Julia R.
 
 

Mother and Daughter
Fanfiction by Julia R.



 

Denise séveillait doucement. Le soleil pénétrait déjà dans la petite pièce claire. Elle ouvrit les yeux. Dans le creux de ses bras dormait tranquillement une fillette serrant contre elle une poupée. Denise sourit et caressa tendrement ses cheveux sombres. Des larmes coulèrent sur ses joues sans qu’elle puisse les retenir. Katy bougea et s’approcha encore plus près d’elle, enfouissant sa tête dans sa poitrine. La jeune femme déposa un doux baiser sur son front et posa sa tête contre la sienne. Elle regarda par la fenêtre. Elle pensa à Lily. Où se trouvait-elle en ce moment ? Sous un rayon de soleil ? Denise fixa le rayon pénétrer dans sa chambre.

-Dis à Lily de ne pas nous quitter, elle doit être forte pour sa fille et dis lui…que je l’aime, murmura la jeune femme en fermant les yeux et en resserrant son étreinte.

Elle resta quelques minutes dans cette position, repensant à tout ce qu’elle avait appris la veille. Lily était Elizabeth, sa fille, celle qu’elle avait abandonné alors qu’elle n’était encore qu’un nourrisson. Elle se rappela parfaitement l’accouchement, son premier petit cri.

Personne en dehors de ses parents et du père de sa fille ne connaissait son état. Elle s’était rendue seule aux urgences après s’être une nouvelle fois disputé avec sa mère sur l’avenir de cette enfant. Elle était arrivée à l’hôpital à bout de force et en plein travail. Ce ne fut que quelques courtes minutes après son admission que Lily poussa son premier cri. Denise se rappela la première fois où elle croisa son regard. Elle avait ouvert les yeux lors de son premier repas, alors qu’elle la tenait contre sa poitrine et l’allaitait. Elle était tout de suite tombée sous le charme de la fillette. Celle-ci ne l’avait pas quitté des yeux, serrant aussi fort qu’elle le pouvait le doigt de sa mère dans le creux de sa petite main potelée. Après le repas, la jeune femme l’avait gardée contre elle, l’admirant un long moment en souriant. Elle lui avait mis une chaînette autour du cou. Au bout de celle-ci se trouvait un petit médaillon en or. Le nom de la fillette y avait été gravé d’un coté et de l’autre se trouvait un ange levant les yeux vers le ciel protecteur. Denise ne fut heureuse que quelques heures avec sa petite fille. Ses parents apprirent rapidement son entrée à l’hôpital et la naissance de la fillette. La famille d’adoption fut appelée. Denise se souvint de sa rencontre avec cette femme extraordinaire. Katy Roberts avait aimé sa fille au premier regard. Elles avaient parlé pendant de longues minutes seule à seule dans la chambre d’hôpital. La jeune femme sut que si elle ne pouvait pas élever sa fille, cette femme le ferait merveilleusement bien. Après une longue conversation, Katy lui avait demandé si elle pouvait prendre une photo d’elle avec la fillette pour que si un jour celle-ci veuille la connaître, elle pourrait lui montrer qui était sa véritable mère. Ce fut leur secret. Denise avait acceptée à condition qu’elle puisse écrire une lettre à sa fille pour lui demander pardon de l’avoir abandonnée et pour qu’elle sache qu’elle l’aimerait toujours qu’importe le choix qu’elle avait dû faire à cet instant.

Denise passa encore une journée entière à s’occuper de Lily. Tous les papiers devaient être mis en ordres afin que l’adoption se fasse dans la légalité. Denise les signa contre sa volonté forcée par l’autorité de sa mère. Elle s’attacha de plus en plus à la petite fille à laquelle elle avait donné la vie, mais chaque minute auprès d’elle la rendait de plus en plus malheureuse.

Lily rejoignit la pouponnière pour la nuit. Elles devaient se séparer le lendemain. Denise ne ferma pas l’œil de la nuit. A milieu de celle-ci, elle entendit des pleurs dans le couloir. Elle se leva, sortit de sa chambre et se dirigea vers la pouponnière. Sa mère était là avec la famille d’adoption. Katy lui adressa un timide sourire navré. La fillette continuait de pleurer à chaudes larmes. Elle avait besoin de sa mère, de sentir sa présence rassurante. Celle-ci s’était précipitée mais des bras forts l’avaient retenue. Denise s’était débattue, elle s’était écroulée sur le sol en pleurs. On emmena Lily sans qu’elle puisse faire quoique se soit. Elle n’avait pas dis adieu à sa fille, cette même fille qu’elle ne revit que vingt et un ans plus tard un soir dans le Hump Bar, ici à Charleston.

 

Claudia Joy se trouvait dans la cuisine. Elle préparait le petit déjeuner pour son amie et la petite fille. Son regard se posa sur une photo où se trouvait Jeremy entouré de ses deux parents. Elle s’attacha à ces visages rieurs et sereins. Qui aurait pu penser que leurs vies changeraient si brusquement ? Qui aurait pu penser à ce que pouvait vivre chaque jour son amie auprès d’un fils violent ? Comment aurait-elle pu croire qu’elle cachait un si lourd secret ? Comment Frank allait-il prendre cette nouvelle ? Des centaines de questions arrivèrent à son esprit en un temps record. Claudia Joy décida de les mettre de coté dans sa tête. Denise allait avoir besoin d’elle et elle serait présente quoiqu’il arrive. Perdue dans ses pensées, elle sursauta lorsque Denise murmura un timide ‘Bonjour’. Elle se retourna pour faire face à la jeune femme.

-Ca va ?

Denise acquiesça.

-Tu ne devrais pas faire tout ça pour moi, dit-elle en regardant la table prête.

-Mais qui te dis que je le fais pour toi ? Tu as une petite fille très gourmande tu sais. Répondit-elle en souriant.

Denise sourit également et Claudia Joy poursuivit.

-Vas prendre ta douche ça te fera du bien et ce sera prêt d’ici là.

-Oui Madame.

Elle quitta la pièce et entra dans la salle de bain où elle prit une douche salvatrice. Elle tentait de faire abstraction des cris et des pleurs qui martelaient inlassablement son esprit.

Elle revint dans le salon dix bonnes minutes plus tard, douchée et changée. Le déjeuner était prêt. Elle s’assit et son amie lui versa du café avant de prendre place à ses cotés. Denise ne la regardait pas, elle tentait de rester concentrée sur sa tasse de café qu’elle tenait fermement entre ses mains. Celles-ci tremblaient mais elle fit comme si ce n’était pas le cas.

-Denise ?

-Mmh.

-Tu veux m’en parler ?

Elle leva enfin les yeux vers Claudia Joy.

-Te parler de quoi ?

-Tu sais très bien, répondit-elle en soupirant.

-Je ne sais pas quoi te dire…tu sais l’essentiel.

-Parle moi d’elle.

-Qu’est ce que tu veux savoir ? Je ne la connais pas finalement, pas en tant que fille en tout cas, finit-elle dans un murmure.

-Eh bien dis moi par exemple, pourquoi ce nom ? Pourquoi Elizabeth ?

Denise la regarda étonnée.

-Tu me poses une drôle de question.

-C’est juste pour entamer la conversation là-dessus, parce que tu as besoin d’en parler.

Elle ne répondit pas et Claudia Joy lui prit tendrement les mains dans les siennes.

-Alors ? Pourquoi ce nom ?

-Eh bien, se résigna enfin Denise, j’étais enceinte de sept mois…elle fit une pause et sourit en se remémorant ce souvenir, je marchais au centre ville comme j’aimais le faire, seule, sans but précis. Je regardais les vitrines des boutiques et je me suis arrêtée devant une bijouterie. Dans la vitrine était présenté un petit médaillon avec un ange gravé dessus, j’ai tout de suite craqué. Je l’ai regardé un moment et je me suis décidé à entrer. Je l’ai demandé à la vendeuse et elle me l’a montré de plus près. ‘Elizabeth ‘ était gravé de l’autre coté.

-C’était un modèle en exposition.

-Mmh…la vieille femme m’a dit qu’on pouvait commander le même modèle et y graver le nom qu’on souhaitait. Je n’avais pas assez d’argent sur moi pour le faire mais le modèle présenté était moins cher. Alors je lui ai demandé….

Elle sourit et posa sa main sur son ventre comme elle l’avait fait des années plus tôt.

-Je lui ai dis ; «  Et si je t’appelais Elizabeth…ça te plairais ? » J’ai sentis qu’elle me donnait un coup de pied, j’ai pris ça pour un ‘oui’ , finit-elle en souriant.

Claudia Joy répondit à son sourire de la même manière. Elle trouvait touchante la manière qu’elle avait de parler de Lily, de sa fille. De cette fille qu’elle n’avait que trop peu connue mais qu’elle avait profondément aimée.

-J’ai donc acheté ce médaillon, poursuivit Denise, et je lui ai offert le jour de sa naissance.

-D’après toi, ses parents adoptifs l’ont gardé ?

-Oui, je pense. C’étaient des personnes merveilleuses tu sais.

-Tu les as connus ?

-Un peu. Katy Roberts a aimé Elizabeth au premier regard, je l’ai vu dans ses yeux, c’est quelque chose que je n’ai jamais oublié, la manière qu’elle avait de la regarder. J’ai su qu’elle pourrait lui offrir une vie merveilleuse, je savais qu’Elizabeth serait heureuse. Madame Roberts m’a dit que si un jour ma fille voulait connaître sa véritable mère elle ne l’empêcherait pas. J’avais espoir pendant de longues années de la rencontrer un jour et puis cet espoir a disparu petit à petit. Nous avons tant déménagé avec Frank qu’il me semblait impossible qu’on puisse me retrouver un jour.

-Et toi ? Tu n’aurais pas voulu la retrouver ?

-Non c’était mieux ainsi…pour tout le monde je crois. Je pensais à elle, j’espérais qu’elle était heureuse. Peut être qu’elle n’aurait pas voulu me revoir, qu’elle m’en voulait.

-Tu le crois toujours ?

-Claudia Joy, elle est venue à Charleston pour Katy. Pour que cette gamine ne perde pas sa mère. Pas pour moi.

-Tu crois que Katy est sa seule raison ? Moi je ne crois pas Denise. Lily devait savoir depuis un moment qui tu étais, du moins qui tu pouvais être. Elle le savait sans doute dès votre première rencontre et pourtant, elle était aimable et souriante, prête à rendre service. Il n’y avait pas une pointe de colère ou de rancune dans son attitude à ton égard.

-Oui tu as peut être raison, c’est vrai qu’elle ne semblait pas blessée et en colère. Mais pourquoi ne m’a-t-elle rien dit alors ? J’aurai fais cette greffe sans aucune hésitation.

-Elle ne voulait peut être pas s’immiscer dans ta vie.

-Claudia Joy c’est ma fille !!

-Essaie de comprendre. Tu as construis une vie sans elle. Ce n’est sans doute pas facile de trouver sa place auprès d’une mère qui a refais sa vie. Comment aurais tu réagis si elle te l’avais dis immédiatement ? Comment aurais tu réagis à sa place ?

-Mais j’aurai pu l’aider au lieu de ça…

-…tu as partagé des moments privilégiés avec ta fille.

Denise regarda son amie, celle-ci poursuivit.

-Elle ne t’a simplement pas avoué ce qu’elle traversait pour partager de la joie avec toi. Pour être heureuse avec sa mère, pour que Katy puisse connaître elle aussi le bonheur d’être aimé et d’aimer.

-Je...je ne sais pas, soupira Denise.

-Si tu doute repense à ces moments que vous avez partagé toutes les trois ici. Rien ni personne ne changera ce que tu as vécu avec Lily et Katy.

Son amie ferma les yeux et des larmes coulèrent sur ses joues. Elle revoyait le visage rieur de la jeune femme, le sourire de Katy, elle se souvint de ces moment passés dans la cuisine à préparer le repas, du premier bain de Katy en revenant du pique-nique, de la chaleur des larmes de Lily dans son cou alors qu’elle la consolait dans une salle de bain à ce même pique-nique…

-Qu’est ce qu’il va se passer maintenant à ton avis ? Demanda Denise en ouvrant à nouveau les yeux.

-Ce que tu choisiras de faire.

Denise réfléchit un instant et regarda le PC un peu plus loin.

-Je devrai en parler à Frank, murmura-t-elle, mais…je ne veux pas qu’il l’apprenne alors qu’il se trouve là –bas, elle tourna la tête vers Claudia Joy qui ne la quittait pas des yeux. J’attendrai son retour pour lui annoncer.

Claudia Joy sourit et son amie poursuivit.

-J’ai un peu peur de sa réaction mais, il doit savoir.

-Et en attendant ? Que compte tu faire ?

-Je vais essayer de mettre mes émotions de coté et je vais faire tout ce qui faut pour retrouver ma fille avant qu’il ne soit trop tard. Je refuse que Katy grandisse sans sa mère. Je ne ferai pas la même erreur une deuxième fois. Lily me l’a confié alors je ferai ce que je juge bon de faire pour elle c'est-à-dire ; retrouver Lily. Je vais aussi prendre en charge l’opération de Katy.

-Tu veux qu’elle se fasse opérer ?

-Oui, Lily le voulait aussi, il lui manquait de l’argent mais Katy pourrait parfaitement subir l’intervention. Tout sera à mes frais, je payerai les soins, l’appareil auditif et la rééducation. Je n’abandonnerai pas cette fillette, elle a besoin de moi.

Claudia Joy sourit et Denise y répondit de la même manière. Elles finirent leur café en silence. Claudia Joy avait encore de nombreuses questions à poser à son amie mais elle préféra en rester là pour le moment.

La table débarrassée et la vaisselle étant faites, Claudia Joy décida de rentrer chez elle. Il lui sembla que Denise allait mieux, elle semblait plus confiante, Katy était là.

Elle allait sortit de la maison lorsque la fillette se jeta dans ses bras. La jeune femme la prit contre elle et la souleva du sol.

-Bonjour Katy.

-Salut, tu pars ?

-Oui je reviendrai ce soir, je dois rentrer chez moi.

-Et moi je vais où ?

-Tu restes ici quelques temps avec moi, intervint Denise.

-Ma maman reviendra pas alors ?

Les deux femmes se regardèrent ne sachant quoi dire. Denise fit signe à son amie de la laisser répondre à cette question délicate. Claudia Joy reposa la fillette à nouveau et Denise se mit à genoux devant elle. Elle sourit en lui caressant doucement le front, balayant ainsi quelques mèches de sa frange.

-Katy, ta maman est partie et on en sait pas où elle est allée. Elle t’a laissé avec moi pour que je m’occupe de toi. On fera tout ce qui faut pour la retrouver mais, tu dois savoir que ta maman ne va pas bien.

-Oui elle a souvent mal.

Denise acquiesça.

-Elle va mourir maman ?

-Je ne sais pas, mais elle peut mourir.

-Elle peut pas ! Elle m’a promis qu’on resterait toujours ensembles !

Elle se blottit contre Denise et sanglota contre sa poitrine. Les deux femmes échangèrent un regard.

-Tu veux que je reste ? Murmura Claudia Joy.

-Non vas-y.

Elle la regarda un moment consoler doucement la fillette.

-Tu es sûre ?

-Oui, j’ai besoin de rester avec Katy. Il faut que je lui dise ce qu’il se passe.

-Ok, je passe ce soir pour la prendre chez moi pendant ta garde.

-Merci Claudia Joy.

-De rien c’est normal.

Elles se sourirent et Denise se sépara doucement de Katy.

-Claudia Joy rentre chez elle, tu lui dis au revoir ?

La fillette se blottit quelques instants dans les bras de Claudia Joy. Celle-ci la regarda et lui chatouilla tendrement le nez.

-Je te promets qu’on retrouvera ta maman.

La fillette acquiesça et Claudia Joy partit enfin, les laissant seules.

-On va prendre ton bain ?

-Oui, répondit timidement Katy.

Elles entrèrent dans la salle de bain main dans la main. Katy refusait de lâcher Denise un seul instant de peur qu’elle ne parte loin d’elle. La jeune femme fit couler de l’eau et l’aida à se déshabiller. Une fois Katy dans la baignoire, les yeux de Denise se posèrent sur le petit médaillon qui se trouvait autour du cou de la fillette.

-Katy, tu l’as depuis longtemps ce médaillon ?

-Maman m’a dis depuis que je suis née.

-Je peux regarder ?

Katy fit signe que oui et Denise le prit entre ses doigts. Elle le regarda avec attention. D’un coté était gravé ce même ange qu’elle avait vu des années plus tôt, et de l’autre se trouvait le nom de la fillette.

-Ma puce est ce que tu sais si ta maman porte un médaillon comme le tien ?

-Oui, c’est sa maman qui lui a donné, mais y a pas écris mon nom mais le celui de ma maman.

Denise sourit timidement, tout en essayant de ne pas se laisser envahir une nouvelle fois par la tristesse. Elle continua de laver Katy dans le silence pendant de longues minutes. Une fois celle-ci propre et changée, elle mangea le petit déjeuner que lui avait préparé son amie avant de partir. Denise regarda le PC. Elle devait écrire à Frank comme elle le faisait habituellement mais elle ne savait pas quoi lui dire…

 

L’ambulance arriva devant le bâtiment. Les portes s’ouvrirent. Deux ambulanciers en descendirent. Ils sortirent le brancard. Un autre homme leur emboîta le pas. Il se séchait les cheveux avec une serviette claire. Deux femmes accueillirent les arrivants aux portes vitrées. La jeune femme étendue sur le brancard avait le teint extrêmement pâle et ses cheveux étaient encore humides après son séjour dans l’eau glacée. Une couverture de survie recouvrait son corps fragile. On l’emmena à l’intérieur. Le jeune homme ne la quitta pas des yeux et la suivit. Une vague de médecins et d’infirmières arrivèrent au pas de course auprès d’elle. Une infirmière au regard de braise et au sourire ravageur adressa un regard à l’homme qui se tenait non loin.

-Salut Aaron, murmura-t-elle à son attention.

-Salut Estelle, répondit celui-ci avec un timide sourire.

-Aaron ! Qu’est ce que tu fous là ? Tu n’es pas censé être en week-end ?

-Euh si, il regarda une dernière fois Lily partir avec les autres personnes au fond du couloir dans une petite salle , mais cette fille s’est jetée dans le fleuve sous mes yeux. Elle n’avait pas de papiers sur elle, je ne connais pas son nom.

-Elle est restée inconsciente ?

-Non elle était consciente un instant mais faible et elle était en arrêt respiratoire lorsque je l’ai sortie de l’eau. Je l’ai stabilisé et j’ai appelé, elle a fait un arrêt cardiaque pendant le transport mais on a pu la ramener.

-Elle n’a rien dit ?

Il réfléchit un instant, perdu dans ses pensées.

-Aaron elle a dit quelque chose ?

-Non, non elle s’est contentée de me regarder et de me tenir la main.

-Mmh, tu fais toujours autant d’effet.

-C’est bon la ferme.

-Tu restes ?

-Ben ouais, maintenant que je suis là.

-Allez go, va te changer, je vais m’occuper de ta protégée en attendant.

Aaron sourit et rejoignit le vestiaire. Il ouvrit son casier et en sortit sa blouse. Il était en dernière année d’internat en chirurgie dans cet hôpital de Goldsboro. Il était de loin le plus doué, le plus jeune et le plus prétentieux de sa promotion. C’était un brillant élément mais également un homme séduisant, son charme et son sourire ravageur lui ouvraient de nombreuses portes et il ne comptait plus toute ses conquêtes.

Une fois changé, il s’assit quelques instants dans un des fauteuils confortables. Il côtoyait la maladie et la mort chaque jour mais personne n’avait jamais voulu se donner volontairement la mort sous ses yeux. Cette femme semblait si jeune, à peine plus que lui. Qu’est ce qui avait pu la pousser à agir de la sorte ? Il ferma les yeux un court instant, se remémorant cette rencontre, son regard si triste et si suppliant…

Flash-back

Il marchait tranquillement le long du fleuve. Le soleil se levait à peine. La nuit avait été courte et mouvementée. Il avait passé une bonne partie de la soirée dans un bar à boire de nombreuses bières. Puis il avait passé la nuit avec une jeune femme dont il ne se souvenait même plus le prénom. Son internat prenait fin dans quelques mois. Il serait bientôt chirurgien. Ses conquêtes amoureuses s’enchaînaient à un rythme effréné. Mais aucune femme ne pouvait réellement le toucher droit au cœur. Aucune d’elle ne parvenait à y voir autre chose qu’un jeune homme séduisant et gâté par la nature.

Il regarda un instant le soleil se lever. Puis il ferma les yeux, sentant le doux vent sur sa peau. Il se sentait bien dans des moments pareils, seul à ne plus penser à tout ce qui l’entourait, à la misère, à la maladie, à la mort qu’il côtoyait chaque jour. Un bruit sourd le tira de sa rêverie. Comme si quelque chose était tombé dans le fleuve tout proche. Son instinct le poussa à se diriger dans sa direction. Il vit de nombreuses auréoles sur la surface lisse. Il crut entrevoir une chevelure s’enfoncer dans l’eau sombre et glaciale. Il n’hésita pas d’avantage. Il retira son veston son pull et son T-shirt d’un même geste puis ses chaussures et plongea lui aussi. Il la vit enfin. La jeune femme avait les yeux fermés. Il l’attrapa par le bras et la tira vers la surface. Il reprit son souffle et hissa le corps désarticulé sur son torse. Il posa la tête de Lily sur son épaule, retenant la jeune femme dans cette position par la main qu’il resserra fermement sur sa taille. Il nagea doucement vers la rive. Il hissa Lily sur la berge et sortit de l’eau également. Il enleva avec tendresse les quelques cheveux qui avalaient son visage si serein. Aaron approcha son oreille de sa bouche. Elle ne respirait plus. Il pencha sa tête en arrière en la maintenant en dessous du menton. Il lui boucha le nez et se pencha doucement sur elle, ses lèvres entrèrent en contact avec les siennes. Il envoya l’air présent dans ses poumons dans ceux de la jeune femme et commença le massage cardiaque, répétant cette opération plusieurs fois avant que Lily ne reprenne ses esprits. A cet instant son regard accrocha celui de la jeune femme. Il y vit tant de choses que son cœur se resserra dans sa poitrine. Après avoir rejeté l’eau qui se trouvait dans ses poumons, Lily laissa retomber sa tête sur l’herbe fraîche. Un rayon de soleil la frappa en plein visage. Aaron prit son portable et composa le numéro des urgences les plus proches. Il posa délicatement le tissu épais sur le corps de Lily pour qu’elle n’ait pas froid. Celle-ci ne le quitta pas des yeux un seul instant. Qui était cet homme ? Pourquoi l’avait-il sauvé ? Elle ne voulait pas être sauvée.

Le jeune homme raccrocha et porta à nouveau son attention sur la jeune femme.

-Pourquoi…vous…avez fait ça ? Murmura Lily.

-Je n’accepterais jamais que quelque meurt devant moi sans avoir tout fait pour lui sauver la vie.

Lily sourit timidement.

-Quel est votre nom ?

Elle ne répondit pas et ferma doucement les yeux.

-NON ! Non restez avec moi.

Il se pencha sur elle et lui prit le visage entre ses mains calleuses. Lily le regarda à nouveau, plongeant une nouvelle fois son regard dans ses yeux si bienveillants. Ils restèrent un moment ainsi à quelques centimètres l’un de l’autre sans se parler, chacun perdu dans le regard de l’autre.

L’ambulance arriva enfin. Lorsqu’on voulu mettre Lily sur le brancard, sa main se referma avec une force inouïe sur le bras de Aaron. Elle le regarda un court instant.

-S’il vous plait…ne me laissez pas, murmura-t-elle à bout de force.

Aaron acquiesça et on les emmena tout les deux à l’hôpital de Goldsboro, là où le jeune homme travaillait.

Fin du Flash-back.

Denise avait prit le chemin du motel où Lily avait passé quelques mois avec Katy. Elle voulait récupérer au plus vite les affaires de la jeune femme. Denise jeta un regard dans la glace latérale. Katy regardait le paysage défiler par la fenêtre. Elle serait fermement la poupée que lui avait offerte sa maman contre elle. Denise savait à quoi elle pensait à cet instant. Elle savait combien elle pouvait lui manquer. La jeune femme pensait également beaucoup à Lily depuis qu’elle n’eu plus de nouvelles d’elle quelques semaines plus tôt. Mais à présent qu’elle savait la vérité, elle ne quittait plus son esprit un seul instant.

Denise devait parler à la fillette. Elle devait lui expliquer ce qui se passait, qui elle était et pourquoi sa maman l’avait laissé. Elle devait également lui parler de l’intervention qu’elle devait subir. L’infirmière voulait que la fillette se fasse opérer. Elle s’occuperait d’elle comme Lily le voulait et comme elle n’avait pu le faire avec sa fille. Elle devait la retrouver, par tous les moyens s’il le fallait, mais elle devait le faire. Les jours et peut être même les heures étaient comptées. Mais elle ne savait pas où chercher, ni même quoi chercher. Plus elle y pensait et plus cela devenait une évidence. Une évidence qu’elle refusait de croire au plus profond d’elle-même. Lily avait refusée de se battre plus longtemps. Elle avait jeté les armes. Elle avait abandonné sa fille à la seule personne qui pourrait tout comprendre. Elle avait perdu l’espoir, elle était condamnée. Denise chassa cette réalité de son esprit. Elle devait être forte et ne pas penser au pire. Sa priorité était Katy et commencer les recherches pour retrouver Lily au plus vite. Peut être y arrivera-t-elle à tant…

Elles arrivèrent enfin à l’autre bout de la ville. Elles montèrent dans la chambre. Denise porta les cartons fermés dans la voiture et Katy se chargea de mettre ses affaires et celles de sa maman dans les valises. Bien sûr les vêtements n’étaient pas pliés comme il se devait mais la fillette s’appliquait à la tâche et prenait un grand soin de ne pas abîmer les habits de Lily. Une fois tous les cartons dans le coffre, Denise rejoignit une dernière fois la petite pièce. Katy était sagement assise sur le bord du lit. Denise sourit timidement et vint s’asseoir près d’elle. Elle caressa doucement son front et déposa un baiser dans ses cheveux. La fillette fixait la petite poupée qu’elle tenait dans ses bras. Elle leva la tête et croisa le regard de la jeune femme.

-Denise, est ce que tu va devenir ma deuxième maman ?

Denise étonnée, la regarda sans répondre et Katy poursuivit.

-La maman de ma maman, mamy Katy, ben c’était pas sa vraie maman. Elle me l’a dis. La vraie maman de ma maman elle pouvait pas la garder alors elle l’a donné à une dame qui s’est occupé d’elle à sa place. Tu comprends ?

Denise sourit timidement et Katy poursuivit.

-Alors c’est pareil avec moi ? Tu vas être ma deuxième maman ?

-Katy je…je sais que tout ça est très dur à comprendre pour une petite fille de ton âge. Mais je sais aussi que tu es très intelligente. La fillette sourit jusque derrière les oreilles et la jeune femme se mit à genoux devant elle. Katy je dois te parler de quelque chose de très important. Ta maman est une très gentille maman et si elle t’a laissé ici ce n’est pas parce qu’elle ne t’aimait pas, n’oublie jamais que tu es la personne la plus importante pour ta maman, elle t’aime de tout son cœur mais, c’est aussi une maman malade qui ne veut pas que sa petite fille soit triste de la voir comme ça tu comprends ?

Katy acquiesça et Denise poursuivit.

-Ta maman t’as laissé ici, avec moi parce que, parce que je l’ai connu y a très très longtemps.

-Tu connaissais ma maman ?

-Mmh oui, je l’ai rencontré une fois. Je ne suis pas restée avec elle très longtemps mais j’ai aimé passer quelques heures à ses cotés.

-C’est vrai ? C’était quand ?

-Quand elle était encore un tout petit bébé. Katy la regardait avec de grands yeux ronds s’imaginant mal sa mère avoir été un jour un enfant, ta maman…est ma fille Katy. Je suis sa première maman.

-Mais pourquoi tu t’es pas occupé d’elle alors ? Tu l’aime pas ?

-Si, bien sûr que je l’aime, mais tu sais c’est très compliqué ma puce.

-Maman elle est toujours restée avec moi elle.

-Je ne pouvais pas m’en occuper Katy. Mais je l’ai confié à des gens qui ne pouvaient pas avoir d’enfants et ils se sont bien occupés d’elle, comme si elle avait été leur fille.

-Ces gens, c’étaient Mamy Katy et Papy Jo ?

-Oui.

Katy baissa les yeux et son attention se porta sur sa poupée. Elle caressa doucement ses cheveux. Denise ne la quittait pas du regard pendant ces quelques minutes passées dans le silence. Que pouvait-il bien traverser l’esprit de la fillette ? Comprenait-elle tout ce qui se passait ? Denise en était persuadée. Cette petite fille était intelligente, elle savait.

Katy releva la tête et plongea son regard bleu dans celui de Denise.

-Alors tu es aussi ma Mamy ?

Denise sourit.

-Oui Katy, je suis ta mamy.

La fillette lui répondit de la même manière.

-Alors je peux t’appeler autrement que Denise ?

-Si tu veux.

Elle réfléchit un instant.

-Je peux pas t’appeler ‘Mamy’ parce que Mamy c’est ma mamy, la deuxième maman de ma maman…alors…Mia.

-Mia ? Demanda Denise étonnée.

-Oui, comme ça c’est pas comme Mamy et puis c’est joli ! T’aimes pas ?

-Si c’est très bien ma puce, dit Denise en lui chatouillant le nez.

-Dis Mia, maman elle sait que tu es sa maman ?

-Oui elle le sait.

-Et qui sait encore ?

-Claudia Joy.

Le sourire de la fillette s’agrandit encore un peu plus et Denise poursuivit.

-Mais personne ne doit être au courant pour le moment d’accord ? On doit d’abord retrouver ta maman, ça restera un secret entre toi, Claudia Joy et moi.

-D’accord.

Elles s’étreignirent un long moment. Denise était soulagée. Katy avait bien pris cette nouvelle. Elle avait accepté ce changement surprenant.

Après quelques minutes elles sortirent du motel main dans la main. Les dernières affaires sous le bras, elles montèrent en voiture. Denise proposa de faire quelques courses afin qu’elle ai le nécessaire au bien être de la fillette.

Elle était une jeune grand-mère, mais comme toute grand-mère elle ne pouvait s’empêcher de gâter sa petite fille. Ainsi elles restèrent un moment dans le magasin à remplir le caddie de diverses choses à manger. Ceci étant fait, et ayant payé leurs achats, elles se dirigèrent vers la voiture pour les ranger. Le coffre était déjà plein des affaires de Lily et de Katy. Denise entreprit de mettre les achats dans l’habitacle aux cotés de la fillette. Celle-ci l’aida à tout y ranger et elles retournèrent près du bâtiment pour déposer le caddie.

-Denise, ça alors.

Lenore avança vers elle avec un sourire narquois. Se tenait à coté d’elle une femme à la même allure bourgeoise.

-Lenore, Nicole, murmura Denise en se forçant à sourire et en resserrant ses doigts sur la main de Katy.

-Je vois que vous semblez allez mieux que ce que l’on m’a dit. Comment allez vous ?

-Bien, merci de vous en soucier.

-J’ai appris pour votre fils. J’espère que tout se passera bien pour lui, Bassora est une ville dangereuse.

-Merci Lenore. Moi aussi j’espère que tout ira bien, répliqua Denise sur un ton sec.

-Et ce cher Frank ? Toujours en Irak lui aussi ?

-Oui.

-Ce n’est pas trop dur pour vous ?

-Que voulez –vous Lenore ?

-Rien, voyons. Nous parlons calmement comme des personnes civilisées.

Denise ne répondit pas et Lenore regarda Katy se tenir derrière les jambes de la jeune femme. Un sourire emplis de mépris apparut sur ses lèvres et ses yeux avaient cette petite étincelle de méchanceté. Instinctivement, Denise se plaça un peu plus devant Katy, se tenant ainsi entre elle et la femme.

-Elle est là elle ? Eh bien Denise vous vous amusez à jouer les nounous ?

Denise ne répondit toujours pas et lui lança un regard noir. Lenore se pencha sur Katy qui se cacha un peu plus derrière les jambes de sa protectrice.

-Alors Mademoiselle tu n’es pas avec ta mère ? Hein ? Elle est où ta maman ?

-Laissez-la.

Elle se redressa.

-Je vois que vous prenez le relais de cette, comment déjà, Lily ? Cette pauvre fille a dû déteindre sur vous.

-Arrêtez tout de suite Lenore.

-J’ai appris qu’elle était retournée à New York. Avec cet homme, ce drogué ! Sans doute le père de cette gamine. Je me demande bien comment vous pouvez garder cette enfant alors que sa mère est la cause du déploiement de votre fils ?

-Je ne crois pas les ragots Lenore. Surtout quand ceux qui les propagent s’en prennent moralement à des enfants.

-Oooh vous croyez que j’ai inventé ça de toute pièce ?

-Parfaitement.

-Il y a des choses qui ne trompent pas. Cette fille est encore une gamine et il semble qu’elle ai disparu au moment où, comme par hasard votre fils part au combat.

-Lily n’est pas responsable du déploiement de Jeremy.

-Libre à vous de croire ce que vous voulez Denise.

-Pourquoi faites vous ça Lenore ?

-Je ne fais rien.

-Vous n’avez pas supporté que Lily vous tienne tête et à présent vous la salissez.

-Voyons Denise. Tout le monde a oublié cet incident.

-Moi non. Et cette fillette non plus. Maintenant si vous le voulez bien j’ai des choses bien plus importantes que de rester ici à converser avec vous. Au revoir Lenore, Nicole.

Elle leur lança un regard froid et entraîna Katy jusqu'à la voiture.

-Je ne pensais pas que cette femme tomberait si bas. Défendre une fille comme ça. Dit Lenore en se tournant vers son amie. Enfin que veux tu.

Elles se sourirent et entrèrent dans le bâtiment.

Denise était assise au volant. Elle ne démarra pas tout de suite. Elle respira profondément, fermant les yeux quelques instants pour éviter que les larmes ne coulent en présence de la fillette. Celle-ci se détacha et s’approcha d’elle.

-Tu es triste Mia ?

-Non ma puce, ça va.

-C’est pas vrai ! Maman elle disait toujours ça et puis elle pleurait quand elle croyait que je la voyais pas.

-Tu sais Katy, ta maman est une maman très courageuse et j’aimerai tellement être comme elle.

-Tu es aussi courageuse.

-Non ma puce, elle caressa sa joue, je n’ai jamais été courageuse.

-Moi je t’aime quand même.

Elle sourit timidement.

-Moi aussi je t’aime, très fort.

Elles s’étreignirent un long moment et Katy reprit sa place. Denise se retourna.

-Katy, je dois aller quelque part pour voir des messieurs qui nous aiderons à retrouver ta maman. Ca prendra du temps et tu devras être sage. Ensuite on rentrera parce que je dois aller travailler ce soir. Claudia Joy viendra pour être avec toi, d’accord ?

Katy fit ‘oui’ de la tête en souriant. La jeune femme lui caressa tendrement le nez, ce qui fit rire la fillette. Denise aimait la voir rire, après tout ce qu’elle avait dû subir dans sa toute jeune vie, elle souhaitait qu’elle soit heureuse, bien qu’elle se doutait que Lily avait tout fait pour qu’elle le soit. Denise démarra et prit le chemin du centre ville. Elle devait signaler la disparition de Lily. Bien que cela ne faisait pas soixante-douze heures, le temps nécessaire avant que l’on signale une disparition, elle devait se rendre au poste de police. Elle devait les convaincre de commencer les recherches. C’était un cas unique et les heures étaient comptées pour la jeune femme.

La jeune femme était étendue dans la mer de draps blancs. Son corps semblait s’être perdu dans les plis. De nombreux appareils l’entouraient. Un long tuyau reliait son bras à la perfusion qui se trouvait a coté de son lit. La dernière infirmière présente lui demanda si tout allait bien mais elle ne répondit pas. Lily se concentrait sur ce point invisible dans le ciel bleu. L’infirmière sortit de la pièce, la laissant seule dans son mutisme. Elle n’avait prononcé aucun mot depuis son arrivée à l’hôpital. Pourquoi cet homme l’avait-il sortit de l’eau ? Pourquoi n’avait –elle pas pu mourir quand elle le souhaitait et de la manière dont elle le souhaitait ? Tout ceci lui semblait injuste Elle se trouvait là à présent, condamnée à mourir doucement, condamnée à voir partir sa vie, couchée dans ce lit froid. Elle entendait les battements de son cœur sur le moniteur derrière elle. « Mais qu’il arrête de battre ! »Pensa la jeune femme. Elle sentait le liquide couler dans ses veines, celui qui lui redonnait de la force encore pour quelques jours. Avant cette fin proche et effrayante. Elle savait qu’ils ne trouveraient pas de donneur, elle avait perdu tout espoir, et puis, elle ne voulait plus se battre de toute manière. Lily ferma les yeux un instant. Elle pensa à ce qu’elle avait de plus cher sur cette terre, à cet ange qu’elle avait porté, aimé, pendant des années et qu’elle aimerait encore jusqu'à son dernier souffle. A sa petite fille. Elle se souvint de ses premiers pas qu’elle avait faits sous le soleil d’août dans le jardin de ses parents. Katy portait une robe rose, lui arrivant jusqu’aux genoux. Ses cheveux encore courts et aussi blonds que les rayons du soleil étaient brièvement coiffés sur sa tête avec de toutes petites barrettes en forme de papillons. Elle avait marché pieds nus dans l’herbe verte et s’était lovée dans ses bras. Lily en avait pleuré de joie. Son ange lui avait accordé le plus beau des sourires avant de renouveler l’expérience en ce dirigeant vers ses grands-parents. Bien sûr elle était tombée plus d’une fois sur le chemin séparant sa mère des deux autres personnes, mais Katy se releva à chaque fois pour continuer d’avancer, pour atteindre ce but qu’elle s’était fixée.

Lily, elle, avait échoué. Elle ouvrit les yeux et les larmes coulèrent sur ses joues. Elle avait retrouvé sa véritable mère, mais elle n’avait pas pu lui avouer son identité. Elle partagea de nombreux moments en sa compagnie sans jamais lui dire qui elle était vraiment. Lily l’avait reconnue dès le premier regard. Elle avait su dès l’instant où Denise lui sourit. Mais Lily n’avait pas pu. Elle s’était montrée si forte et si courageuse pendant de nombreuses années mais cette fois elle n’avait pas pu trouver ce courage, et avait préféré fuir, pour la première fois. Elle n’avait pas voulu briser sa vie, cette vie dans laquelle elle n’avait pas sa place. Pourquoi avait-il fallu qu’elle s’attache à cette femme ? Elle avait manipulé de nombreuses personnes pour en arriver là. Denise aurait dû être manipulée de la même manière. Mais Denise était sa véritable mère. Cela faisait une grande différence. Au moment de lui avouer, elle avait réalisé qu’elle était aimée et respectée. Elle avait fait assez de mal et avait préféré quitter la ville. Quitter la vie. Mais quelqu’un en décida autrement. Elle repensa à cette rencontre faite le matin même. A ce jeune homme. Sa présence l’avait rassurée, apaisée. Son regard si bienveillant, son sourire, la douceur de ses mains…

Lily se demanda si elle n’avait pas rêvé, si cet homme avait bien existé. Elle se rappela ses paroles chaleureuses, sa voix envoûtante. Lily sourit timidement. Peut être avait-elle rencontré un ange ? Il était apparu dans un rayon de soleil et avait disparu presque aussitôt.

La jeune femme regagna la réalité en entendant la porte de sa chambre s’ouvrir. Elle tourna la tête vers l’homme qui venait de pénétrer dans la pièce. Il lui adressa un tendre sourire et le cœur de la jeune femme ne fit qu’un bond dans sa poitrine. Il était là, devant elle, en blouse et tenait son dossier entre les mains. Il s’approcha doucement du lit.

-Je vois que vous allez un peu mieux. Aaron Sanders je suis interne en chirurgie, c’est moi qui vous ai ramené ici, vous vous souvenez ?

Elle ne répondit pas et il poursuivit.

-Vous savez si vous voulez vous baignez il existe des endroits que l’on appelle ‘piscine’. C’est toujours mieux que de sauter du haut d’un pont.

Sa tentative de détendre l’atmosphère voua à l’échec et Lily regarda une nouvelle fois le ciel bleu.

-Vous ne voulez toujours rien nous dire ? Nous sommes là pour vous aider vous savez. Et puis je sais que vous parlez, je vous ai entendu. Vous m’aviez dit de ne pas vous laisser, de rester avec vous, je suis là alors parlez moi. Ecoutez Elizabeth.

Elle tourna brusquement la tête vers lui et lui lança un regard noir.

-Ce n’est pas votre nom ? Demanda le jeune homme étonné. Pourtant c’est celui gravé sur votre médaillon.

-Personne ne m’appelle Elizabeth, à part mes parents, murmura Lily.

-Alors comment vous appelle-t-on ?

-Lily.

-Lily comment ?

-Juste Lily, répliqua celle-ci.

Elle détourna le regard et regarda à nouveau le paysage derrière la fenêtre.

-Bien ‘Juste Lily’ nous vous avons fait de nombreuses analyses, vous êtes très faible. La dialyse qu’on vous a faites vous a remise sur pieds pour quelques temps. Bien sûr vous devrez en faire chaque jour à présent pour nettoyer votre sang depuis l’arrêt de votre traitement. Je me demande par quel miracle vous êtes encore en vie. Quand on voit le niveau d’impureté auquel il s’élève. Depuis combien de temps n’avez-vous plus subi cette intervention ?

-Je ne sais plus.

-Un mois, deux ?

-Je vous ai dis que je ne savais pas, répliqua Lily sur un ton sec.

-Vous avez de la famille ? Quelqu’un à prévenir ?

-Non.

-Vos parents, vous avez dit…

-Ils sont morts.

-Oh, pardon. Pas d’amis, de petit ami ou…

-Je vous ai dit non. C’est clair il me semble.

-Très bien, murmura Aaron avant de se retourner pour sortir.

-Mais pourquoi avez-vous fait ça ?

Il se retourna et la regarda dans les yeux. Les larmes avaient coulées sur ses joues.

-Je vous l’ai dit. Je ferai tout pour sauver une personne si je suis en mesure de le faire.

-Je ne le demandais pas. Laissez-moi. Vous auriez dû me laisser, sanglota Lily.

Il s’appuya sur les barreaux du lit et lui parla calmement.

-Je ne vous laisserai pas. Pas avant que vous ne sortiez de cet hôpital avec un nouveau rein.

-Alors ce combat est perdu d’avance.

-Je ne dépose pas les armes avant de me battre Lily.

Il fit demi-tour, la laissant seule dans sa chambre en pleurs.

Arrivé dans le couloir il s’adossa un instant contre le mur clair. Comment cette jeune femme pouvait-elle souffrir à ce point ?

-Aaron, ça va ? Demanda son ami en posant sa main sur son épaule.

-Ouais.

Ils marchèrent tout les deux dans le couloir.

-C’est ta patiente qui te tracasse ? L’inconnue de ce matin ?

-Lily. Elle semble anéantie. Elle a besoin d’une greffe de rein, son état est critique et elle n’a plus subi les soins depuis quelques temps. Pourtant je sais qu’une greffe est encore possible.

-Elle a de la famille ?

-Elle m’a dit que non.

-C’est un peu compliqué dans ce cas, tu sais très bien que les donneur compatibles sont très rares.

-Je sais mais…

-Tu doutes qu’elle te dise la vérité ?

-Je ne sais pas, elle cache quelque chose c’est évident. J’aimerai l’aider.

-A ton avis elle en a pour combien de temps encore ?

-Elle semble ne pas vouloir se battre, je dirais quelques jours avant le coma. Je ne sais vraiment pas quoi faire.

-Ton rôle de médecin Aaron.

-Ce n’est pas suffisant. Tu comprends cette fille est…

-Elle est jolie c’est ça ?

-Eric arrête. Elle souffre, et je ne te parle pas que de sa maladie. Il y a quelque chose d’autre je l’ai vu dans ses yeux.

-Tu crois qu’elle pourrait t’en parler ?

-Tu plaisantes. Parler avec une tête de mule pareille ?

-Ton charme n’opère pas sur la belle demoiselle et ça te gêne. Dit-il en riant.

Son ami rit également à sa remarque.

-Que veux-tu, on ne peut pas plaire à tout le monde, répondit Aaron.

-Mmh, alors c’est ça, avoue que tu la trouves jolie.

-Si tu veux bien, je serai ravi d’en parler avec toi mais j’ai d’autres patients qui m’attendent.

-Changement habile de sujet. Bravo, un jour tu seras aussi bon que Clark sur ce point.

-Pour finir chauve, non merci.

Ils rirent et se séparèrent à l’angle du couloir pour poursuivre chacun leur travail jusqu’à la fin de leur garde.

 

On sonna à la porte. Denise se leva du canapé et alla ouvrir.

-Salut.

-Salut Claudia Joy.

Celle-ci entra.

-Alors ça va ?

-Oui, ça peut aller.

-Où est Katy ?

-Devant la télévision.

Les deux femmes entrèrent dans la pièce principale. La fillette avança en souriant vers l’invitée. Celle-ci l’accueillit contre elle et l’embrassa tendrement.

-Coucou princesse, ça va ?

-Oui.

-Tu sais que je reste avec toi ce soir ?

-Super !

La fillette sauta de joie et passa ses petites mains autour de son cou pour une nouvelle étreinte. Elles se séparèrent doucement, et Denise intervint.

-Katy, tu retourne regarder les dessins animés, je dois parler à Claudia Joy.

-D’accord Mia.

Elle sourit et s’assit à nouveau sur le canapé prenant contre elle la poupée qu’elle avait quitté quelques instants. Les deux femmes rejoignirent la cuisine et s’installèrent à table.

-Tu as parlé à Katy, demanda Claudia Joy en s’asseyant.

-Oui, je lui ai dis que Lily était ma fille et qu’on devait la retrouver parce qu’elle était très malade.

-Et ?

-Elle l’a bien prit. Lily lui avait dit qu’elle avait été adopté par les Roberts parce que sa véritable mère ne pouvait pas s’occuper d’elle.

-Elle lui a dit ?

-Oui.

-Woaw. C’est une fille formidable.

Denise sourit timidement et Claudia Joy poursuivit.

-Et pour la suite, qu’est ce que tu lui as dit ?

-Que je m’occuperais d’elle jusqu’au retour de sa maman, si elle revint, murmura-t-elle.

-Bien sûr qu’elle reviendra.

-Je suis allée signaler sa disparition au poste de police. Ils n’ont rien voulu entendre, ça ne fait pas soixante douze heures. J’ai eu beau leur dire que c’était un cas exceptionnel, que c’était important et qu’il fallait entamer les recherches mais, ils n’ont rien voulu entendre. Il faut attendre.

Claudia Joy soupira et Denise passa ses mains dans son visage.

-Eh bien je crois qu’on devra se débrouiller sans eux pour le moment.

-Quoi ? Qu’est ce que tu veux qu’on fasse.

-Tu as récupéré toutes les affaires de Lily ?

-Oui.

-Il doit y avoir un numéro, une adresse d’un endroit où elle a pu vouloir aller.

-Mmh je ne pense pas, elle a dû quitter la ville et partir n’importe où. Elle n’a plus personne.

-Et les femmes dont elle avait les identités ? On va les contacter, tu n’es sans doute pas la première qu’elle est allée voir, peut être que l’une d’elle sait quelque chose. Tu peux aussi passer par l’hôpital.

-Contacter les hôpitaux de la région. Pourquoi je n’ai pas pensé à ça ? Elle a pu être admise dans un service d’urgence.

La jeune femme se sentit enfin respirer à nouveau. Pour le moment elles n’avaient encore rien mais il y avait un espoir. Si Lily avait été admise dans un hôpital, ils pourraient lui faire tous les soins nécessaires. Elle pourrait encore attendre quelques temps. Le temps qu’elle ne la retrouve. Elle ne l’abandonnerait pas cette fois. Elle devait la retrouver, elle en avait fait la promesse à une petite fille de quatre ans.

-Denise ?

Claudia Joy la sortit de ses pensées.

-Oui ?

-Je ne veux pas te mettre hors de chez toi mais, tu ne dois pas aller à l’hôpital ?

-Si je vais être en retard.

Elle se leva d’un bond et prit ses affaires à la volée. Elle embrassa Katy et rejoignit une nouvelle fois son amie.

-Je passe chercher Katy demain matin chez toi.

-Pas de problème.

-Merci, merci vraiment beaucoup Claudia Joy.

-Je t’ai dis que c’était normal.

Denise sourit et quitta la maison pour rejoindre l’hôpital.

Claudia Joy rejoignit la fillette sur le canapé. Un album photo était ouvert sur la table basse. Elle le prit et regarda les photos présentes sur la page ouverte. Sur l’une d’elle, une jeune fille d’environ treize ans s’y tenait souriante. Elle avait les cheveux soigneusement attachés en une longue natte qui tombait dans son dos. Assise sur un rocher clair, elle regardait au loin, son regard se perdant dans l’immensité bleu qui se trouvait face à elle.

Claudia Joy se tourna vers la fillette.

-Katy, c’est ta maman sur ces photos ?

Elle acquiesça et Claudia Joy ne put s’empêcher de sourire. Elle regarda une nouvelle fois la photo puis tourna les pages pour revenir sur les précédentes, celles que son amie avait déjà vues. Elle sourit plusieurs fois en voyant la fillette à peine âgée de quelques mois, entourée de ses parents adoptifs.

Lily était une petite fille très souriante et pleine de vie. Claudia Joy remarqua qu’elle devait aimer particulièrement les photos puisqu’elle semblait heureuse sur chacune d’elle. Elle pensa à son amie qui devait avoir vu cette même image de bonheur. Denise avait dû se sentir soulagée de constater que sa fille avait été heureuse dans son enfance.

Claudia Joy regarda l’album dans sa totalité. Les dernières photos avaient été prises avec Katy. Il y en avait prise à sa naissance et quelques une datant de quelques mois plus tard. Mais Claudia Joy remarqua que les dernières photos avaient été prises alors que la fillette devait être âgée de deux ans au maximum. L’album n’avait pas été rempli, il y avait encore quelques pages de libres. La jeune femme se remémora la première après midi qu’elle passa avec Katy et Lily. Les parents de celle-ci étaient décédés alors que la fillette n’avait que deux ans. Lily était partie à la recherche de sa véritable mère à ce moment là. Elle avait tout perdu, et se savait sans doute déjà malade. Elle avait ainsi parcouru tout le pays avec sa fille recherchant par tous les moyens à trouver la femme qui l’a mise au monde. « Mais pourquoi abandonner si près du but ? » Pensa Claudia Joy.

Le dessin animé prit fin et la jeune femme prépara les affaires pour la nuit de Katy. Elle fit un dernier tour dans la maison et ferma la porte. Toutes les deux montèrent en voiture pour rejoindre le domicile des Holden.

Les deux jeunes femmes marchaient l’une à coté de l’autre dans la rue. Aujourd’hui encore le soleil brillait et il faisait bon marcher sous le souffle du vent. Les enfants venaient de rentrer en classe. Pamela et Roxy pouvaient enfin parler du soir précédent chez Denise.

-Denise et Claudia Joy ont trouvé quelque chose sur Lily ?

-Non rien.

-Tu les crois ? Moi je trouve ça bizarre, cette disparition…

-Tu te fais des films.

-Mouais, peut être.

Elles restèrent silencieuses un moment et Roxy se remémora les événements de la veille.

-Roxy ?

-Mmh.

-Tu sais quelque chose.

-Non rien je t’assure mais, c’est vrai qu’elles semblaient différentes en rentrant.

-Différentes comment ?

-Je ne sais pas. Denise semblait bouleversée.

Pamela s’arrêta et la regarda.

-Attends. Elle trouve une gamine de quatre ans endormie devant sa porte, sa mère disparaît. A ton avis tu n’aurais pas été bouleversée à sa place ? On l’était tous.

-Ouais mais, il y a un truc.

-Maintenant c’est toi qui te fais des films.

-Non c’est une intuition.

-Mouais, dit Pamela en faisait la grimace. Je ne vois pas pourquoi Denise et Claudia Joy t’auraient caché quelque chose si elles avaient trouvé du nouveau.

-Je suis sûre qu’elles cachent quelque chose.

-Si elles ne t’ont pas parlé c’est que nous n’avons pas à le savoir.

-Oui ces fameuses choses qu’on ne dit pas quand nous sommes femmes de soldats c’est ça ? Répliqua Roxy.

-Ce sont nos codes. Je croyais que tu avais enfin compris.

-Je sais, soupira la jeune femme, j’ai compris.

-Laisse-les avoirs leurs secrets. Si elles jugent que nous devons savoir, nous saurons.

-Et Katy, si tu avais vu cette gamine, elle n’arrêtait pas de pleurer. Elle serrait contre elle sa poupée si fort.

-Elle doit être déboussolée, c’est normal.

-Elle semblait avoir peur, comme s’il allait lui arriver quelque chose de terrifiant, je n’arrivais pas à la calmer, quand Denise et Claudia Joy sont rentrées, elle s’est jetée dans leurs bras et ne voulait pas les lâcher. Je n’ai jamais vu une petite fille aussi effrayée.

Elles se remirent en marche et poursuivirent leur conversation sur le chemin de leur domicile.

-J’espère vraiment qu’on retrouvera Lily avant qu’il ne lui arrive quelque chose, Katy a vraiment besoin de sa mère., poursuivit Roxy.

-Nous l’espérons tous.

Lily se réveillait péniblement. Elle avait mal à la tête. Ses paupières étaient lourdes comme jamais. Elle ouvrit les yeux difficilement et s’habitua à la lumière qui pénétrait dans la pièce. Elle tourna la tête vers la fenêtre. Il faisait beau. Une voix se fit entendre guère plus forte qu’un murmure.

-Bonjour.

Elle tourna la tête vers lui et lui fit un timide mouvement de tête. Aaron ne portait pas sa blouse mais un jean noir et une chemise blanche. Lily le trouva subitement très séduisant dans cette tenue mais elle effaça cette idée de sa tête aussi rapidement qu’elle était venue. Aaron s’approcha doucement du lit.

-Comment allez vous Lily ?

-Qui le demande ? Le futur médecin ou l’homme qui a plongé dans le fleuve ?

-Cela fait une différence ?

-Une grande. Je n’aime pas les médecins et encore moins les chirurgiens. Ils sont beaucoup trop pessimistes.

-Mais vous aimez l’homme qui vous a sorti de l’eau ?

-Je n’ai pas dis ça. Ne dites pas ce que je n’ai même pas pensée.

Il sourit et s’approcha encore un peu. Il désigna la chaise qui se trouvait à coté du lit où était étendue la jeune femme.

-Je peux ?

-Allez y, je n’attends aucune visite.

Il s’assit et la regarda.

-Vous ne voulez toujours pas me dire pourquoi vous avez sauté de ce pont ?

Elle le dévisagea et il poursuivit.

-Je n’ai pas commencé ma garde, je ne porte pas ma blouse, alors vous pouvez parler comme à l’homme qui vous a sorti de l’eau et non comme au chirurgien.

-Vous n’êtes pas encore chirurgien, répliqua Lily sur un ton sec, et puis qu’est-ce que cela peut vous faire ?

-Rien, si ce n’est que je sais que vous n’allez pas bien.

-Je suis en phase terminale d’une insuffisance rénale chronique. Je pense que j’ai des raisons de ne pas aller bien !

-Vous avez encore un espoir et vous vous condamnez d’avance. Battez-vous bon sang.

-Que je me batte ?

Lily n’en croyait pas ses oreilles. Comment cet homme pouvait-il la juger ? Il ne savait rien d’elle, il ne savait pas tout ce qu’elle dû endurer, il ne savait pas que cela faisait des années qu’elle se battait.

-Vous ne me connaissez pas. De quel droit pouvez –vous affirmer que je ne me suis pas battue ?

-C’est ce que je vois en ce moment. Et puis je pourrais peut être apprendre à vous connaître si vous consentiez à me parler.

-A votre avis je fais quoi en ce moment ?

-Vous me faites des reproches parce que j’essaie de vous aider.

Elle ne répondit pas et se perdit dans son regard bleu. Il avait réponse à tout et commençait à l’agacer de plus en plus.

-Il n’y a rien à dire sur moi, murmura Lily.

-Je suis sûr que non. Je crois que vous avez peur de parler de vous.

-Peur de quoi ? Pourquoi aurai-je peur de parler de moi ?

-A vous de me le dire.

-Et vous Monsieur le chirurgien qu’avez-vous à me dire ?

-Vous fuyez une nouvelle fois ?

-Je ne fuis rien du tout.

Il sourit.

-Eh bien je vais jouer le jeu. Moi, j’ai un chien. Un golden retriever qui s’appelle Pain de Mie.

-Pain de Mie ? Dit la jeune femme en souriant.

-Oui et il est fantastique.

-Oh et pourquoi ?

-Il a réussi à vous donner le sourire, dit-il en souriant.

Lily se sentit rougir légèrement et détourna son regard.

-Alors et vous ?

-Je n’ai pas de chien, répondit la jeune femme en souriant.

-Eh bien je vous ferai rencontrer le mien un jour, dit Aaron en riant.

Ils restèrent silencieux un moment et le jeune homme se leva.

-Je vous laisse, je vais commencer ma garde.

Il s’apprêtât à quitter la pièce mais Lily l’interpella.

-Aaron ? Dit-elle timidement.

Il se retourna et lui sourit une nouvelle fois.

-Est-ce que…vous…vous reviendrez me voir au courant de la journée ?

Il croisa les bras sur sa poitrine.

-Vous avez envie que je repasse ?

-Vous répondez toujours à une question par une autre question ?

-Et vous ?

Ils se sourient et le jeune homme reprit la parole.

-Je passerai au courant de ma garde, mais navré pour vous, ce sera le futur médecin qui se trouvera dans cette pièce.

-Eh bien je ferais un effort.

Après un dernier et tendre sourire, il se retourna et quitta la chambre. Il arriva dans le couloir, présentant cette journée comme une très bonne journée. Une jeune femme arriva à sa hauteur et lui fit un clin d’œil.

-Salut Aaron. Dis, ça te dirait de venir dîner ce soir ? Je porterais la robe noire que tu aime.

-Non Estelle j’ai déjà quelque chose de prévu.

-Avec une autre ? Tu sais que ça ne me dérange pas.

-Moi si, laisse tomber.

-Eh bien si jamais tu as besoin de compagnie agréable, tu sais où me trouver.

-Merci Estelle mais ça ira.

-Comme tu veux.

Elle poursuivit sa route et lui, secoua la tête. Estelle avait été une aventure comme de nombreuses autres mais il ne voulait plus avoir ce genre d’expérience. Il voulait enfin avoir une relation durable et stable avec une femme qu’il aimerait vraiment. Il savait que cela pourrait prendre du temps, il avait parfaitement conscience de la difficulté de sa quête, mais il était résolu, c’était un autre homme qui se dirigea vers le vestiaire pour passer sa blouse et ses habits d’étudiant en dernière année en chirurgie à l’hôpital de Goldsboro.

Deux petits coups furent donnés à la porte d’entrée.

-Emmalin tu peux aller ouvrir s’il te plait ? Demanda Claudia Joy du salon.

-Oui.

La jeune femme se dirigea vers la porte pour l’ouvrir.

-Bonjour Emmalin, dit Denise avec un sourire.

-Bonjour Madame Sherwood, répondit la jeune femme de la même manière, maman est dans le salon.

-Merci.

Denise se dirigea vers l’endroit que lui avait indiqué la fille de son amie et trouva celle-ci assise sur le sol à coté de Katy.

-Salut, dit-elle en entrant dans la pièce.

-Salut. Tu as l’air fatiguée, tu veux un café ? Demanda Claudia Joy en se levant.

-Oui s’il te plait, mais je ne reste pas longtemps.

Claudia Joy sourit et se dirigea vers la cuisine. Denise s’agenouilla à coté de la fillette qui tendait les bras vers elle.

-Bonjour ma puce.

-Mia !

Elle se lova dans ses bras pour un tendre baiser.

-Alors ma grande, commença Denise en se séparant d’elle, tu as passé une bonne nuit avec Claudia Joy ?

-Oui, c’était super. On a regardé Anastasia. Tu sais c’est la fille qui est perdue et qui retrouve sa grand-mère Elle croit qu’elle est pauvre et en vrai c’est une princesse. On la reconnaît à cause d’un médaillon mais le méchant il fait tout pour qu’elle retrouve pas sa famille. Tu connais ?

Denise sourit.

-Je connais un peu cette histoire.

-C’est ma préférée. Maman l’aime aussi beaucoup. Et Anastasia est super jolie en plus, tu trouves pas ?

-Si, c’est vrai.

-Après on est allé faire dodo. J’étais dans une jolie chambre avec plein de peluches. Claudia Joy m’a dis que c’était celle de sa fille qui était loin pour l’école.

-Oui Amanda est partie étudier dans une autre ville.

-Ah, et elle lui manque pas à Claudia Joy ?

-Si bien sûr.

-Mais elle est grande non ?

-Ca n’empêche pas que les enfants manquent à leur maman.

-Maman elle t’a manqué ?

-Oui.

-Et moi tu crois que je manque à ma maman ?

-J’en suis sûre, murmura Denise en caressant tendrement les cheveux de la fillette.

Elle resta silencieuse un moment et reprit la parole, voyant que Katy pensait à sa mère.

-Et ce matin, tu as mangé de bonnes choses ?

-Oui, et puis regarde, elle lui tendit une feuille, j’ai fais un dessin.

Denise le prit et le regarda attentivement. Il y avait trois personnes représentées. Deux grandes et une petite entre les deux. Elles se tenaient par la main devant une grande maison, des fleurs et des arbres de toutes les couleurs se trouvaient de chaque cotés.

-C’est maman, moi et toi.

-Il est très beau ce dessin Katy.

-Il est pour toi Mia, dit-elle en souriant.

-Oh merci ma puce.

Elle déposa un doux baiser dans ses cheveux et Claudia Joy réapparut dans la pièce. Denise prit place sur le canapé et son amie s’assit à coté d’elle. Elle but une gorgé.

-J’ai passé une annonce à l’hôpital, pour Lily. Je l’ai fais passer en urgence médicale.

-Tu as le droit de faire ça ? Demanda son amie étonnée.

-Eh bien, c’est une urgence non ?

-Denise.

-Lily est ma fille et je sais qu’elle est en danger. Je dois la retrouver par n’importe quel moyen mais je dois le faire. Tu tenterais tout pour tes filles Claudia Joy. Ne me reproche pas de faire la même chose pour mes enfants, dit Denise en élevant la voix.

-Excuse-moi. Murmura son amie.

-Non c’est moi, désolée, je suis fatiguée et angoissée.

-C’est normal.

-Oui sans doute. Les personnes que j’aime sont toutes en danger et ce qui pourrait leur arriver me faire peur.

-Ca ira.

-Mmh. J’ai aussi une nouvelle à t’annoncer, à propos de Katy. Elle se fera opérer la semaine prochaine.

-Déjà ?

-J’ai quelques relations.

-Tu es sûre de ne pas allez trop vite ?

-Trop vite ? Si Lily avait pu, cette petite parlerait comme toi et moi depuis longtemps maintenant. Je sais que sa mère souhaitait qu’elle subisse cette intervention alors elle le fera.

Elle se tourna vers la fillette et lui fit signe de la rejoindre. Celle-ci se leva et s’assit sur ses genoux.

-Katy, je dois te dire quelque chose, j’ai vu un monsieur aujourd’hui, dans quelques jours tu iras à l’hôpital et ce monsieur va soigner tes oreilles, comme ça tu pourras entendre.

-Mais Mia, ça fait pas mal ?

-Non ma puce, tu dormiras pendant ce temps.

-Mais je veux pas, j’ai peur, et si je me réveille pas ?

-Ne t’inquiète pas, je serais là. Je veillerais sur toi.

-C’est vrai ?

-Oui, je serai avec toi.

-Si le monsieur me répare mes oreilles. Quand maman reviendra, je pourrais l’entendre chanter ?

-Oui, tu pourras entendre ta maman chanter, mais il faudra que tu portes de tous petits appareils que tu devras mettre tous les jours.

-Et ça fait mal ?

-Non, ça ne fait pas mal.

-D’accord.

-Tu veux bien ?

Katy acquiesça en souriant. Claudia Joy et Denise échangèrent un regard et Denise caressa la joue de la fillette. Celle-ci se laissa tomber contre sa poitrine et ferma les yeux.

-Eh bien je crois que cette demoiselle est très courageuse.

-Comme sa maman, murmura Denise en déposant un baiser dans ses cheveux.

Roland descendit de sa voiture et se dirigea vers le bâtiment. Il devait voir Pamela. Après sa discussion avec Denise ce matin là, il décida d’aller voir son amie, son aide serait sans doute la bienvenue. Il pénétra dans le bâtiment où se trouvaient les bureaux de la radio.

-Monsieur, je peux vous aider ? Demanda un jeune homme.

-J’aimerai voir Pamela Moran, s’il vous plait, répondit Roland.

-Elle est à l’antenne, mais suivez moi.

Il lui suivit dans les étroits couloirs et vit son amie derrière la vitre épaisse. Celle-ci leva les yeux et lui sourit. Elle lança le jingle et quinze minutes de musique et quitta la petite pièce, rejoignant les deux hommes dans le couloir.

-Ce monsieur veut te voir.

-Merci Eric, dit-elle avant qu’il ne s’éloigne. Salut comment ça va ?

-Salut, oui ça va mais je dois te parler.

-Ok, viens, je t’offre un café.

Ils se dirigèrent vers une petite pièce claire, vide de monde. Plusieurs petites tables rondes entourées de hauts tabourets se trouvaient au centre de la pièce. Pamela fit couler deux cafés et ils s’assirent.

-Alors, de quoi voulais –tu me parler ?

-De Denise, enfin plus particulièrement de Lily.

-Il y a du nouveau ?

-Non hélas, mais Denise à fait passer un avis de recherche.

-Ca ne fait pas soixante douze heures. Ca m’étonne, pour un adulte c’est le temps nécessaire, on ne lance pas d’avis de recherche si la personne n’a pas disparu depuis ce temps minimum, à moins d’un cas particulier.

-Elle l’a fait passer en urgence médicale.

-C’est si grave alors ?

-Oui, c’est plutôt grave. Enfin quoiqu’il en soit j’ai pensé que tu pourrais nous aider pour la retrouver.

- Bien sûr si je peux faire quelque chose.

-Tu crois que tu pourrais passer une annonce à la radio comme tu l’as fais pour Belinda Greer ?

-Pas de problème.

-Peut être que quelqu’un l’a vue, ou sait quelque chose qui pourrait servir à la retrouver.

-Denise sait de quoi souffre Lily ?

-Elle n’a pas voulu que j’en parle, je suis désolé.

-Roland s’il te plait dis le moi, je n’en parlerais pas.

Il soupira et regarda son amie.

-Lily a besoin d’une greffe de reins. Elle doit se faire opérer rapidement, si elle se trouve dans des urgences quelconques elle a encore un espoir de survie mais le cas contraire, elle pourrait déjà être décédée, finit-il en murmurant.

-Denise se sent proche d’elle, à cause de Katy.

-Oui, sans doute parce que Lily a abandonné sa fille à elle, mais après tout, Lily, Katy et leur histoire nous a tous ému et nous les apprécions tous.

-Oui, c’est vrai. En tout cas compte sur moi. J’en parlerai à l’antenne.

-Seulement de sa disparition pour le reste ça doit rester un secret Pamela.

-Bien sûr.

Roland acquiesça et bu une gorgée de son café.

-Et toi avec Joan, comment ça se passe ?

Il sourit.

-C’est réglé. On a longuement parlé et on ne se sépare plus, elle m’accorde une deuxième chance.

-Quoi ? Mais c’est génial.

-Lily lui a parlé, elle m’a dit que ça prendra peut être du temps mais qu’elle pourra me faire confiance à nouveau.

-Mais attends ça fait un moment que ça s’est passé ça. Roxy m’en avait parlé. Pourquoi tu ne l’a pas dis plus tôt ? Tu sais que je veux toujours tout savoir. C’est de la torture.

Ils rirent et une fois calmés, Roland reprit la parole.

-Eh bien, je n’avais pas encore eu l’occasion voilà tout.

-Mouais.

-Mais c’est vrai.

Pamela rit en voyant l’énergie que dépensait son ami pour se défendre.

-Et pour l’enfant alors ?

-Demain elle va faire une échographie et je l’accompagne.

-Oh Roland c’est génial.

-Oui, je n’espérais plus à vrai dire.

-Grâce à Lily.

-Oui et je lui dois cette dette, on doit la retrouver, ne serait ce que pour lui dire merci.

-Ne t’inquiète pas on le fera je le sais.

Elle jeta un coup d’œil à la montre qui se trouvait accrochée au mur en face d’elle.

-Bon eh bien, je vais te laisser, je dois retourner bosser. Et je passerai l’annonce, pas de soucis. Moi aussi je tiens beaucoup à cette fille, elle est extra.

Cela faisait le troisième matin que Lily se réveillait de ce lit d’hôpital. Elle regarda par la fenêtre. Le soleil se levait doucement, ses rayons transperçaient quelques nuages sombres à l’horizon. La jeune femme respira profondément et ferma les yeux. Elle était encore en vie. Elle pouvait voir une nouvelle fois le jour se lever. Elle pouvait une fois de plus se demander ce que faisait sa petite fille à cet instant. Lily ne s’interrogea pas sur son bien être, elle savait que là ou elle était elle se trouvait en sécurité, entourée de tout l’amour dont elle avait besoin. A cet instant, elle comprit ce que Denise avait pu éprouver des années plus tôt. Bien qu’avoir été abandonné par sa mère elle se sentait plus proche d’elle que jamais. Face à la même situation, elle avait compris et, quoique ayant souffert de cet abandon, elle avait pardonné. Mais auparavant, il subsistait toujours une petite pointe d’ombre dans l’histoire que lui racontait sa mère adoptive sur les circonstances de sa naissance. Denise avait accepté la laisser à des gens qu’elle n’avait vu qu’une seule fois, elle lui avait simplement écrit cette lettre, à peine un baiser avant que Katy et Jo Roberts ne l’emporte avec eux. Elle ne s’était pas battue pour la garder. La jeune femme lui en avait voulu, elle aurait simplement aimé que sa véritable mère se batte pour elle.

Aujourd’hui Lily savait que Denise avait senti cette même douleur au fond de son cœur. Ca ne pouvait en être autrement…

-Bonjour.

Lily ouvrit les yeux et regarda la personne qui avait murmuré en entrant. Elle sourit et lui répondit sur le même ton.

-Bonjour.

-Comment allez-vous aujourd’hui ? Demanda Aaron en s’approchant doucement.

-Oh, la grande forme, je me demandais si j’allais courir un marathon ou partir faire une ballade en moto aujourd’hui, vous me conseillez quoi ?

Aaron sourit et vérifia que tout était en ordre sur les appareils autours d’elle.

-Restez couchée, vous êtes à bout de force, murmura t-il en la regardant dans les yeux.

-Ouais, je me doutais bien, répondit Lily en soupirant.

-Retournez-vous.

Lily se coucha sur le coté avec difficulté et Aaron lui vint en aide. Une fois sur le ventre, il défit les nœuds de sa blouse d’hôpital. Il l’effleura du bout des doigts et la jeune femme frissonna. Il repoussa la couverture et posa les paumes de ses mains entre ses reins. Lily se raidit et étouffa un gémissement.

-Vous avez beaucoup mal ?

-C’est quoi beaucoup ?

Le jeune homme sourit et glissa ses mains dans son dos jusqu’à ses omoplates.

-Je ne savais pas que les massages étaient compris, c’est pour fidéliser la clientèle ?

-Il vous arrive de rester sérieuse ?

-Seulement avec mon banquier ! Il faut voir la vie avec plus de légèreté si vous voulez mon avis. Elle est beaucoup trop courte.

Aaron ne répondit pas. Il referma les ficelles de la blouse et la recouvrit de la couverture.

-Vous pouvez vous remettre sur le dos.

Il accompagna ses paroles de gestes en aidant la jeune femme à reprendre sa place initiale.

-Merci, murmura celle-ci.

Aaron nota ses constatations sur le dossier et s’approcha doucement d’elle.

-Sachez que si un jour vous avez besoin d’un massage, je serai ravi de vous en faire un, il suffit de me le demander.

Lily rougit doucement mais reprit rapidement ses esprits devant le beau parleur qui lui faisait face.

-Oui à ce qu’il parait vous pourrez presque devenir un pro, dit-elle sur un ton plus sec. J’ai entendu les infirmières parlez de vous, alors comme ça vous êtes un bon parti ? Dites-moi, avec qui comptez-vous passer la soirée ? Giselle, Estelle, Tessa ?

Il s’éloigna en fronçant les sourcils.

-Aucune, j’ai changé. Et ne vous mêlez pas de ma vie.

-Vous voulez bien tout savoir sur la mienne.

-C’est différent, je cherche à vous aider.

-Vous savez quoi ? Je me contre fiche avec qui vous passez vos nuits.

-Arrêtez Lily. Je ne suis plus un homme qui se console dans les bras d’une femme différente chaque soir.

-Oh et que vous est-il arrivé Monsieur le chirurgien, un miracle ?

-Vous voulez le savoir ? J’ai rencontré une femme.

-Différentes des autres ?

-Oui, il plongea son regard dans celui de Lily, vraiment différente.

-A-t-elle un nom de pin-up elle aussi ?

Il soupira.

-Vous êtes détestable quand vous êtes comme ça.

-Au moins on ne me regrettera pas.

-Arrêtez de dire ça et accrochez-vous Lily, dit-il d’une voix beaucoup plus douce, aidez moi à trouver une solution.

-Il n’y a pas de solution.

-Vous avez des proches, des amis, voir même de la famille, quelqu’un de compatible avec un peu de chance. Seulement vous savez quoi ? Vous êtes beaucoup trop fière pour demander de l’aide.

-Ne me parlez pas de moi, vous ne me connaissez pas.

-Osez-vous me dire que vous n’êtes pas fière et bornée ? Ce serait le plus grand des mensonges que je n’ai jamais entendu.

Lily lui lança un regard noir et regarda une nouvelle fois par la fenêtre, comme pour éviter toutes ces questions et affirmations. Elle ne supportait plus de l’entendre dire ce qu’il pouvait penser sur elle, d’autant plus qu’elle devait se l’avouer, c’était la réalité. Le jeune homme ne lâcha pas. Il fit le tour du lit et se positionna devant le regard de Lily.

-Parlez-moi.

-Non.

-Très bien.

Il soupira et se dirigea vers la porte. Avant de sortir il se tourna une dernière fois.

-Lily ?

Celle-ci tourna la tête vers lui.

-Sachez que je serai là jusqu’au bout, quoiqu’il arrive. Vous n’êtes pas seule.

Puis il sortit sans attendre de réponse.

Une fois dans le couloir, il se dirigea au pas de course au bureau au centre du plateau principal. Cette tête de pioche le rendait fou. Elle pouvait être douce et accueillante un instant et celui d’après n’en faire qu’à sa tête et refuser de l’écouter. « Un vrai caractère de cochon cette Lily ! Mais ne t’en fais pas ma belle, je n’ai pas dis mon dernier mot. » Aaron savait ce qu’il devait faire, il allait lui prouver qu’elle se trompait. Elle allait sans doute lui en vouloir comme jamais, mais il s’en contrefichait.

Il entra le profil de la jeune femme dans la base de données des disparitions, sa taille, ses caractères physiques, son âge approximatif, il mentionna le médaillon et le nom qui y était gravé, le jour où elle fut admise aux urgences , son était de santé… Il envoya un mail en y joignant ce profil à tous les hôpitaux des trois états environnants. Elle devait avoir un dossier dans l’un d’eux, un dossier qui mentionnerait, un nom, une adresse. Quelqu’un devait bien s’inquiéter de sa disparition, du moins c’est ce qu’il espérait.

Ceci étant fait, il retourna voir d’autres patients avec son mentor et ami. Peut être reviendrai t-il voir Lily plus tard dans la journée, mais pour l’instant il ne préféra pas, s’il le faisait, il risquait de lui dire des choses qu’il pourrait regretter par la suite et qui inciterait Lily à se replier d’avantage sur elle-même.

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