien…je crois que je le suis aussi, répondit Denise en riant.

-Finalement le bonheur c’est simple… un beau soleil, un repas en terrasse, des personnes qu’on aime…et un bon soda frais!

Elles rirent toutes les deux et la plus âgée des femmes reprit la parole.

-Oui, c’est simple tu as raison. On remarque que trop rarement la chance qu’on a…

Elles restèrent silencieuses un moment, buvant tranquillement leur boisson fraiche. Le serveur revint avec leur commande, et elles commencèrent à manger sans cesser leurs discussions.

-Je suis sûre que tout ira bien avec Frank, murmura Lily en plongeant son regard dans celui de la femme assise en face d’elle.

-Comment savais-tu que je pensais à ça?

-Une intuition, répondit Lily en souriant.

-Mm, j’espère qu’il ne va pas exploser, d’un côté il en aurait le droit, après tout, je lui ai caché un secret de taille…je pense souvent à la réaction qu‘il pourrait avoir. J‘ai un peu peur mais…de toute manière, je te l’ai dis; Frank ne brisera jamais ce que je veux construire avec toi et Katy.

-Je le sais Denise, mais ne détruis pas ton mariage à cause de nous. Je ne le veux pas…

-Ce sera à Frank de choisir…

-En tous cas, en ce qui nous concerne Katy et moi, j’ai pris ma décision…j’ai vu une agence de location un peu plus haut dans la rue, j’aimerai m’y arrêter avant que nous rentrons, ils auront peut être quelque chose qui pourrait nous convenir, on ne sait jamais.

-Pourquoi pas…nous y passerons tout à l’heure.

Elles mangèrent tranquillement, puis une autre idée traversa l’esprit de la jeune femme, une idée dont elle devait parler à Denise.

-En ce qui concerne Katy, commença Lily doucement, j’aimerai l’inscrire dans une école spécialisée. Elle est en âge d’y entrer et, ayant subi l‘intervention; l‘apprentissage sera plus rapide, je voulais savoir si tu pensais que c’était une bonne idée. Elle y apprendrait les bases de la langue et elle serait avec d’autres enfants de son âge. C’était une idée que ma mère, enfin Katy, se rattrapa Lily, enfin ma…ma…

-Elizabeth, ça ne me dérange pas que tu dises que Katy Roberts est ta mère, après tout elle l’a été depuis ton enfance, c’est normal.

-Oui enfin, ça me gêne quand même un peu d’employer ce mot devant toi…après ce qui s’est passé…

-Ne t’inquiète pas, je t’assure…Je comprends.

Lily acquiesça et Denise reprit.

-Alors cette idée? Vous en avez parlé toutes les deux?

-Euh…Oui, un peu, quand nous avons appris l’handicap de ma fille, on pensait que ce serait une bonne idée.

-Je suis du même avis, ce serait une bonne chose pour elle…

-Du même coup, je n’aurai pas besoin de la faire garder et je pourrai prendre un emploi, pour payer l’appartement.

-Je vois que tu y as beaucoup réfléchi.

-Oui, quand on se retrouve seule avec sa petite fille à dormir plus d’une fois dans des endroits peu fréquentables, on fait souvent des projets pour des jours meilleurs. C’est un moyen pour ne pas perdre pieds et pour continuer à s’accrocher…et puis, j’ai beaucoup pensé à ce que j’aurais pu faire, ou dû faire lorsque je me trouvais à l’hôpital. J’ai eu droit à une deuxième chance alors…je fais tout pour ne pas la gâcher.

Denise ne répondit pas tout de suite et la regarda un moment en silence. La première fois qu’elle avait parlé avec elle, elle l’avait trouvé si forte et si courageuse. A cet instant, elle était de même avis, et elle en était fière, si fière.

-Je trouve que c’est une excellente nouvelle, dit-elle d’une voix plus forte, et, si tu veux, je connais un organisme qui travaille avec l’hôpital, je peux m’occuper de l’y inscrire, la femme qui s’en occupe vient régulièrement dans le service de pédiatrie, il m’arrive de parler un peu avec elle. C’est un organisme qui se trouve dans une école primaire en ville, il est accessible à tous les enfants, ceux de militaires et de civils.

-C’est super, ça m’intéresserait de rencontrer cette femme…je vais encore en parler avec Katy, avant, je ne sais pas ce qu‘elle en pensera.

-Ok, tu me tiendras au courant.

-Bien sûr.

Elles se sourirent et continuèrent leur repas toutes les trois.

Une fois celui-ci avalé et savouré, elles se remirent en marche. Katy se trouvait entre les deux jeune femmes, leur donnant la main et souriant. Elles entrèrent dans quelques boutiques. Lily essaya de nombreux vêtements, elle en acheta quelque uns , mais surtout elles riaient beaucoup toutes les trois. La journée avait passé à une vitesse fulgurante, il était déjà temps pour elles de rentrer. Elles passèrent une nouvelle fois devant l’agence dont avait parlé Lily à Denise. Il y avait de nombreuses offres de logement et une attira particulièrement l’attention de la jeune femme. C’était un petit appartement dans un quartier résidentiel plutôt calme. Il possédait, une chambre à coucher, une salle de bain, une cuisine américaine s’ouvrant sur un séjour spacieux et il était profondément marqué par le passé historique de la ville. Un petit appartement avec un charme ancien convenait parfaitement à la jeune femme, passionné d’architecture et d’histoire.

-J’en connais un autre qui aime beaucoup l’architecture, lança Denise en riant lorsque Lily lui signala ce détail.

-Ah oui, vraiment?

-Oui, Jeremy, répondit Denise en souriant, il voulait devenir architecte.

-Pourquoi ne l’a-t-il pas fait?

-Il s’est engagé.

-Tu aurais préféré qu’il ne le fasse pas?

-C‘est un peu compliqué, se justifia Denise en fuyant son regard.

Lily ne répondit pas et prit les coordonnés de la personne qui louait l’appartement, elle voulait vraiment le visiter. Elle savait qu’il ne fallait pas s’emballer, mais elle avait hâte d’avoir un « chez soi » où elle pourrait vivre paisiblement avec sa fille.

Elles prirent le chemin du retour. Arrivées à la voiture elles croisèrent Claudia Joy qui arrivait en ville. Celle-ci se dirigea vers elles avec un grand sourire.

-Hey, bonjour vous trois, comment ça va?

-Salut Claudia Joy, répondit Denise en l’embrassant, ça va bien et toi?

-Moi, tout va, comme toujours, et toi Katy? Dit-elle en se penchant vers la fillette.

-Ca va.

-Bonjour Claudia Joy, intervint Lily.

-Bonjour Lily…Alors, que faites vous ici?

-J’ai emmenée ma fille et ma petite fille faire du shopping, répondit fièrement son amie.

-Oui, et Denise nous a gâté, renchérit Lily en la regardant.

-C’est normal, se justifia la jeune femme, je profite de les avoir près de moi.

-Tu as raison, profite en bien…

-Et toi que fais tu?

-Rien d’important quelques courses, j’avais envie de me promener un peu…Oh tiens, Lily, tu as le bonjour de Michael. Il est ravi de savoir que tu es de retour parmi nous.

-Michael? Il sait qu’elle est là? S’inquiéta Denise.

-Je lui ai dis, mais ne t’inquiète pas, il tient sa langue, j’y veille, dit-elle en riant.

Lily en fit de même mais Denise resta figée d’angoisse.

-Denise? Ca ne va pas? S’inquiéta son amie en la prenant par le bras.

-Euh…eh bien disons que Frank va rentrer dans deux jours, dit-elle dans un souffle.

Claudia Joy se tourna vers Lily. Elles se regardèrent un moment en silence puis la plus jeune des femmes prit la parole.

-Frank ne sait pas pour moi, Denise a un peu peur.

-J’ai des raisons d’avoir peur.

-C’est pour cette raison que nous allons aller à l’hôtel deux ou trois jours; le temps de trouver un appartement…Il y en a un qui me plait beaucoup en ville, expliqua Lily à Claudia Joy, je vais me renseigner pour le prix du loyer et je vais trouver rapidement un travail. Je vais me faire un peu discrète, le temps que Frank digère la nouvelle.

-Elizabeth, je te l’ai dis Frank ne nous séparera pas…Et puis cet appartement n’a qu’une chambre.

-Je le sais, une chambre pour Katy, moi je trouverais bien un moyen de dormir sur un canapé, c’est la seule solution, je ne repartirais pas, n’ai crainte, j’aime beaucoup cette ville, et…maintenant que j’ai une famille de nouveau je ne vais pas tout gâcher.

Elles se sourirent et Claudia Joy les observa un moment. Elles semblaient plus proches que jamais. Et elle en était heureuse. Son amie semblait plus épanouie, la fatigue qui s’était accumulée sur son visage ces dernières semaines, s’était, comme envolée.

-En tout cas si tu as besoin d’aide pour le déménagement et pour trouver des meubles d’occasion je peux venir te donner un coup de main.

-Vous pouvez faire ça? Demanda la jeune femme étonnée.

-Oui, sans problème, des familles déménagent souvent de la base et ne garde pas tous leur meubles, tu en trouveras sûrement qui te plais, en bon état et pour pas cher. Je te tiendrais au courant et tu pourras venir voir ce qui t’intéresse.

-Je crois que vous êtes mes anges gardiens, soupira Lily, depuis que je vous ai rencontré ma vie est différente. Vous avez des contacts avec le ciel par hasard?

Elles rirent toutes le trois un moment avant que Denise ne regarde l’heure. Il fallait vraiment qu’elles rentrent. Elles devaient faire un peu de rangement pour que Frank ne se doute pas tout de suite de ce qui s’était passé en son absence. De plus, Denise travaillait le lendemain pour une garde assez longue et elle avait besoin de se reposer. Elles prirent donc le chemin du domicile des Sherwood et passèrent une soirée calme toutes les trois avant d’aller se coucher pour un repos bien mérité.

Lily devait rencontrer le propriétaire de l’appartement qu’elle avait vu la veille en ville. Elle avait immédiatement appelé en entrant chez Denise pour rencontrer le propriétaire au plus vite. Elle avait donc prit rendez-vous aujourd’hui et devait le rencontrer en bas de l’immeuble au courant de la matinée. Elle devait encore trouver un emploi à plein temps pour pouvoir payer les charges, mais Denise se chargea des deux premiers mois de location pour lui faciliter la tâche et pour lui permettre de saisir l’opportunité qui s’offrait à elle. Mais Lily restait mal à l’aise face à cette situation, elle était habituée à se débrouiller toute seule et ne voulais pas être un poids pour qui que se soit. Ainsi, elle avait feuilleté les annonces pour l’emploi. Plusieurs l’intéressa et elle décida d’appeler certaines personnes le plus tôt possible pour obtenir des entretiens.

Elle devait également parler avec Katy sur son admission éventuelle dans un institut pour faciliter sa rééducation et son adaptation au monde qui l’entourait. Lily ne savait pas comment réagirait la fillette. Katy avait beaucoup de mal à quitter sa mère même pour quelques heures, alors elle redoutait un peu sa réaction en apprenant qu’elle devrait rester sans elle toute la journée avec des personnes qu’elle ne connaissait pas. Mais Lily, appuyé par Denise, était convaincu que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Katy devait se séparer doucement d’elle, elle devait rencontrer d’autres jeunes enfants et ne plus avoir peur des adultes. La relation privilégiée qu’elles avaient toutes les deux pouvait nuire à la fillette dans le futur. Lily savait parfaitement que tout ceci était dû à son passé et qu’elle en était entièrement responsable. Elle s’en voulait comme jamais d’avoir imposé cette vie de danger à sa fille. Mais, à présent, elle voulait lui offrir une enfance comme les autres, au sein d’une famille, dans un foyer sécurisant et chaleureux.

Denise était arrivée à l’hôpital depuis deux bonnes heures déjà. Ce matin là, elle avait appris que son amie qui travaillait à l’institut pour enfants en difficultés, était de visite au service de pédiatrie. Elle eu l’impression que la chance était du coté de Lily, tout s’arrangeait avec une rapidité fulgurante. Elle avait donc donné rendez-vous à sa collègue à la cafétéria pour lui parler de la jeune femme et de sa fillette.

Anna Matthews était une jeune femme de l’âge de Denise. Elles s’étaient rencontrées dans le service de pédiatrie quelques mois plus tôt. Les deux femmes avaient tout de suite sympathisé et Denise savait qu’elle lui viendrait en aide.

Elle était assise dehors et buvait tranquillement son café en attendant sa collègue. Celle-ci arriva et s’assit à coté d’elle.

-Salut.

-Salut, répondit Denise en souriant.

-Alors, tu voulais me parler d’une chose importante?

-Oui d’une petite fille qui aurait besoin de rentrer dans l’institut.

Anna acquiesça et Denise poursuivit.

-Elle a quatre ans et s’appelle Katy. Elle était sourde jusqu’à il y a encore peu de temps, mais elle a subi une intervention et porte des appareils auditifs.

-Est-ce qu’elle parle?

-Très peu mais elle connait le langage des signes parfaitement.

-A son âge? S’est étonnant, peu d’enfants de moins de six ans savent l’employer parfaitement.

-Elle est très éveillée et intelligente pour son âge, répondit fièrement Denise.

-Elle a été accepté à l’hôpital?

-Non, je connais sa mère. C’est elle qui aimerait la faire rentrer dans un organisme pour qu’elle apprenne à parler et pour qu’elle côtoie d’autres enfants. Elles ont un passé assez tourmenté et cette petite fille a besoin d’un environnement stable.

-Mm, elles vivent à Charleston?

-Oui.

Son amie ne répondit pas et Denise s’en inquiéta.

-Quelque chose ne va pas?
-Non, non , c’est juste que nous n’avons pas beaucoup de place et que beaucoup d’enfants méritent notre aide et pour un bon nombre, nous ne pouvons rien faire malheureusement. Les parents n’ont pas forcément les moyens, les soins sont encore beaucoup trop couteux…je rêve du jour où nous pourrons prendre en charge tous les enfants, qu’importe leur niveau de vie ou leurs histoires.

-Oui, je comprends.

-J’ai besoin de savoir à cent pourcent que cette enfant a besoin de nous.

-Elle en a besoin , je t’assure.

Elles restèrent silencieuses un moment, chacune perdue dans ses pensées. Anna sonda les pensées de Denise. Elle ne la quittait pas des yeux une seule seconde, comme si elle pouvait lire dans sa tête. Elle soupira et reprit la parole.

-Très bien, donne moi les coordonnés des parents de cette petite fille, je vais les rencontrer et voir ce qu’il en est pour la faire admettre chez nous.

-Merci Anna, soupira Denise, c’est très gentil de ta part, le seul souci c’est que pour le moment Lily, la mère de Katy, n’a pas de coordonnés.

-Comment ça? Tu m’as bien dis qu’elles vivaient à Charleston.

-Oui, mais elle recherche un appartement pour le moment et elle n’a pas de numéro de téléphone…tu pourras la contacter par moi, dis-moi simplement quand tu voudras la rencontrer et je lui transmettrais le message.

-Tu m’as l’air bien mystérieuse Denise, je te fais confiance, j’espère que tu ne me fais rien faire d’illégal.

-Je t’assure que tout est légal, seulement , tu voulais des personnes qui ont vraiment besoin d’aide, je t’assure que Katy et sa mère on en besoin.

-Ok, je verrai mon emploi du temps pour le rendez-vous et je te tiens au courant.

-Encore une fois , merci.

-De rien, c’est bien normal, tu sais que dès qu’un enfant est en danger et qu’il a besoin d’aide, je vole à son secours.

-Tu n’en deviens que plus admirable, répondit Denise en souriant.

-Oui, mais va dire ça à mon cher mari, il ne sera sans doute pas du même avis que toi, répondit son amie en riant.

-Oh, je te crois, soupira Denise, il y a des choses qu’ils ne comprendront sans doute jamais.

Elles rirent et discutèrent encore quelques minutes avant que chacune ne reprenne son travail pour quelques heures.

Lily finissait de se préparer. Elle avait opté pour porter le dernier pantalon qu’elle avait acheté ainsi qu’une tunique bleu pétrole. Elle s’était un peu maquillée et consciencieusement coiffée. Elle devait faire bonne impression pour sa rencontre avec le propriétaire de l’appartement qu’elle avait repéré un jour plus tôt.

Katy était sagement assise à coté d’elle et la regardait se préparer. Lily lui sourit et se mit à genoux devant elle.

-Ma puce, on va aller voir un monsieur pour aller vivre dans un appartement toutes les deux, on aura un « chez nous », une vraie cuisine, une chambre rien que pour toi, une grande salle de bain pour se faire belle, ce sera super tu verra.

La fillette sourit plus largement encore et Lily la prit dans ses bras un court instant. Après cette tendre étreinte, elles se levèrent et quittèrent la salle de bain main dans la main.

On sonna à la porte. Lily prit son sac à la volée et alla ouvrir.

-Salut, lança Roxy.

-Salut, on est prête, on peut y aller, répondit Lily en souriant.

-Parfait, répondit Roxy de la même manière.

Katy lui fit un mouvement de main et la jeune femme lui répondit immédiatement.

-Bonjour mademoiselle, ça va bien?

Katy acquiesça.

-Tu as retrouvé le sourire depuis que ta maman est revenue, c’est bien ça.

Elles se sourirent et Roxy reprit.

-Allez les filles, on y va.

-Oui, juste une minute, j’oubliais.

Lily se mit à la hauteur de sa fille et lui parla doucement.

-Katy, aujourd’hui on va aller en ville, tu te souviens de ce que je t’ai dis?

-Oui maman.

-Il va y avoir beaucoup de bruits que tu ne connais pas. Tu peux garder tes appareils mais si jamais tu as mal tu me le dis tout de suite et je te les enlève.

-Je sais maman.

-D’accord, et surtout, tu ne dois pas avoir peur, tu ne connais pas très bien tout ça, il faut que tu t’y habitue doucement.

-Oui, je sais.

Lily ne répondit pas et plaça une mèche des cheveux sombres de sa fille derrière son oreille.

-J’ai pas peur maman, tu dois pas avoir peur non plus.

Lily sourit et Katy se lova un instant contre elle, resserrant ses bras autour de son cou. Elles se séparèrent après quelques minutes et sortirent. Lily ferma la porte et elles montèrent en voiture. Roxy n’avait rien dit, elle s’était contenté d’assister à la scène de tendresse qui s’était joué sous ses yeux. Elle aimait les voir ainsi toutes les deux. Et se demanda une fois de plus ce que serait devenu Katy sans sa mère, tant elles étaient proches et complices toutes les deux.

-Merci beaucoup de me déposer en ville Roxy, je ne sais pas ce que j’aurais fais sans toi, lança Lily une fois attachée.

-Et moi, je ne sais pas ce que j’aurais fais sans serveuse…un service en vaut bien un autre…d’ailleurs tu seras toujours la bienvenue si tu en as besoin ou envie.

-Merci, en effet je pensais te demander si je pouvais venir faire des extras de temps à autre, un salaire ne me permettra pas de payer le loyer et tout ce qu’il faut pour Katy.

-Il n’y a pas de problème tu me tiendras au courant quand tu auras trouvé un autre emploi et on verra ça ensemble.

Lily lui sourit, la remerciant une nouvelle fois de tout ce qu’elle faisait pour elle. Puis, elles se mirent en route.

Elles arrivèrent en ville quelques minutes plus tard. Roxy fit quelques courses avec Katy pendant que Lily alla visiter l’appartement. Elle ne préféra pas emmener sa fille avec elle lors de l’entretien, et elle la laissa donc avec son amie.

L’appartement plut beaucoup à la jeune femme. Il était lumineux et spacieux. Il n’y avait qu’une chambre mais cela ne dérangeait pas Lily, elle dormirait dans le séjour et laisserait la chambre à sa fille. Il fallait qu’elles quittent la base le plus tôt possible et elles ne trouveraient pas d’appartement si bien placé et agencé pour le même prix. Une fois ici, et ayant un emploi fixe, la jeune femme chercherait un endroit plus grand pour qu’elle ait , elle aussi, sa propre chambre. Mais pour le moment cet appartement suffirait amplement.

Seuls la salle de bain et la cuisine étaient aménagés, il faudrait encore trouver les meubles pour la chambre et le séjour, mais Lily restait optimiste plus que jamais. Elle se sentait bien dans cet appartement, elle le trouvait parfait, alors elle signa. Le propriétaire voulait louer au plus vite, cela faisait des mois qu’il cherchait un locataire. Denise s’était portée garante pour la jeune femme. Tout allait bien.

Et c’est un sourire triomphant aux lèvres que Lily rejoignit Roxy et Katy sur la terrasse d’un café au bout de la rue.

-Alors? Demanda Roxy en souriant.

-Alors, eh bien, Katy et moi avons notre « chez nous », répondit la jeune femme en souriant.

-C’est super ça, vraiment Lily, c’est une excellente nouvelle, je suis contente pour vous.

-Oui, plus besoin de vivre dans des hôtels parfois douteux, plus besoin de dépendre de quelqu’un, on va pouvoir avoir notre petit foyer, inviter des amis, laisser traîner nos affaires, finit la jeune femme en riant et des étoiles pleins les yeux.

-Eh bien, je découvre chaque jour une autre facette de ta personnalité, lança Roxy en riant.

-Oui, je suis assez désordonnée par moment, répondit Lily en s’asseyant.

Elles rirent toutes les deux et Lily caressa tendrement le front de Katy qui la regardait.

-Tu as compris ce qu’il se passait, miss Roberts? Nous allons enfin vivre dans un bel appartement toutes les deux.

-C’est super.

Katy se blottit contre sa mère et celle-ci la prit sur ses genoux. La fillette reposa sa tête sur la poitrine de sa mère et ferma les yeux. Lily la regarda un moment sans rien dire, puis, leva les yeux vers son amie une nouvelle fois.

-Roxy, je crois que je vais devoir revenir travailler chez toi en effet, un petit job, même stable et bien payé ne suffira pas, j’ai envie que Katy soit heureuse et ne manque de rien, elle le mérite.

-Je te l’ai dis tu es la bienvenue.

-Merci, en plus il va falloir que j’achète des meubles, je dois déménager au plus vite pour ne pas ennuyer Denise plus longtemps.

-Ok, je vais voir si je peux t’aider, il y a toujours des familles qui déménagent à la base et qui se séparent de quelques meubles.

-Oui, Claudia Joy m’en a parlé.

-Et en ce qui concerne Denise, ne t’en fait pas, tu ne la dérange pas j’en suis sûre, elle était très inquiète quand tu es partie.

-C’est ce que j’ai cru comprendre en effet, murmura la jeune femme, mais Frank rentre d’Irak dès demain, je pense qu’il ne sera pas ravi de me voir chez lui… Et puis, j’ai fais la promesse à une petite fille qu’on ne vivrait plus à l’hôtel, alors je veux commencer à payer les charges et à me débrouiller par mes propres moyens le plus vite possible.

-Ok, je te comprends.

Lily acquiesça et elle commanda un jus de fruit. Les deux femmes discutèrent encore quelques minutes avant que Roxy les raccompagne chez Denise.

Avant de descendre de la voiture, Lily se tourna une dernière fois vers son amie.

-Roxy, en plus de te dire « merci » pour la centième fois sans doute, j’aimerai aussi te demander pardon.

-Pardon? Pour quoi?

-Pour être partie comme je l’ai fait et pour ne pas avoir donné des explications…je les donnerais, j’ai le devoir de m’expliquer devant vous, mais je ne peux pas encore le faire et j’aimerai m’en excuser.

-Ne t’inquiète pas pour cela, personne ne t’en veut, nous n’avons pas très bien compris ta réaction mais nous ne t’en voulons pas et nous attendrons que tu sois prête pour en parler…Eh puis, tu sais au fond, finalement, ça ne nous regarde pas Lily, tu avais tes raisons de faire ce que tu as fais.

-J’avais mes raisons, mais elles n’étaient pas forcément bonnes.

-Tu les as crues bonnes à ce moment là.

-Oui, peut être…quoiqu’il en soit, je veux m’excuser et j’aimerai vous en parler.

-Comme tu veux.

-Merci, soupira Lily.

-Ah non, stop Lily, lança Roxy, à partir de maintenant je ne veux plus t’entendre me remercier ni même t’excuser de quoique se soit, c’est bien d’accord? Dit-elle en pointant son index vers elle en souriant, je t’interdis de le faire encore une fois, sinon tu vas m’entendre.

-Bien Madame, ria Lily en faisant un salut militaire approximatif

Elles rirent encore quelques temps et Lily sortit de la voiture. Elle prit Katy par la main et toutes deux regagnèrent la maison des Sherwood. Elles firent encore des signes d’au revoir à Roxy et entrèrent. Elles se préparèrent un déjeuner dans la joie et la bonne humeur. Après celui-ci, Lily joua un peu avec sa fille et la mis au lit pour une sieste bien méritée. Elle en profita pour se détendre dans un bain moussant. Denise rentrerait dans trois heures environ et elle avait prévu de lui préparer un bon repas pour fêter la nouvelle. Mais avant, elle avait besoin de retomber sur Terre, de réaliser ce que devenait sa vie depuis qu’elle avait retrouvé sa véritable mère. Même sa tentative de suicide s’avéra être, en fin de compte, une bonne chose puisqu’elle avait rencontré Aaron. Cet homme merveilleux qu’elle n’arrivait à chasser de son esprit qu’à de rares moments.

L’eau commençait à se rafraichir et Lily décida de sortir de la baignoire. Elle se saisit d’une serviette posée à proximité d’elle et s’enroula dedans. Elle la noua sur sa poitrine et se pencha sur le miroir. D’un geste lent, elle essuya la buée qui y s’était accumulée et s’y regarda un instant. Elle passa sa main dans ses cheveux et les mis derrière les oreilles. Elle prit une brosse à cheveux et se coiffa avec soin. Elle était plongée dans ses pensées. Elle ne vit pas la fillette entrer dans la pièce et venir s’assoir sur le rebord de la baignoire. Elle ne vit pas Katy la regarder avec amour et admiration. Elle resta un moment simplement face au miroir en silence. Lorsqu’elle se retourna, elle vit enfin la petite fille qui n’avait toujours pas bougé et qui la regardait en souriant. Lily lui rendit son sourire et s’approcha d’elle.

-Ca va ma puce? Murmura la jeune femme.

Katy acquiesça et vint se blottir contre elle. Lily resserra ses bras autour d’elle et déposa un baiser sur le haut de sa tête. Elle ferma les yeux un court instant. Elle aimait plus que tous

ces moment de douceur avec sa fille. Ces moments où elles ne se parlaient pas mais étaient tendrement enlacées.

Katy leva la tête et Lily la regarda à nouveau.

-Je t’aime maman.

-Moi aussi je t’aime Katy.

Elles se sourirent et Lily caressa tendrement la joue de la fillette.

-Tu as envie d’un gouter? Je vais m’habiller et je vais t’en donner un, ça te va?

-Ouiiii.

Lily rit et déposa encore un baiser sur sa tempe.

-Allez, va dans le salon, je m’habille et je viens.

-D’accord.

Katy fila à toute vitesse dans la pièce d’à coté et Lily secoua la tête en souriant. Elle se regarda une dernière fois dans le miroir et s’apprêta à ouvrir la serviette. Katy arriva à tout allure dans ma pièce et se cacha derrière ses jambes.

-Katy? Katy, qu’est-ce qu’il se passe? Demanda Lily avec inquiétude.

-Un monsieur.

-Un monsieur?

Lily n’attendit pas la réponse de la fillette et quitta la pièce toujours en serviette. Katy ne lâcha pas ses jambes mais restait toujours derrière elle. Lily arriva dans le salon. Elle se figea sur place, son cœur battait à la chamade. Elle ne réalisait pas bien ce qui se passait et surtout, elle ne savait absolument pas comment se sortir de cette situation.

Frank était là. Il la regardait de la tête aux pieds. Lily ne savait pas quoi faire, elle ne bougeait pas d’un cil. Instinctivement elle replaça la serviette sur sa poitrine de peur que, pas n’importe quel miracle , le nœud s’ouvre brusquement et elle ne se retrouve nue devant l’époux de sa mère. Si la situation n’avait pas été si dramatique, elle en aurait rit. Mais Frank n’incitait pas à la plaisanterie. Il ne disait rien, ses yeux étaient posés sur elle, sans qu’il puisse regarder quoique se soit d’autre que la jeune femme à moitié nue dans son salon. Il revint à la réalité tant bien que mal et baissa les yeux, plaçant sa main droite à son visage, pour ne plus voir la jeune femme en petite tenue.

-Qu’est-ce que vous faites chez moi? Bredouilla-t-il.

-Je…euh…Monsieur Sherwood?

-Oui et vous, vous êtes qui exactement et que faites vous dans mon salon? Demanda la Major sans la regarder.

-Je…eh bien, je sortais de la salle de bain quand …

-Qui êtes vous?

-Je suis, une…une amie de votre épouse, j’ai…quelques soucis de plomberie et Denise m’a gentiment permise de venir ici pour …pour prendre ma douche, ainsi… ainsi que ma fille.

Lily soupira et ferma les yeux un instant. Elle espérait qu’il goberait cette histoire insensée, mais elle n’avait pas trouvé mieux.

-Denise n’est pas là?

-Elle est à l’hôpital…elle ne vous attendait pas pour aujourd’hui.

-Je suis rentré plus tôt.

-Ah…

-Est-ce que…vous pourriez aller vous habiller mademoiselle s’il vous plait.

-Oui, oui, fit plus fort Lily, je…je vais…m’habiller et je vais vous laisser.

Elle n’attendit aucune réponse du soldat et rejoignit la salle de bain au pas de course, Katy toujours derrière elle. Elle s’y enferma et soupira bruyamment.

-Maman? Maman c’est l’amoureux de Mia?

-Oui, ma puce, murmura Lily, chérie, il faut qu’on parte d’ici tout de suite.

-Pourquoi?

-Parce que…Frank aimerait rester un peu seul avec Denise…je vais m’habiller et on va prendre nos affaires.

Katy acquiesça et Lily s’habilla rapidement. Elle vérifia qu’il n’y avait plus rien d’elle dans la pièce et en sortit avec sa fille.

-Vous avez eu un dégât des eaux? Demanda Frank en sortant de la chambre de Jeremy.

-Euh, oui, c’est pour cette raison que nous avons nos cartons ici et que…que je me suis permise d’utiliser votre salle de bain…je m’en excuse monsieur Sherwood.

-Si Denise vous a dit de le faire, je lui fais confiance, je regrette simplement de vous avoir vu dans la tenue que vous portiez.

Lily rougit doucement et regarda le sol. Katy en profita pour sortir discrètement de derrière elle et regarda l’homme qui se tenait face à sa mère.

-Bonjour, murmura Frank, comment tu t’appelles jolie demoiselle?

-Elle s’appelle Katy, intervint Lily, elle ne parle pas…pas pour le moment , elle était sourde jusqu‘il y a encore quelques temps, répondit Lily en caressant les cheveux de sa fille.

-Oh, je…je ne savais pas, excusez-moi.

-Ce n’est rien, ne vous inquiétez pas, répondit Lily en souriant.

Frank acquiesça et Lily reprit.

-Nous devrions y aller, excusez-nous encore une fois Monsieur Sherwood.

Lily se retourna et prit Katy par la main sans même accorder un regard à Frank. Elle prit ses affaires et se dirigea vers la porte. Frank les accompagna et les regarda partir.

-Au revoir Monsieur.

-Au revoir…euh…

-Lily, répondit-elle.

Puis elle quitta la maison avec Katy sans même se retourner.

Il ferma la porte et rejoignit le canapé du salon. Il soupira et regarda autour de lui, beaucoup de petites choses semblaient avoir changé durant son absence et il avait hâte à ce que Denise rentre de l’hôpital pour en discuter avec elle, mais aussi pour à nouveau savourer les moments de tendresse et d’amour qu’ils partageaient tous les deux.

 

Lily tenait Katy par la main et marchait d’un pas décidé. Elle ne connaissait qu’un seul endroit où elles pouvaient aller. Chez Claudia Joy. Elle seule connaissait la situation dans laquelle se trouvait la jeune femme, elle seule savait qui elle était vraiment. Denise avait rassuré la jeune femme en lui disant qu’elle pouvait faire confiance à son amie et que, si quoique se soit venait à se passer, elle pouvait lui demander de l’aide.

Lily avait rapidement pris conscience de ce que lui avait dit Denise et c’est pour cette raison qu’elle décida d’aller chez l’amie de sa mère.

Sa rencontre avec Frank avait été imprévue. Elle avait dû lui mentir et puis, elle s’était trouvée à moitié nue devant lui. Il était rentré plus tôt d’Irak et avait trouvé dans son salon une jeune femme qu’il ne connaissait pas. Il avait dû se demander ce qu’il lui arrivait et comment il pouvait se trouver dans une situation pareille.

Lily avait compris que la meilleure chose était de partir au plus vite pour ne pas aggraver les choses. Elle avait prit quelques affaires et était partie sans même se retourner. Elle ne cessait de se remémorer cette scène désastreuse. Elle était honteuse, horriblement mal à l’aise.

Elle marchait machinalement, comme si elle était poursuivie par une personne qui lui voudrait du mal. Elle sentit la main de Katy se refermer plus fortement sur la sienne. Elle s’arrêta et se tourna vers la fillette.

-Qu’est-ce qu’il y a Katy?

-Je veux plus marcher.

-On est presque arrivées chez Claudia Joy, allez ma puce, encore un petit effort.

-Non, tu vas trop vite…et puis j’ai mal aux pieds…je bouge plus.

-Katy, soupira Lily, s’il te plait, allez, viens.

-Non, bougonna la fillette.

-Oh, tu es vraiment casse pieds quand tu t’y mets, tu le sais ça?

Katy ne répondit pas et Lily soupira une nouvelle fois. Elle regarda les alentours. Elles n’étaient plus très loin, elle pourrait peut être trouver un autre moyen. Elle regarda la fillette et lui caressa tendrement la joue.

-Ok, tu veux qu’on fasse comme le koala?

Katy fit ’oui’ de la tête en souriant.

-Allez, vas-y…

Lily lâcha la main de sa fille et se mit à croupis. Katy se mit dans son dos et passa ses bras autour de son cou. Lily les tint un instant, puis la fillette noua ses jambes autour de la taille de sa mère et elle resserra un peu plus ses bras. Lily plaça les mains sur les genoux de Katy pour qu’elle ne tombe pas . Elle tourna la tête un instant vers la fillette et lui parla doucement.

-C’est bon?

Katy acquiesça et Lily se redressa. Elle souffla. Cela faisait une éternité qu’elle n’avait plus porté sa fille de cette manière et elle n’était plus habituée à son poids qui avait nettement augmenté ces derniers mois.

Elle marcha plus lentement, les mains toujours sous les genoux de Katy pour qu’elle ne tombe pas au cas où elle viendrait à lâcher prise. Chaque pas était une épreuve pour la jeune femme, mais elle ne pouvait pas faire un pas de plus, c’était impossible, elle n’était pas encore prête, l’opération était encore bien trop ressente.

Elle s’arrêta et s’accroupis une nouvelle fois pour faire descendre la fillette. Celle-ci s’exécuta et Lily lui parla doucement.

-Katy, je ne peux pas te porter, je suis encore un peu fatigué, il faut que tu marche à coté de moi, je sais que c’est loin et que tu as mal aux pieds mais, je suis désolée ma puce, je n’ai pas d’autre moyen. Nous devons aller chez Claudia Joy.

-Tu es encore malade maman?

-Non, mais il faut que je fasse attention pour ne pas trop me fatiguer et avoir mal.

-Moi je veux pas que tu ais mal.

Lily ne répondit pas et regarda Katy lui prendre tendrement la main.

-Tu veux marcher alors? On ira plus doucement je te le promets.

Katy acquiesça et Lily l’embrassa tendrement avant de reprendre leur route.

Elles arrivèrent enfin au bout de la rue de Claudia Joy. Les derniers mètres avaient été long et fatiguant pour la fillette mais elle ne s‘était pas plaint. Elles arrivèrent à la maison et Lily sonna à la porte. Elle attendit quelques temps, puis on ouvrit enfin. Lily, qui s’apprêtait à voir l’amie de sa mère, fut étonnée de voir que ce fut Michael qui lui ouvrit la porte. Il lui accorda un tendre sourire auquel Lily répondit immédiatement.

-Bonjour.

-Bonjour Monsieur, répondit poliment Lily.

-Salut mademoiselle Katy, dit-il en souriant.

La petite fille lui sourit en retour.

-Je suis désolée de vous déranger, commença Lily, je suis venue voir Claudia Joy, il faudrait que je lui parle, c’est très important.

-Vous ne me dérangez pas toutes les deux, je dois lire et signer des dossiers et je n’arrive pas à me mettre au travail…mais je suis seul, Claudia Joy n’est pas là pour le moment et Emmalin est au Lycée.

-Ah.

-Mais entrez, dit-il en s’écartant pour les laisser passer.

Lily et Katy s’exécutèrent et le Commandant les conduisit jusqu’au salon. Il leur indiqua le canapé où elles prirent place immédiatement et il s’assit en face d’elles. Ils restèrent un moment silencieux à ne pas savoir quoi dire, puis Michael prit enfin la parole. Lui aussi savait qui était réellement la jeune femme. Il ne savait pas comment son ami accueillerait la nouvelle mais, lui était ravi d’apprendre que Lily était la fille de Denise et surtout, il était ravi de la voir devant lui à cet instant avec tout ce qu’elle avait subi.

-Je suis ravi de voir ici Lily, j’ai su par Claudia Joy que la greffe s’est bien passée?

-Oui, elle s’est parfaitement bien passée et mon corps ne rejette pas le greffon.

-C’est une réussite alors.

-Oui, de ce coté là, en effet…répondit timidement Lily.

-Et pour Denise? Est-ce que les choses vont bien entre vous?

-Oui…nous apprenons à nous connaitre doucement, tout se passe bien, enfin pour le moment…

-Je suis certain que ça continuera.

-Je l’espère, soupira Lily.

-J’ai appris que Frank allait être de retour prochainement, demain il me semble…il sait pour vous et Denise ?

-Eh bien, à vrai dire…Frank est déjà rentré, c’est pour cette raison que je suis ici. Il m’a surprise chez lui et…il ne sait pas qui je suis.

-Oh, je comprends un peu mieux la réaction de Denise et celle de mon épouse qui ont insistés pour n’en parler à personne. Frank n’appréciera pas que d’autres personnes soient au courant, surtout avant lui.

- C’est un peu délicat en effet. Je les mets dans une situation un peu difficile tous les deux.

-Oui je comprends, surtout avec la nouvelle affectation de Frank, j’espère que ça se passera bien.

-Sa nouvelle affectation? Demanda la jeune femme avec inquiétude.

-Je crois que personne ne le sait, mais je pense qu’il est préférable que vous soyez au courant…Je l’ai signé il y a deux jours, Frank reste à Fort Marshall pour plusieurs mois, peut être ne repartira-t-il plus en Irak

-Pourquoi?

-Il a été promu instructeur, sous ma recommandation …il entrainera les soldats qui partiront au front , mais lui restera aux Etats-Unis…

-Oh…

-La décision est tombée il y quelques jours, reprit Michael, il a prit la nouvelle assez négativement au début, mais finalement je crois qu’il l’accepte, il continuera de sauter en parachute tout en restant proche de sa famille, même s’il ne va plus combattre, pour le moment du moins, je pense qu’il en sera soulagé et Denise par la même occasion également. Elle a déjà Jeremy au combat et elle sait qu’elle peut le perdre à tout moment, si Frank est dans la même situation que lui, je ne sais pas si Denise supporterait.

Lily ne répondit pas. Elle écoutait ce que Michael lui disait, elle n’en revenait pas. Frank ne repartira plus pendant des mois, il restera ici. Il s’opposera à ce qu’elle voit Denise, il ne voudra sans doute pas lui parler, ni à elle , ni à sa mère. Elle ne pouvait pas imaginer pire, c’était impossible.

Les adultes restèrent silencieux une nouvelle fois. Lily était perdue entre doutes et incertitudes et Michael la regardait. Maintenant qu’il savait qui elle était, il remarqua quelques petits détails qu’il n’avait pas vu plutôt. La manière dont Lily bougeait sa bouche, ainsi que la ligne de son nez, tout ceci il l’avait déjà vu de nombreuses fois. Le sourire qui s’affichait sur ses lèvres était le même que celui de son amie. Finalement Lily et Denise se ressemblaient un peu, mais il fallait vraiment y prêter attention pour le remarquer, au premier coup d’œil on ne pouvait pas se douter une seule seconde qu’elles fussent mère et fille.

Michael ne parla pas de ses dernières constatations, il sourit intérieurement et porta son attention sur la fillette qui était sagement assise à coté de sa mère.

-Maman, on va rester longtemps là?

-Je ne sais pas Katy, il faut que je parle à Claudia Joy et ensuite nous irons peut être dormir au motel pour cette nuit en attendant qu’on puisse emménager dans notre appartement.

Katy fit la moue et Lily lui caressa tendrement les cheveux.

-Vous avez trouvé un appartement?

-Oui, répondit Lily en regardant l’homme une nouvelle fois, au centre ville.

-C’est une bonne chose.

-Oui, je suis contente d’avoir pu trouver si vite et si bien placé, le loyer n’est pas trop élevé…je devrais pouvoir m’en sortir avec deux petits boulots.

-C’est déjà une bonne nouvelle pour vous deux. En revanche, vous n’ avez pas besoin d’aller au motel ce soir, vous pouvez rester ici…

-Michael, c’est très gentil à vous, mais…

-Je souhaiterais que vous restiez Lily, nous avons assez de chambres de libre et se sera plus agréable que de dormir dans une chambre impersonnelle, vous ne croyez pas?

-Une chambre dans une maison, au sein d’une famille c’est carrément mieux!

Ils rirent tous les deux et Michael reprit son sérieux le premier.

-Très bien, je sais que Claudia Joy sera du même avis que moi, ça nous fera plaisir de vous avoir à table avec nous ce soir, et puis comme ça Denise sera rassurée, elle aussi.

-Merci beaucoup Michael, pour tout ce que vous faites.

-Je vous en prie, c’est bien normal, répondit le Commandant en lui faisant un clin d’œil.

Ils discutèrent encore quelques minutes tous les deux. Ils parlèrent de tout et de rien. De la nouvelle vie que devait se construire la jeune femme, de Denise, de Frank, de Jeremy, de Katy. De toutes les personnes dont le futur allait changer à cause, où grâce à elle, grâce à sa volonté de retrouver la femme qui l’avait mise au monde, grâce à son courage et sa détermination.

Denise arriva enfin chez elle. Elle était épuisée. Cette journée avait été très longue. Elle se réjouissait de retrouver son doux foyer ainsi que sa fille et sa petite fille. La jeune femme savait que Lily avait eu un rendez-vous pour l’appartement. Elle espérait de tout cœur que tout ce soit bien passé.

Elle arriva dans l’allée et se gara. Elle prit son sac et emprunta le chemin jusqu’à la maison. La lumière était allumée, la porte n’était pas verrouillée. Denise pénétra à l’intérieur de la demeure et referma la porte derrière elle. Elle sourit. Une agréable odeur de repas embaumait la pièce. Elle posa ses affaires et se dirigea vers le salon.

-Mmmmm ça sent bon, qu’est-ce que tu nous as préparé ? Dit -elle en souriant.

Elle se figea sur place en arrivant à la jonction entre le salon et la cuisine. Frank venait de se retourner et lui souriait largement. Il portait un tablier bleu ciel et tenait une poêle. Denise ne bougea pas, trop surprise par ce qu’il se passait.

Le Major posa ce qu’il avait en main et s’approcha doucement d’elle toujours en souriant.

-Bonsoir mon amour, murmura-t-il.

-Frank, soupira Denise à quelques centimètres de lui, tu…tu es déjà là? Je croyais…

-Je suis rentré plus tôt, répondit-il sur ses lèvres avant de les embrasser tendrement.

Denise se laissa faire et resserra ses bras autour de lui. Elle était soulagé de le sentir contre elle, de revoir son sourire, de sentir ses bras autour de sa taille et de partager ce baiser empli de tendresse.

Ils se séparèrent doucement et Denise regarda autour d’elle, recherchant une trace de Lily ou de Katy.

-Tu cherches quelque chose? Je suis là, lança Frank sur le ton de la plaisanterie.

-Oui, excuse moi, c’est que je croyais que…enfin que ce n’étais pas toi qui était là, il y avait une amie…

-Tu parles de la jeune femme qui prenait un bain dans notre baignoire et de sa petite fille? Dit-il en s’éloignant.

-Tu…tu les as vues?

-Oui, elles sont parties tout de suite après que je sois arrivé… Denise, pourquoi tu ne m’a pas dis? J’aurais compris et ça aurait évité que je me retrouve devant cette jeune femme à moitié nue.

-Je…quoi? Bredouilla Denise qui n’en croyait pas ses oreilles.

-Elle sortait de son bain, je ne savais même pas qui elle était, mais elle m’a tout dit.

-Tout dit?

-Oui… comment s’appelle t-elle déjà?… Enfin, quoiqu’il en soit, je sais que tu leur as permis de vivre ici quelques temps à cause du dégâts des eaux dans leur maison, son époux est en Irak?

-Euh…Ecoute Frank, je n’ai pas vraiment envie de parler de ça maintenant, tu es revenu et…je n’ai pas envie de penser à Lily.

-Ah oui, voilà Lily, elle m’a dit son nom mais je ne m’en rappelais plus… Je comprends que tu avais besoin de compagnie pendant mon absence, mais je préférerais qu’elles aillent à l’hôtel à présent…

-Frank, on en reparlera s’il te plait.

- Oui, excuse moi, tu as raison, on en reparlera plus tard.

Il s’approcha une nouvelle de fois de son épouse et lui caressa tendrement le front pour repousser une mèche de cheveux qui le barrait.

-Tu m’as manqué Denise, si tu savais à quel point, mais maintenant je suis là…

-Toi aussi tu m’as manqué Frank, murmura-t-elle sur ses lèvres.

Ils s’embrassèrent une nouvelle fois un long moment, puis la jeune femme se blottit un peu plus contre lui et ferma les yeux. Elle se sentait si bien dans ses bras qu’elle pourrait s’y trouver une éternité entière.

-Tu viens manger, murmura Frank après quelques minutes, je t’ai préparé un bon repas, je dois te parler d’une chose importante et puis…

Il releva doucement son visage et ancra ses yeux dans les siens.

-J’ai envie de t’offrir un dessert particulier et je ne sais pas si je tiendrais jusqu’à la fin du dîner.

Denise sourit.

-Quoi comme dessert?

-Mmmh tu ne devine pas?

Ils rirent doucement tous les deux et se séparèrent après un dernier baiser. C’est main dans la main qu’ils arrivèrent à la table déjà prête. Frank indiqua à Denise de s’assoir et il la servit, puis il s’assit en face d’elle et ils mangèrent tranquillement tous les deux.

Ils ne se quittaient du regard que très rarement, mais au fond, Denise se sentait très mal à l’aise. Elle savait qu’ elle devait lui parler de la réelle identité de la jeune femme. Elle savait également que Frank ne prendrait pas si bien la nouvelle qu’il l’avait fait en apprenant simplement que Denise les hébergeait toutes les deux. Elle avait peur, terriblement peur et elle était angoissée. Elle ne voulait pas le perdre, elle l’aimait trop pour le laisser partir ou pour qu’il ne souhaite plus jamais la voir.

Frank lui prit tendrement la main et elle leva les yeux vers lui.

-Chérie, ça va? Murmura le Major.

-Oui.

-Tu as l’air soucieuse.

-Ca va, je t’assure…je me demandais juste ce qu’était cette nouvelle dont tu voulais me parler.

Frank sourit et respira profondément. Il resserra ses doigts un peu plus sur la main de son épouse et ancra son regard profondément dans le sien.

-Denise, je…je ne repartirais plus en Irak.

Elle resta silencieuse, attendant simplement qu’il continu ses explications.

-J’ai eu une promotion, je reste à Fort Marshall, je serai instructeur.

-Instructeur? Je croyais que pour rien au monde tu ne changerais de métier, que tu étais fais pour te trouver dans un hélicoptère.

-Oui, je le croyais moi aussi, mais ma famille compte bien plus encore, et puis, je continuerai de faire ce que j’ai toujours fais, j’entrainerai de jeunes recrues, je les formerais au combat…Denise, je resterai avec toi, tu ne seras plus seule maintenant que Jeremy est parti…peut être qu’ils feront appel à moi de temps en temps mais pas tous les mois, je ne partirai plus de longues semaines loin de toi, tu n’auras plus besoin d’avoir peur pour moi.

-Frank, soupira la jeune femme.

Il lui sourit et se leva sans lui lâcher la main. Il fit le tour de la table et l’invita à se lever.

Denise s’exécuta et il la prit dans ses bras.

-Je t’aime, Madame Sherwood.

-Moi aussi Frank, répondit celle-ci en souriant.

Il lui sourit lui aussi et resserra la tendre étreinte qu’il lui offrait. Denise ferma les yeux et Frank enfouit son visage dans le creux de son cou. Ils restèrent ainsi tendrement enlacés plusieurs minutes. La jeune femme prenait doucement conscience de ce qu’il venait de se passer. Frank ne repartirait pas au combat, elle était heureuse. Heureuse et tellement triste à la fois. Comment allait -elle lui dire à présent? Elle pensait bien que ce serait une épreuve qu’elle avait peur d’affronter mais après cette nouvelle , elle ne savait pas si elle pourrait s’en relever. Elle ne savait pas si Frank supporterait de savoir que Lily était sa fille, qu’elle lui avait menti pendant tant d’années. Il fallait qu’elle lui dise au plus vite, maintenant, elle ne devait pas attendre plus longtemps. Elle se sépara doucement de lui et plongea son regard chocolat dans cet océan de douceur.

-Frank, je dois te dire une chose importante.

-Plus importante que ce que je viens de te dire?

-Je…ne sais pas, peut être oui…

-Quelque chose de grave?

-Non…non, rien de grave.

-Alors, nous en parlerons demain…Chérie, s’il te plait, j’ai envie de profiter de ce moment, j’ai besoin de te retrouver comme avant, ça fait des mois que je dors sous des tentes avec des hommes qui ronflent, je passais des nuits à rêver de toi et en me réveillant il n’y avait que le sable et le vent…

Elle ne répondit pas et Frank n’attendit pas plus longtemps avant de l’embrasser.

-S’il te plait Denise, murmura-t-il sur ses lèvres.

Elle se laissa faire, savourant ainsi le combat de leurs langues. Elle voulait lutter, lui dire, mais elle ne pouvait pas, il lui avait tellement manqué. Leur baiser s’intensifia et d’un commun accord, après un regard de connivence, ils regagnèrent leur chambre sans cesser de s’embrasser. A mi-chemin, Frank prit tendrement Denise dans ses bras et la porta jusqu’au lit. Lorsqu’il était allongé sur elle, goutant son corps avec tendresse, elle pensa une dernière fois à sa trahison, à son secret, puis elle l’enfouit au plus profond de sa tête. Elle savoura cette nuit, tout comme lui, ils se retrouvèrent, sans penser à autre chose, sans penser au lendemain qui serait sans doute plus tourmenté que Denise n’avait pu l’imaginer. 

 

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